Jeudi 13 décembre, ils ont convié la presse à une conférence pour annoncer la création du Réseau des services de l'emploi, de la formation et de l'intégration (REFI). Dans la salle, des représentants de la Ligue des droits de l'Homme, de RESF et de l'association Cabiria, participaient au débat.
C'est en marge d'une manifestation le jeudi 18 octobre qu'ils ont décidé de se mobiliser en réaction à des témoignages troublants de collègues (Voir Vidéo). Des agents de l'ANPE du Rhône et de Toulouse auraient été encouragés, voire même contraint, de collaborer avec la police des frontières au nom des directives de Brice Hortefeux.
Ces agents du service public ne veulent pas être instrumentalisés sous couvert de lutte contre la fraude aux aides sociales. " Les gens en situation irrégulière ne vont pas se jeter dans la gueule du loup. Le but ce n'est pas vraiment de rechercher les fraudes " affirme Rose-Marie Lévy Pechallat de l'ANPE. Selon elle, l'Etat collecte des informations sur tous les étrangers, désormais tous sont suspectés d'entrée illégale sur le territoire. Elle poursuit : " Pour atteindre le chiffre de 25 000 expulsions, le gouvernement élargit ses suspicions à tous les étrangers. "
Le REFI veut informer les fonctionnaires des ambitions du ministère de l'Immigration. " On est en train de tisser des liens avec l' Ile-de-France, Montpellier et Toulouse. Dans toute la France les fonctionnaires constatent des dérives et subissent des pressions " explique Dominique Rols, inspecteur du travail à Saint-Etienne. Ils comptent profiter de l'expérience de RESF, la LDH et la CIMADE, très actifs sur la question des expulsions, pour mener leur action. Une pétition est en ligne sur leur blog. " Nous avons déjà recueillit 700 signature, dont celle de directeurs départementaux de l'ANPE " s'enthousiasme Rose-Marie.
Cabiria toujours sous pression
L'association Cabiria est toujours dans le collimateur de la préfecture. Ses bénévoles informent les prostituées sur le Sida et autres MST, et distribue des préservatifs. Mais ces femmes sont parfois en situation irrégulière.
La présidente de l'association a déjà été convoquée par les services de police. Ils lui ont demandé de transmettre les informations qu'elle détient sur les prostitués. Elle a refusé.
Mercredi 12 décembre, une étape supplémentaire a été franchie. Le procureur a demandé l'ouverture d'une enquête car l'association est soupçonnée d'aide au séjour irrégulier. " La police a interpellé un client avec deux prostituées nigériennes. Il a affirmé qu'elles logeaient chez Cabiria " explique Jérôme Expuesto, chargé de projet. Il ne comprend pas cet acharnement : " On subventionne les associations et après on leur fait la chasse ". Pour l'instant, les bénévoles résistent aux pressions. Mais tiendront-ils encore longtemps ?
Alexandre Moncayo