Le réchauffement climatique en altitude est "deux fois plus important que le réchauffement planétaire global" selon les experts. Les stations de ski ne sont plus saoules de neige.
"Je n'imaginais pas une fonte aussi rapide, c'est impressionnant. On se rend compte comment les non-décisions ont fait en arriver là". Jeudi matin, en visite sur la Mer de Glace (glacier sur le versant septentrional du massif du Mont-Blanc), Emmanuel Macron a découvert, comme une grande majorité de Français, l'une des illustrations les plus visibles des effets du réchauffement du climat. Quelques chiffres éloquents : depuis 1850, la Mer de Glace a reculé d'environ 2 kilomètres (soit annuellement, autour de 10 mètres), son épaisseur diminue de 4 à 5 centimètres chaque année. La température moyenne observée près du massif du Mont-Blanc a augmenté de 4° entre les années 1950 et les années 2000.
Si ce pain de glace se change en pain noir (rochers, cailloux, graviers, sable), devenant le symbole hexagonal de la hausse des températures moyennes océaniques et atmosphériques mondiales, les stations de ski françaises sont, elles aussi, sont confrontées au problème de la neige.
Neige héliportée
C'est une image qu'on voit de plus en plus souvent : des rotations d'hélicoptère en plein hiver, au-dessus des stations de ski. Sainte-Foy Tarentaise, les Karellis, Courchevel, plus récemment quatre vingt stations des Alpes du Sud ont héliporté des tonnes et des mètres cubes de neige fraîche par pour cacher la misère et recouvrir les pâturages. En Rhône-Alpes, Gilles Chabert, le conseiller spécial Montagne de Laurent Wauquiez, s'engage à "remettre le mot canon dans le vocabulaire de la Région". Le Grand-Bornand, en Haute-Savoie, station de moyenne montagne (1 300 m) stocke la neige produite artificiellement en hiver et la recouvre de sciure, un isolant parfait, pour passer l'été. C'est la garantie d'organiser la Coupe du monde de biathlon, qui s'y tient tous les deux ans, début décembre.
Lire : Stations de ski : les paradis artificiels de Laurent Wauquiez.
Il n'en reste pas moins que les effets du réchauffement climatique, que le récent et alarmant rapport du Giec – le groupe d'experts mandaté par les Nations unies pour évaluer l'ampleur du réchauffement et son impact– vient de rendre, n'ont jamais été aussi manifestes. "Le réchauffement climatique a tendance a être amplifié en altitude. Il est deux fois plus important que le réchauffement planétaire global" explique Samuel Morin, chercheur au Centre national de recherches météorologiques, à Saint-Martin-d'Hères (Isère). L’observatoire nivométéorologique du col de Porte (1 325 m, massif de la Chartreuse) a ainsi permis d'observer que l'épaisseur moyenne de neige en hiver pour la période 1990-2017 a été en moyenne 39 centimètres plus basse que sur la période 1960-1990, soit une basse de 40% environ. Et la température de l'air en hiver augmenté de près d'un degré sur la même période. "De manière plus globale, d'après nos projections climatiques, les précipitations hivernales le sont de plus en plus souvent sous forme de pluie que de neige, ce qui explique la baisse de l'enneigement, en particulier en moyenne montagne (entre 1 000 m et 1 800 m), particulièrement sensible aux fluctuations e la limite pluie-neige." Cette limite pluie-neige, c'est l'altitude à laquelle le changement climatique a le maximum d'effet sur l'enneigement.
Inefficacité de la neige de culture en 2030-2050
Selon une étude menée par des chercheurs suisses de l’Institut de recherche sur la neige et les avalanches (SLF) et l'École polytechnique de Lausanne, publiée dans The Cryosphere, une revue de l'Union européenne de géophysique, d'ici 2 085, à 3 000 mètres d'altitude, il n'y aurait plus que 165 jours avec une couche neigeuse de plus de 30 cm contre 320 cm aujourd'hui et la profondeur du manteau neigeux pourrait diminuer de 40%. Quant à 1 000 m d’altitude, il ne resterait pratiquement plus de neige. Le Centre d'études de la neige confirme ces données. "Les projections indiquent un réduction massive du nombre de stations qui bénéficieront d’un enneigement suffisant, malgré la neige de culture, dans les conditions actuelles d’exploitation des stations et avec les technologies actuelles de production et gestion de la neige. Les stations les moins vulnérables sont situées au cœur des Alpes françaises à haute altitude." On parle d'une vingtaine de domaines skiables, au maximum.
Les chercheurs isérois vont même plus loin dans leurs conclusions, en projetant leur modèle à un horizon beaucoup plus proche. "D'ici 2030-2050, dans 15 à 20% des stations des massifs alpin et pyrénéen, la neige de culture ne permettrait pas, aux altitudes des remontées mécaniques, de palier au déficit d’enneigement naturel." Quant aux stations à plus basse altitude, l'enneigement sera "tellement dégradé" qu’elles ne pourront très "probablement plus avoir une activité commerciale basée sur le ski". Des données balayées d'un revers de gant de ski par Fabrice Pannekoucke, -vice-président de la commission montagneà la Région : "moi, je vous répond que le ski rapporte deux milliards aux exportations commerciales françaises, que neuf milliards sont dépensés dans les stations chaque année et que ça fait travailler 120 000 personnes."
Les années 2020 ont été le basculement d'une société vers une autre. Beaucoup auront connu les 30 glorieuses, suivies des 30 piteuses et maintenant les 30 désastreuses !
Fabrice Pannekoucke, -vice-président de la commission montagne à la Région : "moi, je vous répond que le ski rapporte deux milliards aux exportations commerciales françaises, que neuf milliards sont dépensés dans les stations chaque année et que ça fait travailler 120 000 personnes."
Sauf que ce n'est pas lui qui décide s'il va neiger ou pas. On a rarement vu une politique de l'autruche aussi flagrante. Continuez, le mur c'est tout droit.
Quand prendrons-nous le recul nécessaire pour avoir conscience de la folie de ce monde ?
- les montagnes sont du chiffre d'affaires
- la neige est du chiffre d'affaires...
neige de culture :=retenues collinaires +électricité, le comble épandage par hélico, jamais pris en compte le cout des infrastructures nécessaires pour accéder aux stations la pollution engendrée par des milliers de véhicules qui bouchonnent.