L’usine Arkema de Pierre-Bénite, au sud de Lyon. (Photo by JEFF PACHOUD / AFP)

Des PFAS retrouvés dans l'air ambiant à Lyon pour la première fois

Des polluants éternels ont été mesurés dans l'air ambiant à Lyon, à une dizaine de kilomètres de la plateforme chimique de Pierre-Bénite, a annoncé mercredi l'organisme de surveillance de la qualité de l'air (Atmo) Auvergne-Rhône-Alpes.

Pour la première fois en France, des études ont permis de mesurer la concentration dans l'air ambiant de certains PFAS, des substances chimiques très fréquentes dans les objets de la vie courante, à l'aide de préleveurs d'air à haut débit, souligne Atmo dans un communiqué.

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"22 molécules ont initialement été recherchées, puis jusqu'à 38 dans les derniers essais. La liste des composés recherchés est identique à celle concernant les mesures dans l’eau, ou à l’émission des installations industrielles" explique Atmo sur son site internet.

"On ne peut pas dire quel est l'impact"

Ces résultats sont de l'ordre de la centaine de picogrammes/m3 sur la commune de Pierre-Bénite au sud de Lyon, où des usines Daikin et Arkema utilisent depuis longtemps des PFAS, et de la dizaine de picogrammes par m3 dans le centre de la métropole de Lyon. Si des études scientifiques ont établi la nocivité de certains PFAS, "en l'absence de valeurs de référence, on ne sait pas quel taux est délétère pour la santé" et donc, pour le moment, "on ne peut pas dire quel est l'impact" des taux relevés à Lyon, a précisé à l'AFP Marine Latham, directrice générale d'Atmo Aura.

Des PFAS comme le PFOA ou le PFOS, interdit depuis 2009 et 2020 car classés comme cancérogènes, ont été retrouvés dans les prélèvements dans des proportions assez faible (environ 2%). En revanche, le PFHxA et le 6:2FTS ont été retrouvés à des niveaux plus importants que les autres composés (en moyenne 92 % de la masse totale des échantillons) "résultats pouvant être reliés aux activités de production de polymères fluorés du secteur" estime Atmo.

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"On en sait pas dire si c'est faible ou pas faible" mais les taux mesurés sont dans "une gamme logique" par rapport aux rares études comparables effectuées à l'étranger, notamment au Japon, en Chine ou aux Etats-Unis, a-t-elle ajouté. De même, la persistance de PFAS dans l'air à une dizaine de kilomètres de la source n'est selon elle "pas une surprise" car l'air est à la fois "un facteur de transport important mais aussi de dilution".

Arkema et Daikin ont réduit leurs rejets

Pour elle, le but de ces tests est "d'accélérer la science" en aidant à créer une base de données initiales et à terme "une valeur toxicologique de référence". Atmo explique que les travaux se poursuivront en 2025 afin de "mieux caractériser l'exposition moyenne aux PFAS", "consolider la méthodologie en lien avec le plan interministériel sur les PFAS" ou encore "poursuivre l'animation du comité régional initié en 2023 avec les différentes parties prenantes."

Dans un communiqué mercredi, la préfecture du Rhône avait tiré un bilan et assuré que des mesures de traitement prises par Daikin à l'été 2024 ont réduit de 90% ses rejets de PFAS dans l'air, et qu'Arkema a bien mis fin en décembre à l'usage de 6:2FTS, une molécule retrouvée par Atmo dans l'air ambiant à Lyon.

Les PFAS ?
Les "PFAS" (famille composée de plus de 4 700 molécules de synthèse) sont produits par l'homme depuis les années 40. Leurs propriétés physico-chimiques (résistantes aux chaleurs intenses ou aux acides, à l’eau et aux graisses…) expliquent leur présence dans un grand nombre de produits de consommation courante et applications industrielles. Le fait qu'ils soient très largement utilisés ( textiles, emballages alimentaires, cosmétiques, poêles anti-adhésives, mousses anti-incendie, imperméabilisants, cires à parquet, vernis et peintures, etc.), en plus de leur faible dégradation, rend ces substances omniprésentes dans l’environnement, notamment dans les cours d’eau. On parle de "polluants éternels" car ils peuvent rester dans l’environnement des décennies, voire des siècles. Le Rhône, de l'aval de Lyon jusqu'à la Méditerranée, est particulièrement touché.
Selon la littérature scientifique existante, les perfluorés favoriseraient les cancers chez l’homme et les défauts de défense immunitaire des enfants.

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