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©Tim Douet

Économie : une étude balaye trois idées reçues sur Lyon

Une note de la fondation Terra Nova va à contre-courant de nos croyances sur la situation économique de la région lyonnaise.

Publiée le 2 septembre dernier, et par ailleurs largement commentée, la note de Terra Nova intitulée “La nouvelle question territoriale” (en téléchargement ici) fait l’analyse d’une quasi-révolution copernicienne actuellement à l’œuvre dans les territoires de la République.

Depuis les années 1980, les inégalités interrégionales de revenu par habitant baissaient alors que la production de richesse et les dynamiques de croissance divergeaient selon les territoires. La distribution des revenus dans les territoires ne dépendait donc pas nécessairement des zones qui produisaient de la richesse.

Or, ce phénomène touche à sa fin, selon les deux auteurs qui signent cette étude, Laurent Davezies et Thierry Pech. Désormais, les territoires dont les revenus progressent le plus sont dotés d’une métropole puissante et dynamique : Paris, Lyon, Toulouse, Nantes, Rennes et Bordeaux. La tendance est visible depuis 2010. "En bref, une réduction du poids des dépenses publiques et sociales, prévisible, devrait se traduire, pour la première fois depuis le milieu du XXe siècle, par un regain des disparités de revenus entre nos territoires."

S’agissant de Lyon, les statistiques viennent balayer trois idées reçues même si l'étude de Terra Nova ne s'intéresse que de façon incidente à la ville dirigée par Gérard Collomb. En effet, Lyon Capitale a choisi de souligner certains indices présents dans l'étude qui viennent contrarier nos a priori économiques sur la ville de Lyon. Sans doute, d'autres études aux sources plus exhaustives mériteraient d'être conduites.

Mais en l'état, l'étude de Terra Nova nous permet bien de dégager trois idées reçues: La première est politique, la deuxième est structurelle et la troisième, territoriale.

1 / La croyance politique

En bon saint-simonien, Gérard Collomb a fait de la dynamique économique le socle de ses différents mandats. Avec le concours d’un marketing territorial puissant (Onlylyon, Aderly, classement positif de la ville dans différents baromètres), le maire et ses équipes sont parvenus à faire accroire que Lyon n’avait quasiment plus de rival en France.

Or, Lyon est la dernière parmi les grandes métropoles françaises en croissance qui créent de l’emploi sur la période 2008-2012. L’aire urbaine de Toulouse a créé 21 020 emplois salariés sur la période quand celle de Lyon en créait 9 543. Bordeaux (+13 108) et Nantes (+11 301) font mieux que la capitale de Rhône-Alpes.

Marseille et Aix-en-Provence (+2 332) font moins bien, mais la métropole du Sud ne fait pas partie des territoires en croissance et voit même "son poids dans le PIB national régresser" selon l’étude de Terra Nova. D’autres critères, comme les mètres carrés de bureaux placés, les créations d’entreprises ou le nombre de brevets déposés permettent évidemment à Lyon de surclasser ses concurrentes.

2 / La croyance structurelle

Lyon s’enorgueillit toujours d’être un territoire à l’activité économique diversifiée et poly-industrielle en comparaison de villes comme Toulouse, autocentré sur une quasi-monoactivité industrielle, en l’occurrence l’aéronautique. Là encore, la note de Terra Nova apporte un démenti.

Dans le Grand Lyon, 3 secteurs d’activité ont concentré 63 % des créations nettes d’emplois. Dans l’agglomération nantaise, ce sont 8 secteurs d’activité qui concentrent 55 % des créations nettes d’emplois. À Toulouse, c’est bien plus, puisque la métropole du Sud-Ouest voit 13 secteurs d’activité absorber 90 % des créations nettes d’emplois.

3/ La croyance territoriale

Le Grand Lyon est à beaucoup d’égards une agglomération bien plus équilibrée que d’autres communautés urbaines en France. Un réseau de transport urbain (métro, tramways et gares ferroviaires) dense et étendu a contribué à faire du Grand Lyon un territoire homogène avec une continuité urbaine remarquable, au moins dans sa première couronne.

On pourrait croire que ce territoire homogène se développe de façon équilibrée avec une banlieue qui tire profit du dynamisme de la ville-centre. Là encore, c’est une vue de l’esprit. Alors que Lyon n’occupe que 9 % de la superficie de la communauté urbaine, la quasi-totalité des créations nettes d’emplois (108 %) est rassemblée dans la ville-centre. Si la concentration des créations d’emplois dans la ville-centre est constatée ailleurs, elle est plus marquée à Lyon.

En effet, les communes de Nantes, Saint-Herblain, Vertou et Rezé pèsent 84 % des créations nettes de la communauté urbaine. À Toulouse, il faut ajouter les villes de Blagnac, Balma, Colomiers pour concentrer 96 % des créations nettes.

Lyon ne semble partager ses créations d’emplois avec aucune autre commune de l’agglomération. En somme, Lyon serait donc une oasis dans le désert de son agglomération.

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