Départ en vacances - Lettre ouverte à Monsieur le Préfet

De plus, écrire que " la route et la rue ne sont pas des pistes de vitesse " et qu'il faut " connaître les limites raisonnables d'emploi de sa machine et se fixer ses propres limites " est pour tout dire assez infantilisant.

Chaque fois que nous, motards, prenons la route, nous avons à l'esprit les règles élémentaires de sécurité d'autant qu'il faut bien l'avouer : rouler aujourd'hui sur le réseau routier de France et du Rhône ressemble plus à un parcours du combattant qu'à un parcours de santé.

Mon objectif n'est certes pas de polémiquer ou d'encourager les motards à rouler toujours plus vite, mais simplement de rappeler quelques faits :

- dans la plupart des métropoles européennes des expériences concrètes ont été menées -notamment l'ouverture des voies " de bus " aux deux-roues, ce qui a fait baisser de façon drastique le nombre d'accidents en sécurisant à la fois motards, piétons, cyclistes et automobilistes ;
- en dépit des demandes répétées des ami(e)s motards, les routes restent trop souvent dans un état déplorable ;
- la peinture réfléchissante utilisée pour le marquage au sol se révèle une véritable patinoire à la moindre pluie ;
- les rails dits " de sécurité " ne sont ni plus ni moins que des " hachoirs grandeur nature " et ne laissent, en cas de chute, que peu de chances de survie aux ami(e)s motards ;
- les titulaires du permis B (automobile) n'ont qu'une très vague idée des contraintes des deux-roues ; ils ne sont absolument pas formés ni même sensibilisés à cette catégorie d'usagers de la route ;
- les radars " fleurissent " un peu partout sur le territoire ; l'accent est toujours mis sur la répression, rarement sur la prévention, qui est quand même le moyen le plus sûr d'éviter les accidents.

Si l'on ne peut nier le fait que la répression a favorisé l'amélioration des chiffres de la sécurité routière, il faudrait que celle-ci soit enfin accompagnée d'une véritable politique de prévention, avec des mesures concrètes et pas seulement de beaux discours.

Or, les récentes déclarations (*) de Madame Merli, nouvelle Déléguée interministérielle à la Sécurité routière, ont de quoi laisser songeur. Je cite :

" Nous avons organisé nombre de colloques, de réunions " ; " Je comprends votre empressement à obtenir des réponses par les actes, mais ce qu'il vous faut comprendre, c'est que nous devons, en premier lieu, ouvrir la concertation avec tous les acteurs du deux-roues en France " ; " Nous avons adopté la démarche du Grenelle de l'environnement, en réunissant tous ceux qui sont impliqués par le sujet "... Bref, on discute, on discute. Un problème : une commission. C'est désormais devenu l'usage.

Comme vous le rappelez vous-même, il conviendrait de " stopper et de diminuer cette hécatombe ". Il ne s'agit plus de discuter, de se réunir, d'échanger : les problèmes sont récurrents et parfaitement connus des pouvoirs publics depuis très longtemps. Avec un nombre sans cesse croissant de véhicules en circulation, ces problèmes deviennent simplement plus aigus. Et les solutions plus urgentes.

" La vitesse, c'est dépassé ". Les colloques aussi !

Je vous prie de croire, Monsieur le Préfet, à l'assurance de ma haute considération.

Didier Maïsto
Directeur de la Publication,
Ami motard bien vivant

(*) Moto Revue, 9 juillet 2009

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