La Région Auvergne-Rhône-Alpes souhaite doubler son aide aux maisons et centres de santé pour lutter contre la désertification médicale. Focus sur les maisons de santé pluriprofessionnelles, dont une vient d'ouvrir dans le Rhône, à Colombier-Saugnieu.
Après le plan sur la ruralité, qui était au centre des débats de l'assemblée plénière du conseil régional aujourd'hui, les élus d'Auvergne-Rhône-Alpes étaient invités à se pencher sur la question de la désertification médicale et du soutien aux maisons et centres de santé.
La Région propose en effet de doubler les aides à l'investissement pour ces structures (200000 euros) et de développer les bourses à l'installation de stagiaires en médecine générale (600 €). Les maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) sont au premier plan, pour investir des territoires ruraux, bien sûr, mais aussi urbains. Villeurbanne, Saint-Fons ou Saint-Priest pourraient en ouvrir. Mais de quoi s'agit-il ?
2500 habitants, un médecin
Le principe d'une MSP est de réunir dans des locaux communs plusieurs professionnels de santé : au moins deux médecins généralistes et un paramédical. Une MSP se distingue d'un simple cabinet par l'existence d'un projet de soins, partagé et mis en oeuvre par ses membres.
C'est le cas à Colombier-Saugnieu, commune du Rhône de 2500 habitants sur laquelle est implanté l'aéroport Lyon Saint-Exupéry. La maison a ouvert lundi 19 septembre, avec deux médecins généralistes, deux infirmières, une pharmacienne et une orthophoniste.
Le besoin d'une telle maison se faisait sentir depuis longtemps. "Il n'y avait qu'un seul médecin généraliste, qui était débordé et ne prenait plus de nouveaux patients, raconte Georges Viscogliosi, conseiller municipal délégué aux bâtiments communaux. L'idée d'une MSP a fait son chemin, le médecin a créé une association et la commune a investi." Entre l'achat d'un local (au rez-de-chaussée de logements sociaux neufs) et son aménagement, la commune a mobilisé plus de 700000 euros, "soit un tiers du budget d'investissement annuel".
Le recrutement, un chemin de croix
"Cela fait quatre ans qu'on se bat, il a fallu se débrouiller tout seul", souffle le maire, Pierre Marmonier, déplorant le manque de soutien du Département et la réponse tardive de la Région. "Heureusement, l'Agence régionale de santé nous a aidés pour le recrutement du deuxième médecin", tempère-t-il. En effet, la commune a cherché pendant un an et dépensé 7000 euros en petites annonces pour recruter ce professionnel... Jusqu'à ce que l'ARS aide financièrement à l'installation d'une jeune diplômée. "Et finalement, elle a fait sa patientièle très rapidement!"
"Il nous reste encore un local vacant, reprend Georges Viscogliosi. Nous cherchons ardemment un kinésithérapeute ou une sage-femme ou pourquoi pas un spécialiste..."
Pour les habitants, c'est un changement radical dans l'offre de soins. En effet, la maison est ouverte toute l'année, du lundi au vendredi de 8h à 20h, ainsi que le samedi matin. Le recrutement d'un troisième médecin, un remplaçant, est en cours pour assurer ces permanences. "On va drainer des patients des communes environnantes, qui ne sont pas beaucoup mieux loties en termes de professionnels de santé", conclut le maire.