Comme l’écrivait Lyon Capitale il y a deux mois, l’implantation d’un réacteur nucléaire nouvelle génération, de type EPR, semble inéluctable alors que les centrales de la région atteignent les 40 ans, crépuscule de leur espérance de vie. Le projet semble aujourd’hui se préciser, alors qu’EDF tente d’acheter des terrains autour de la centrale du Bugey.
Quelque 150 agriculteurs sondés par EDF. Les propriétaires de terrains à proximité immédiate de la centrale du Bugey, le long du Rhône, ont reçu un courrier de la Société d'aménagement foncier et d'établissement rural (Safer) pour leur fixer un rendez-vous individuel dans le but de discuter de la vente de leurs terres à EDF. “La zone convoitée s’étend sur 336 hectares”, écrit Médiacités, qui rapporte l'information. “Ça s'est fait en catimini, nous a confirmé Alain Cuny, du réseau Sortir du nucléaire Bugey. Des agriculteurs de la commune de Loyettes ont reçu un courrier de la Safer qui demandait un entretien individuel, ce qui semblait exclure toute réunion collective, peut-être par peur d'une réaction collective.”
Pourquoi diable EDF s'intéresserait-elle à des terrains situés à proximité immédiate de la centrale ? Certes, la plaine de l'Ain est un territoire économiquement dynamique, pas seulement grâce à la centrale d'ailleurs. Mais l'attrait de l'investissement foncier y reste limité. Non, l'entreprise a forcément une idée derrière la tête, estime Alain Cuny. “Si EDF a mandaté la Safer, ce n'est pas pour le simple plaisir d'acheter du terrain, d'autant qu'ils le font partout en France, assure-t-il. Il y a forcément un projet, qui peut être la construction d'EPR. À moins que ce ne soit pour l'entreposage des déchets à l'air libre, alors que le projet Cigéo de Bure a du plomb dans l'aile.”
L'hypothèse d'un nouvel EPR dans la région la plus nucléarisée de France semble donc se confirmer. Pourtant – EDF nous l'assurait lors de notre enquête publiée en octobre sur la possibilité de construction d'un nouvel EPR –, “aucun lieu d’implantation n’a été donné, ce sont les pouvoirs publics qui décideront”. Depuis, Emmanuel Macron a annoncé la fermeture de 14 réacteurs. Et ceux du Bugey et du Tricastin sont les plus vieux après Fessenheim. Or, le lobby du nucléaire n'envisage ces fermetures qu'à la condition d'ouvrir de nouveaux réacteurs.