Une classe de collège
Photo d’illustration classe © Tim Douet

Des brigades de sécurité dans les lycées dès 2022 : la Région livre les premiers détails à Lyon Capitale

Une brigade régionale de sécurité sera déployée dans les lycées de la région Auvergne-Rhône-Alpes dès l'année 2022. Le vice-président de la région délégué à la sécurité, Renaud Pfeffer, se confie à Lyon Capitale et évoque l'arrivée de ce nouveau dispositif.

Alors que les incidents sont fréquents dans les lycées lyonnais, la majorité régionale, portée par Laurent Wauquiez, a fait de la sécurité une priorité dans les établissements du secondaire. Le 19 juillet dernier, l’exécutif régional dévoilait son plan " priorité sécurité " et s’attirait les critiques acérées de l’opposition, principalement écologiste. Outre l’augmentation des effectifs de la police ferroviaire ou le déploiement d’un dispositif de reconnaissance faciale, c’est un autre sujet fort au cœur du projet qui interpelle : la création d’une brigade régionale de sécurité (BRS) qui tâchera de " venir en appui " aux lycées. Une équipe sera recrutée, d’ici la rentrée prochaine, pour renforcer la sureté au sein des lycées dont la région a la charge. Pour Lyon Capitale, Renaud Pfeffer, vice - président délégué à la sécurité de la Région Auvergne Rhône-Alpes, esquisse les premiers contours de cette mesure.  

Lire aussi : Lyon : avec un budget de 300 millions d’euros, la Région donne la priorité à la sécurité en Auvergne-Rhône-Alpes

Un possible rapprochement avec des entreprises de sécurité privées  

En voulant " agir dans le cadre de ses compétences ", la majorité réélue mise sur les gares, les transports ferroviaires et surtout l’enseignement pour placer la sécurité "au centre de son mandat ". La Région avait annoncé, lors de l’ouverture de l’assemblée plénière estivale de l’assemblée régionale, doubler le budget qu’elle concède à la sécurité pour atteindre les 300 millions d’euros. Une partie de cette somme sera donc dédiée à la création d’une brigade régionale de sécurité " capable d’intervenir aussi bien à l’intérieur des établissements, aux abords de ceux-ci, ou même dans les cars scolaires ". Si le coût de cette manœuvre reste encore à définir, "des modèles économiques dans le cadre d’un marché avec des entreprises de sécurité privées sont à l’étude ". Le vice-président précise également que, à la demande des directeurs d’établissement, les membres de cette brigade devront répondre aux problématiques de violences, de trafic de stupéfiants, et également de harcèlement.  

Début des premiers tests en janvier  

Mais avant de voir ces brigadiers se déployer dans le Rhône ou à Lyon, il faudra passer par une série d’étapes et de tests dans d’autres académies. Le 17 janvier prochain, débutera une expérimentation dans l’académie de Grenoble (Isère) où "plusieurs incivilités ont été signalées dans les lycées " rapporte Renaud Pfeffer. Lequel ajoute que cette première phase devrait se conclure à Pâques, avant de se déporter sur les académies de Lyon et de Clermont-Ferrand. 


"L’idée c’est d’être complètement prêt pour la rentrée prochaine, avec un système où, sous l’autorité du chef d’établissement, la Région interviendra en complément des équipes de l’éducation nationale pendant dix à 15 jours, et en gardant comme objectif de ramener la sérénité. "

Renaud Pfeffer, vice-président délégué à la sécurité de la Région Auvergne-Rhône-Alpes.


" En aucun cas on ne veut que les gens pensent que la Région envoie des milices, ça n’est pas le débat. On prend la sécurité avec beaucoup de sérieux et on ne veut pas précipiter les choses, temporise le successeur de Philippe Meunier.  L’idée c’est d’être complètement prêt pour la rentrée prochaine, avec un système où, sous l’autorité du chef d’établissement, la Région interviendra en complément des équipes de l’éducation nationale pendant dix à 15 jours, et en gardant comme objectif de ramener la sérénité. " 

Lire aussi : Auvergne-Rhône-Alpes : Laurent Wauquiez veut s'essayer à la reconnaissance faciale, non sans crispations

Des anciens militaires, gendarmes, ou agents de sécurité 

L’effectif de la brigade sera divisé en plusieurs unités de trois personnes " anciennement militaires ou gendarmes, ou alors issues du secteur de la sécurité, de l’Éducation nationale ". Les agents seront clairement identifiés avec des tenues spécifiques et des équipements de protection du même titre que les agents de sécurité. "Ils auront surtout un gabarit ", s’amuse le vice-président, rappelant au passage que ces brigadiers ne seront " pas là pour faire de l’animation ". " Il y aura des femmes dans chacune des équipes. Car il faudra pouvoir instaurer un dialogue auprès des jeunes filles, cibles de nombreuses violences. "

 Un renfort à l’Éducation nationale  

Ces brigades seront amenées à œuvrer avec les équipes mobiles de sécurité (EMS) déployées dans tous les rectorats depuis 2009. Sur une échelle locale, l'académie de Lyon dispose (déjà) d’une EMS de 17 personnes, pilotée par un ancien officier de gendarmerie. Elle a pour missions d’accompagner les chefs d'établissements dans la réalisation de leur diagnostic de sécurité, de former les personnels de direction à la gestion de crise, la sureté et la sécurité, et d'intervenir dans les établissements connaissant des situations mettant en cause la sécurité des élèves et des personnels. " Les brigades viendront en complément ", décrit le vice-président.  

Une hausse des incidents dans les établissements du second degré  

Le déploiement futur de ces nouveaux effectifs pourrait être chaleureusement accueilli par l’académie de Lyon. Plusieurs incidents ont eu lieu récemment comme au Lycée Camille Claudel, dans le 4e arrondissement à Lyon, où la quasi-totalité des enseignants ont dû se mettre en grève pour dénoncer les violences qu’ils subissaient au quotidien. Ou encore la professeure projetée au sol dans un lycée du 5e arrondissement. Plus frappant encore, sur la période du 1er septembre au 31 octobre, " on note une légère hausse des incidents survenus dans les établissements du second degré, juge l’académie de Lyon contactée par Lyon Capitale.  Cette tendance recoupe les incidents de toute nature : atteinte aux personnes, aux biens, harcèlement, atteintes aux valeurs républicaines, consommation de stupéfiants. " 


"C’est comme dans une famille, ou dans une entreprise, la priorité c’est la sécurité. En fin de compte, il suffit d’enlever la dimension dogmatique, l’idéologie et on avance ensemble, on se parle et on se respecte "

Renaud Pfeffer, vice-président délégué à la sécurité de la Région Auvergne-Rhône-Alpes.


Face à ce constat, le vice-président Renaud Pfeffer se dit prêt à travailler avec tout le monde. L’élu a d’ailleurs proposé un contrat de sécurité à la Ville de Lyon, " jusqu’ici laissé sans réponse. Chacun doit assumer ses responsabilités, nous (la Région) on peut financer les équipements : caméras de surveillances, équipements de la police municipale, dispositif anti-bélier… Eux (la Ville de Lyon), ils financent la police municipale par exemple, chacun doit amener sa pierre à l’édifice. C’est comme dans une famille, ou dans une entreprise, la priorité c’est la sécurité. En fin de compte, il suffit d’enlever la dimension dogmatique, l’idéologie et on avance ensemble, on se parle et on se respecte ". 

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