Des oiseaux protégés criblés de plomb, la Frapna s'en prend aux chasseurs

Un vautour percnoptère né cette année dans la Drôme a été retrouvé criblé de balles le jour de l'ouverture de la chasse, quelques kilomètres au sud, dans le Vaucluse. La Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature (Frapna) monte au créneau pour pointer la responsabilité des chasseurs, grisés selon elle par la puissance de leur lobby.

"Devinette : un oiseau protégé est retrouvé criblé de plomb le jour de l'ouverture de la chasse, qui est responsable ?". Président honoraire de la Frapna de la Drôme, Roger Mathieu ne décolère pas après qu'un vautour percnoptère a été retrouvé criblé de balles à Sarrians, dans le nord du Vaucluse en début de mois. Et pour cause, il ne reste aujourd'hui plus que 80 couples de cette espèce protégée, abondante au XIXe siècle, dont une vingtaine dans le Sud-Est du pays.

Né cette année dans le parc naturel des Baronnies provençales, et bagué par l'association "Vautours en baronnies", le jeune oiseau entamait sa première migration vers l'Afrique lorsqu'il a été abattu en plein vol, le 8 septembre, jour d'ouverture de la chasse."Les chasseurs vont dire que nous n'avons aucune preuve de l'origine des balles, et c'est vrai, ironise Roger Mathieu. Il s'agit peut-être d'un randonneur qui se balade avec un fusil". Mal en point, le jeune spécimen a été recueilli par le centre de soins de Buoux, dans le Vaucluse.

"Les chasseurs se lâchent"

Les chasseurs auraient "le vent en poupe", selon Roger Mathieu. Le président honoraire de la Frapna de la Drôme souligne pour Lyon Capitale, l'influence de leur lobby, au niveau local, avec d'importantes subventions notamment en Auvergne-Rhône-Alpes, comme national, avec une réforme en cours qui a précipité le départ de Nicolas Hulot du gouvernement. "Dans le même secteur on a retrouvé un circaète, oiseau protégé, flingué, un cygne, oiseau protégé, flingué, un faucon, oiseau protégé, flingué, énumère-t-il. Les chasseurs se lâchent".

Choyés par les politiques, chasseurs et éleveurs ne représentent pourtant pas une clientèle électorale particulièrement importante. On compte 1,2 millions de permis de chasse pour un peu moins d'un millions de chasseurs. Des permis de chasses d'ailleurs de plus en plus centralisés. Et pour cause, Emmanuel Macron a validé fin août la baisse du coût du permis de chasse national à 200 euros, le rendant plus attractif par rapport aux permis départementaux.

Pour Roger Mathieu, cette centralisation permet de mieux servir les intérêts du lobby. "Il y a une proximité très forte au niveau national niveau entre chasse et parlementaires, pointe-t-il. C'est le seul groupe social qui est devancé par politique, aujourd'hui, ils n'ont qu'à demandé ce qu'ils veulent. Il n'y a plus aucune retenue, ils croulent sous l'argent public, notamment grâce à Wauquiez, qui leur donne 1 million d'euros par an".

 

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