Parler de sécurité nous place-t-il dans le camp des réactionnaires ?
La réponse vient peut-être de là où on ne l’attendait pas forcément. Grégory Doucet, le nouveau maire écologiste allié à la gauche, a déjà tout doucement répondu au procès en laxisme qu’on lui intente, en se positionnant sur plusieurs points épineux.
En réclamant une augmentation des effectifs policiers, en instaurant la vidéoverbalisation et en maintenant le choix d’une police municipale armée, le maire de Lyon a donné des signes loin d’être anodins, tant ces questions ont toujours été taboues, voire rejetées chez les écologistes.
Bien sûr, il n’a pas fait de la sécurité le graal de son projet politique. Loin de là. Mais il est important de reconnaître, sur un sujet aussi brûlant et propice à la polémique ou à la querelle idéologique interne, ces éléments factuels de décision politique.
Ces intentions ne contenteront probablement pas ceux qui s’impatientent de subir ces nuisances quotidiennes. Mais faire le constat d’une ville agitée par les incivilités et la violence ordinaire est une chose. Trouver des réponses qui ne soient pas simplistes en est une autre. La réalité est qu’il sera difficile de se contenter de “passer le karcher” pour apaiser la ville.
L’une des réponses du maire de Lyon est de favoriser la prévention et la médiation. Un chemin bien plus long que des mesures coercitives. Les moyens à déployer pour restaurer l’autorité de la police, de l’école et de la République par le dialogue semblent plus complexes à mettre en œuvre.
Il s’agit de peser les mots pour expliquer un projet. Mais aussi d’apporter des réponses concrètes à cette dégradation de notre environnement quotidien.
Mais ce pari d’un travail à long terme, inclusif, s’il porte ses fruits, aurait l’avantage de panser les fractures et les clivages de notre société. Car comment ne pas voir dans ces rodéos urbains, incivilités et autres provocations, l’expression d’une violente frustration des banlieues désœuvrées, face à un centre-ville qui concentre les loisirs et les richesses ?
Toutefois, cette approche nuancée, en donnant du temps au temps, peut être perçue comme insupportable par ceux qui souffrent nuit et jour de ces incivilités. Et il faut trouver les mesures et les mots justes pour ne pas, à l’inverse, transformer les délinquants en victimes et les riverains exaspérés en citoyens intolérants.
C’est tout l’enjeu du maire de Lyon qui vient d’expérimenter à ses dépens les mécaniques de la communication politique. Il a probablement manqué d’un peu d’expérience en la matière pour faire ses premiers pas dans l’arène médiatique. Ses propos sur le Tour de France ou sa position sur le Vœu des Échevins auraient mérité d’être explicités et préparés pour ne pas tant heurter.
Il s’agit de peser les mots pour expliquer un projet. Mais aussi d’apporter des réponses concrètes à cette dégradation de notre environnement quotidien.
Pour cela, il est urgent pour la Ville, la Métropole et l’État de déployer des moyens supplémentaires en renforçant les dispositifs de la police et de la justice, tout en assurant des médiations et des actions pédagogiques.
À cet égard, l’action en justice groupée des collectifs de riverains lyonnais contre la Ville et la Préfecture du Rhône, pourrait ouvrir une première porte. Celle d’une obligation d’action et de moyens qui incomberait aux pouvoirs publics.
Cette initiative, fondée sur une approche “numérique, juridique et objective” de la sécurité selon leur avocat, sera l’occasion de poser sur la table des discussions et les éléments concrets qui permettront à chacun de prendre ses responsabilités, tout en évitant les récupérations politiques.
En invitant le procureur de la République de Lyon et le nouvel adjoint à la sécurité du maire à répondre à ces questions de sécurité dans les colonnes de Lyon Capitale, nous prenons notre part dans ce débat. L’urgence est à l’apaisement et il revient à chacun d’entre nous de le construire.
Au sommaire du numéro d'octobre. En vente dès le vendredi 2 octobre dans les kiosques. 3,90€
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