Hier, le tribunal correctionnel de Lyon a condamné à 2 mois de prison ferme et 2 ans d'interdiction du territoire français Fodé Moussa Camara. Le Guinéen, homosexuel, avait refusé de monter dans un avion de retour pour Conakry, le 3 mai dernier par peur des représailles dans son pays natal.
"C'est quelqu'un de combatif et de positif comme on peut le voir avec son parcours d'immigration et son choix s'engager pour les droits LGBT dès son arrivée. Mais là, d'après les informations que l'on a par son avocat, car on ne peut pas le voir physiquement, je pense qu'il a simplement très peur", confie Caroline Izambert, responsable plaidoyer et médiatisation de l'association AIDES. Fodé Moussa Camara, un Guinéen de 28 ans a été condamné à deux mois de prison fermes et deux ans d'interdiction du territoire français pour avoir refusé l'expulsion vers son pays d'origine, le 3 mai dernier. Militant à AIDES, il risquait sa vie en rentrant dans son pays natal où l'homosexualité est punie par la loi.
Une demande d'asile refusée
Dans un communiqué, AIDES "demande la libération immédiate et la régularisation" du jeune homme. Arrivé en France en 2015, Moussa Camara a directement fait une demande d'asile puisqu'il risquait sa vie en Guinée. D'après Caroline Izambert : "L'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) a refusé la demande, car le discours de Moussa ne les a pas convaincus. Le problème c'est que l'on demande dans des délais courts, à des personnes qui ont dû cacher toute leur vie leur homosexualité, d'apporter des preuves. Ce sont des détails intimes et personnels, c'est compliqué pour la victime d'en parler".
L'interdiction du territoire rend le problème encore plus compliqué pour Moussa. Étant resté déjà un mois et demi en détention, il lui reste deux semaines pour trouver une solution avant son expulsion. Caroline Izambert explique "L'interdiction facilite l'expulsion de Moussa à la sortie de prison voire de le transférer directement de la prison au centre de rétention, mais là ce serait de l'acharnement".
Des mobilisations pour Moussa dans toute la France
Cependant, personne ne perd espoir. L'association a réalisé, ces deux dernières semaines, une campagne d’envoie de cartes postales, annotées d'un "Libérez Mousssa", adressées directement à l'Élysée. Sans réponse de la part du président de la République pour le moment. Après plusieurs rassemblements dans toute la France hier soir, les mobilisations continueront dans les deux semaines à venir. Dès samedi, un sit-in sera organisé avant le départ de la marché des fiertés à Lyon. De son côté, l'avocate de Moussa Camara, Me Florence Alligier, a fait appel de la décision pour vice de procédure. Aucun traducteur n'était présent lors du procès et d'après Caroline Izambert "Moussa parle un peu français, mais les décisions de justice contiennent du vocabulaire technique et lourd pour lui". Aucune date n'a été fixée pour le moment.