Des Tests ADN pour les morts sous X

Dans notre ville, privés de toute identité, on les retrouve, le plus souvent sur la voie publique, dans les hôpitaux ou repêchés dans le Rhône ou la Saône. Grâce à l'anonymat qu'elles procurent, les grandes métropoles urbaines sont devenues aujourd'hui les lieux privilégiés où viennent s'échouer autant de débuts que de fins de vie.

Membre du Collectif des Morts sans Toi(t), j'ai souvent accompagné ces morts sous X dans l'un des carrés généraux du nouveau Cimetière de la Guillotière. Je dois avouer qu'à chaque fois le choc est toujours le même quand vous êtes face à un cercueil où pour toute identité, il est seulement indiqué la lettre X suivi parfois du sexe et d'un numéro d'enregistrement ! Ce choc est d'autant plus grand qu'au même moment, je pense à la détresse des familles en quête de leurs disparus et dans l'impossibilité de faire leur deuil.

Aujourd'hui, les tests ADN n'ont pas bonne presse, cela est parfaitement légitime car l'amendement scélérat du député UMP Thierry Mariani, adopté finalement par le Sénat, que je combats avec la plus grande énergie, va avoir aussi pour effet collatéral d'empêcher tout débat quant à leur recours éventuel. Je refuse ce piège car ce dévoiement pernicieux de la pensée ne doit pas nous faire oublier qu'ils pourraient être d'une aide efficace pour l'identification de tous ces morts sous X.

Le temps n'est pas non plus aux fichiers mais comme le Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques (FNAEG), voulu par Elisabeth Guigou, existe depuis 1998, on pourrait éventuellement le comparer avec des tests ADN pratiqués sur ces corps anonymes pour tenter de leur redonner une identité et retrouver leurs proches. N'oublions jamais que l'humanité est devenue humanité lorsque l'homme a compris qu'il était mortel et qu'un corps mort méritait le respect.

Michel Chomarat

Chargé de Mission Mémoire de la Ville de Lyon.

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