La nouvelle est tombée cet après-midi : la Cour de Cassation rejette le pourvoi déposé contre la relaxe de Philippe Barbarin.
Huit des victimes du père Preynat accusaient l'ancien cardinal de Lyon de non dénonciation d'agressions sexuelles sur mineur. Condamné en première instance, le cardinal Barbarin avait été relaxé en appel en janvier 2020. La cour d'appel considérait alors qu’on ne pouvait rien lui reprocher, les victimes, désormais adultes, étant considérées comme en mesure de porter elles-mêmes plainte. Pour rappel, en mars 2020, le Père Preynat avait été condamné à cinq ans d'emprisonnement pour des agressions sexuelles commises sur de jeunes scouts entre 1971 et 1991.
Aujourd'hui, la cour de Cassation a confirmé le verdict de la cour d'appel dans l'affaire Barbarin, et donc la relaxe du cardinal. Les parties civiles sont définitivement déboutées. Cependant, même si la décision de la Cour de Cassation avait donné sa faveur aux 8 victimes du père Preynat, celles-ci n'aurait pu réclamer que d'éventuels dommages et intérêts.
La question juridique de la dénonciation de violences sexuelles sur mineur
Quant aux questions de fond, l'avocat des parties civiles à la Cour de cassation, Me Patrice Spinosi, plaidait pour que soit posé le "principe que tout fait de violence sexuelle sur un mineur" connu par un tiers soit "porté à la connaissance des autorités". En face, l'avocate du cardinal Barbarin, Me Hélène Farge, a mis en garde contre une "obligation de délation générale" et de nouvelles dispositions qui "au final (seraient) liberticides", car contraires aux droits fondamentaux de la victime elle-même, notamment son droit au respect de la vie privée.
Une décision qui s'inscrit dans le contexte de l'affaire Duhamel et des nombreuses prises de paroles de victimes de pédophiles ces dernières années. Plus que la question de la responsabilité de Philippe Barbarin pour non-dénonciation, c'est plus généralement le cadre légal de la dénonciation des violences sexuelles sur mineur qui est en jeu. D'autres affaires devraient avancer après une telle décision de la cour de Cassation.