Hotel de la Métropole
Hôtel de la Métropole de Lyon © Tim Douet

Derrière la "tarification sociale" de l’eau dans la Métropole de Lyon, l’opposition dénonce une hausse des tarifs

Dénonçant une hausse des tarifs de l’eau liée à la nouvelle tarification dans l’agglomération lyonnaise, les groupes d’oppositions de la Métropole ont déposé cinq amendements visant à modifier le projet de délibération de la majorité. En vain.

Dévoilée la semaine dernière par la Métropole de Lyon, la nouvelle tarification solidaire et environnementale de l'eau potable de l’agglomération lyonnaise fait grincer des dents dans les rangs de l’opposition. Alors que le vice-président de la Métropole de Lyon et de la régie Eau publique du Grand Lyon, Florestan Groult, évoquait ce lundi 11 mars en ouverture du conseil de la Métropole de Lyon "une petite révolution", quatre des cinq groupes d’opposition de l’hémicycle n’ont pas vu du même oeil la délibération portée par la majorité. 

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D'accord sur les enjeux, pas sur la forme et le fond

D’un commun accord, les groupes Inventer la Métropole de demain, Les Progressistes, Synergies et La Métro Positive, représentés par Louis Pelaez, David Kimelfeld et Philippe Cochet, ont déposé cinq amendements visant à modifier la délibération relative à la tarification de l’eau qui leur était soumise. Assez paradoxalement, tous disent pourtant adhérer aux objectifs présentés par la majorité, à savoir la mise en place d’une "tarification [de l’eau, NDLR] répondant à des enjeux sociaux, environnementaux, éthiques", qui permettrait également de réduire de 15% la consommation de la ressource à horizon 2035. Les points de désaccord sont plutôt à trouver dans la conception de cette nouvelle "tarification solidaire et environnementale" et dans son application. 

"Le constat que nous tirons, c’est l’absence totale de volonté d’écouter et d’associer les élus d’opposition"
Nicole Sibeud, Inventer la Métropole de demain
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"Le constat que nous tirons, c’est l’absence totale de volonté d’écouter et d’associer les élus d’opposition du conseil d’administration de la régie publique de l’eau. Force est de constater que l’élaboration de la nouvelle structure tarifaire de l’eau aura été faite bien à l’abri des regards dans une volonté de mise à distance des élus métropolitains", s’est notamment plaint Nicole Sibeud (Inventer la Métropole de demain), auprès de Bruno Bernard, le président de la Métropole de Lyon. Oubliant sans doute que la régie de l'eau dispose de "14 représentants de la Métropole, où tous les groupes sont représentés", rétorque Bruno Bernard. Sur la méthode, plus généralement il est reproché à l’exécutif d’avoir communiqué à la presse le contenu de cette délibération et de cette nouvelle tarification, avant qu’elle ne soit présentée en commission puis au vote des élus de la collectivité.

Les élus d'opposition en plein conciliabule avant le vote de la nouvelle tarification solidaire et environnementale de l'eau. (Photo HJ)

Sur le fond, alors que la majorité entend mettre en place une tarification de l’eau différenciée entre les particuliers et les professionnels, tout en mettant fin au tarif au m3, l’opposition s’est dite inquiète de voir adopter un "projet de tarification [qui] n’est ni solidaire ni écoresponsable". Alors que la collectivité se réjouissait la semaine dernière de pouvoir proposer à chaque foyer de l’agglomération une gratuité pour les 12 premiers m3 consommés chaque année, Laurence Croizier (La Métro Positive) a relevé le fait que ce geste représentait un "cadeau" de 14 euros par an envers chaque abonné.

"Un manque à gagner de 6,4 millions d'euros"

À en croire l’élue de droite, pour l’amortir la régie publique devra "récupérer 6,4 millions d’euros de manque gagner" et ce "sont les abonnés qualifiés de non domestiques qui vont largement en payer l’addition". Autrement dit, "nos artisans, traiteurs, bouchers, boulangers…", s’alarme la conseillère du 6e arrondissement. De quoi faire dire à Gisèle Coin, du groupe Synergies élus et citoyens, que "l’argument de stabiliser la facture [des artisans au travers de cette nouvelle politique, NDLR] tombe à l’eau". Quitte à procéder à une telle mesure, Laurence Croizier aurait préféré voir cette somme de 6,4 millions d’euros "être consacrée à une action sociale plus importante envers les usagers fragiles", estimés à près de 120 000 dans la Métropole de Lyon. Des ménages dont la facture d'eau dépasse 3% de leurs revenus et qui se verront proposer un chèque de 20 à 80 euros chaque année pour les aider à faire face.

"La nouvelle structure tarifaire ne modifie pas le modèle économique du service public de l’eau potable, elle doit préserver l’équilibre budgétaire du service"
Anne Grosperrin, Vice-présidente de la Métropole en charge du Cycle de l’eau
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De quoi interloquer Bruno Bernard, alors que "cette délibération ne vote pas le prix de l’eau, mais sa structuration. C’est la régie de l’eau qui va voter les tarifs, ne nous trompons pas de débat", a tenu a rappeler l’élu écologiste. Et d’ajouter que la Métropole de Lyon "à des prix de l’eau nettement inférieurs à la plupart des agglomérations françaises". Ce que saluait d’ailleurs en début de conseil l’élu Pierre Chambon (La Métropole pour tous), membre du seul groupe d’opposition à ne pas avoir pris part au dépôt des cinq amendements de l’opposition.

Des amendements qui ont au final tous été rejetés avant l’adoption de la délibération par 86 voix pour, 47 votes contre et 14 abstentions, actant la nouvelle tarification de l’eau qui devrait entrer en vigueur début 2025.

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