Ce mercredi matin, sept collectifs lyonnais opposés à la publicité en ville ont mené une action devant la Métropole de Lyon à quelques jours du vote sur l’encadrement de la publicité.
C’est peu dire que ces dernières années l’élaboration du Règlement local de la publicité intercommunal (RLPi) de la Métropole de Lyon fait couler de l’encre et surtout attise les passions, tant au sein de l’hémicycle du conseil, qu’à l’extérieur entre les collectifs anti-pub et les professionnels du secteur. En témoigne l’enquête publique mouvementée tenue au printemps et qui avait, tour à tour, été la cible de "cyber-raids" des pro et anti-pub.
Lire aussi : Encadrement de la publicité à Lyon : fin d’une enquête publique mouvementée
Action devant la Métropole de Lyon
Alors, à quelques jours du vote définitif sur le RLPi prévu lors du conseil de la Métropole de Lyon qui se déroulera les 26 et 27 juin, sept collectifs lyonnais ont décidé de remettre un dernier coup de pression sur la collectivité. Peu avant 11 heures, gilets jaunes siglés COP21 sur le dos, une quinzaine de membres de Plein la Vue, Alternatiba, Greenpeace, Résistance à l’agression publicitaire ou encore les Amis de la Terre, ont déployé une grande bâche sur un panneau publicitaire présent au pied du siège de la Métropole de Lyon.
"Des arbres, pas des pubs !!" pouvait-on il lire à côté d’un arbre peint sur un fond blanc. "Ce RLPi c’est une avancée, une bonne chose. Mais il faut aussi rappeler que si ce RLP est voté en l’état il va rester 2 000 panneaux publicitaires dans l’espace public, dont la majeure partie est des panneaux lumineux, ce qui représente un gaspillage énergétique. Par ailleurs ils feront toujours jusqu’à 4 m2 ce qui est énorme", explique Alex Montvernay, membre d’Alternitba et porte-parole de cette action.
Lire aussi : Encadrement de la publicité à Lyon : une majorité de communes favorables et des critiques
Mobilisés depuis près de cinq pour réduire la place de la publicité en ville, les collectifs rappellent que cette "publicité omniprésente dans l’espace public colonise nos imaginaires avec des clichés qui peuvent être sexistes, elle créé des besoins artificiels, elle nous insiste à la surconsommation pour écouler la surproduction". Et d’ajouter, "surtout, elle se fait au détriment des petits commerçants, car aujourd’hui c’est surtout les gros groupes qui font de la publicité et qui ont pour la plupart des activités qui peuvent être jugées comme climaticide".
"Niveau zéro de ce qu’il faut faire"
Plutôt satisfait dans l’ensemble de cette première étape en passe d’être votée par les élus de la Métropole de Lyon, Alex Montvernay insiste toutefois sur le fait qu’il s’agit là du "niveau zéro de ce qu’il faut faire, donc on va continuer de pousser pour que ce RLPi soit amélioré par la suite". Les collectifs locaux souhaitent notamment des avancées de l’État pour interdire les bâches publicitaires sur les chantiers de monuments historiques, mais aussi la fin du contrat liant la Métropole de Lyon à JC Décaux et qui permet à la collectivité de proposer le service Vélo’v aux Grands Lyonnais.
"Dès maintenant il va falloir penser à arrêter tout simplement le contrat mobilier urbain avec JC Décaux"
Alex Montvernay, Alternatiba Rhône
Loin d'être contre le service Velo'v, ou l'installation des abribus installés par JCDécaux, Alex Montvernay explique cependant que "nos services publics ne doivent pas être dépendants de contrats publicitaires". Et d'ajouter, "dès maintenant il va falloir penser à arrêter tout simplement le contrat mobilier urbain avec JC Décaux". Un contrat qui court jusqu’en 2032 et que la collectivité ne compte pas toucher d’ici, ou seulement à la marge et pas avant 2028, pour éviter de mettre à mal les contrats passés entre les communes et Decaux et qui doivent se terminer à cette date. Passée cette date, la taille des "sucettes lumineuses" installées par JC Decaux devrait être réduite à 2m2.
Des avancées à venir sur la pub dans les vitrines
Reste un dernier point épineux et qui devrait sûrement faire l’objet de débats lors du prochain conseil métropolitain, à savoir la publicité lumineuse au sein des vitrines de magasin. Depuis le vote de la loi Climat la Métropole de Lyon a désormais les moyens de les réglementer, ce qu’elle devrait faire puisqu’une modification apportée au projet de RLPi "propose au Conseil de réglementer les dispositifs lumineux et numériques installés dans les vitrines commerciales". La collectivité souhaite ainsi encadrer leur taille (pas plus de 2m2), leur extinction (de 19 heures à 6 heures ou de 23 heures à 6 heures selon les zones), voire leur interdiction dans les zones de nature en ville et non urbanisées au titre de la pollution lumineuse. Le sujet promet encore des débats nourris entre élus.
Lire aussi sur ce sujet :
- Publicité en ville : les écologistes contraints de faire des concessions à Lyon
- Fracture autour de la future réglementation de l’affichage publicitaire dans la Métropole de Lyon
- "Un couac", "un contresens" : critiquée pour ses pubs "agressives" sur écrans numériques, la Métropole de Lyon assume
- Lyon : les bâches publicitaires de la place Bellecour, cible de prédilection des activistes écologistes
- Les publicités des abribus vont être éteintes à partir de fin juin 2023"
- Métropole de Lyon : l’encadrement de la publicité enfin sur le bon rail, malgré les critiques
Etre contre ces manipulations mentales permanentes, très bien.
Mais "pousser à la consommation" fait aussi "des salaires et des taxes pour les services publics". C'est lié à la notion de "vitesse de rotation monétaire".
Donc, être antipub sans être postmonétaire, est une pensée "entre deux chaises" et ça ne tient pas la route.