DSK : trop, c'est trop !

Dans cet organe de presse même, Didier Maïsto défend la liberté d’expression et de création de Marcela Iacub qui, au travers de l’aventure de quelques mois qu’elle a entretenue avec DSK, publie sous le titre de "Belle et bête" sans jamais le nommer la relation de cette liaison.

La justice est saisie, saisira-t-elle le livre ? Nous le saurons sous peu.

L’article publié ce jour dans Lyon Capitale sous le titre "DSK, Iacub, succubes et incubes" au demeurant fichtrement bien écrit, pose cependant question au modeste et épisodique chroniqueur que je suis et qui, après cette louange sincère et dénuée de flagornerie, entend marquer son désaccord.

Selon Didier Maïsto – pour mémoire directeur de la publication – DSK est au-delà de la norme, il serait devenu un personnage de roman, l’homme serait ainsi entré dans l’univers fictif en qualité de "figure sublimée du cochon".

Le droit, le juridique en général, ne sont que l’expression spatio temporelle de la morale. Il n’y a pas d’antagonisme entre le droit et la morale, mais des complémentarités, la seule limite est fixée par la frontière entre le juridiquement interdit et le moralement interdit : le juridiquement interdit est toujours immoral, l’immoral n’est pas toujours juridiquement interdit.

Au regard de ces principes, il y a une distinction fondamentale entre les affaires Tristane Banon, du Sofitel de New York et du Carlton de Lille qui touchaient (peut-être) au juridiquement interdit et le "cas" Iacub qui touche tout au plus (et encore) à la morale.

Marcela Iacub est incontestablement majeure, vraisemblablement intelligente, en tout cas intellectuelle et de surcroît juriste. Elle a séduit DSK (qui se laisse si facilement séduire) elle en fait un livre. De deux choses l’une : soit elle a aimé cet homme – on peut discuter sur le sens et la portée de ce verbe – soit elle a provoqué une liaison pour l’exploiter littérairement et financièrement. Dans les deux cas, la démarche est haïssable.

Aucune explication n’est utile pour le second cas.

Pour ce qui concerne le premier, nous avons tous et toutes nos amours, quels que soient le sexe et le nombre de nos partenaires et les pratiques intimes dont nous usons, les seules limites sont fixées par la loi : la majorité, le consentement et l’intégrité physique des partenaires, mais nous avons droit au secret et à l’absence de divulgation de ce qui s’est passé à l’abri des regards.

C’est simple et ce n’est pas discutable, cela s’appelle le droit à la vie privée, ce n’est pas négociable.

Le seul qui ait le droit de parler des "amours" de DSK, hors - répétons-le - les faits susceptibles d’être judiciairement qualifiés, c’est DSK lui-même et il n’aurait pas alors le droit de citer ou d’évoquer l’identité de sa partenaire ou quelque particularité que ce soit permettant de la reconnaître.

Tout a été dit et écrit sur DSK et à juste titre au regard de ce qu’étaient ses ambitions politiques en ce qui concerne les faits qui auraient pu constituer des infractions pénales.

Ce qui s’est passé entre Madame Iacub et lui est d’une nature fondamentalement différente.

A la limite, on aurait pu admettre un roman à clés dans 10 ou 20 ans, mais ça… (sans ou avec, comme on voudra, le concept psychanalytique).

DSK n’est évidemment plus un personnage sympathique et attirant, il est devenu une sorte de "monstre", peut-être pourquoi pas un "cochon sublime", tout commentateur aurait le droit de le penser et de le dire, mais pas une maîtresse aimante ou intéressée. DSK reste et restera toujours un être humain, l’humiliation supplémentaire qu’il subit est de trop.

Lire aussi : DSK, Iacub, Succubes et Incubes

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