Divorce consommé entre François Hollande et les petites entreprises

Alors que François Hollande vient de livrer un discours au cœur duquel il a placé les entreprises, sa cote n’a jamais été aussi faible auprès des patrons des plus petites d'entre elles. Un gouffre s’est même creusé. C’est ce que révèle le baromètre des TPE IFOP pour Fiducial qui souligne que 94% des patrons de petites structures se disent pessimistes.

François Hollande a annoncé jeudi “un choc de simplification” administrative pour les entreprises, afin de les aider à embaucher et à se développer. Mais la fameuse “boîte à outils” gouvernementale sera-t-elle suffisante pour restaurer la confiance, notamment entre l’État et les entreprises de moins de 20 salariés ? D’après le baromètre des TPE (très petites entreprises) Ifop pour Fiducial (Fiducial est l'actionnaire de Lyon Capitale, ndlr), pour le premier trimestre 2013, la rupture semble profonde entre le pouvoir exécutif et les dirigeants de petites entreprises.

En février, le gouvernement Ayrault ne totalise que 17% d’opinions favorables auprès des patrons de TPE, se rapprochant du record d’impopularité de 14% qui avait été atteint avec le gouvernement Raffarin en avril 2005. Ainsi, pour les patrons de TPE, les réformes annoncées ou mises en place par François Hollande et son équipe gouvernementale ne répondent pas aux préoccupations des Français (81%), ni aux enjeux de notre économie (85%).

Pour eux, l’analyse est simple et sans appel : l’exécutif fait tout simplement fausse route. Ils ne croient plus, aujourd’hui, en sa capacité à “inverser la tendance”, encore moins à réenchanter le rêve français.

Tout juste un tiers des dirigeants jugent le Gouvernement en mesure de contraindre les collectivités territoriales à maîtriser leurs dépenses publiques. Pis, seulement 17% considèrent qu’il retardera la destruction de l’industrie française, et 11% qu’il obtiendra une croissance positive en 2013. Moins d’un sur dix pense le voir inverser la courbe du chômage (8%) avant la fin de l’année.

Incompréhension

Les patrons sont dans le flou. Ils ne perçoivent pas de lignes directrices claires, que ce soit pour réduire les déficits et la dette (76%), favoriser l’emploi (81%), redresser l’économie (83%) ou retrouver les chemins de la croissance (87%). La création d’un ministère du Redressement productif n’y fait rien, les patrons de TPE doutent massivement (88%) de la compréhension, par le Gouvernement, de l’industrie et plus généralement de l’entreprise.

Avec une confiance loin d’être de mise, c’est l’optimisme qui est en berne. Si, en novembre 2012, le baromètre relevait déjà un niveau de pessimisme parmi les plus hauts enregistrés depuis dix ans, la tendance s’accentue encore. Seulement 18% des dirigeants se déclarent optimistes pour la situation économique en France. L’inquiétude est même de mise pour 94% des dirigeants de petites entreprises, soit un nouveau (triste) record. Rares sont ceux qui imaginent des perspectives positives au cours des prochains mois pour leur entreprise, leurs clients ou même leurs fournisseurs.

Au final, en 2012, l’activité des TPE aurait progressé de 0,2%. Or, une fois corrigé de l’inflation, ce taux devient négatif. Pendant que la France aura enregistré une croissance nulle l’an dernier, les TPE auront subi, elles, une récession.

Si on a longtemps considéré les TPE comme celles qui créent de l’emploi, la machine semble désormais cassée. À force d’érosion de leurs marges et de leur rentabilité, certaines petites entreprises ont été contraintes de compenser leurs difficultés financières par un ajustement de leur effectif. Depuis décembre 2000, jamais la création d’emplois n’avait été aussi mauvaise. Plus de 100.000 se sont volatilisés en un trimestre, sans compter ceux des entreprises disparues.

Ce n’est pas le niveau d’embauche qui est en cause – il s’inscrit dans la moyenne des quatrièmes trimestres –, mais les suppressions de postes, car elles ont concerné une entreprise sur dix. Et les prévisions ne sont pas des plus réjouissantes pour les mois à venir. 10% des employeurs envisagent une augmentation de leurs effectifs, quand 16% pensent les réduire.

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