Édito du magazine de septembre 2020. En kiosque dès le vendredi 4 septembre ou dès aujourd'hui sur notre boutique
Depuis le 1er septembre, le masque est devenu obligatoire dans tout l’espace public lyonnais, une décision prise afin de ralentir la progression des contaminations constatée cet été. En réalité, ce masque chirurgical n’est plus seulement un simple objet hygiénique, qui nous protège d’une transmission de virus ou des particules polluantes de l’atmosphère. Il est devenu, avec cette crise sanitaire sans précédent, un objet qui déchaîne toutes les passions.
On le brûle à Berlin, on le piétine à Londres, on le déchire à Paris, dans de grandes manifestations afin de dénoncer une supposée “tyrannie médicale”. Celle exercée par les gouvernements pour tenter d’endiguer une épidémie dont on sait déjà qu’elle sera responsable de plus d’un million de victimes cette année.
Comment cet objet, utilisé quotidiennement par des infirmiers et médecins, des ouvriers du bâtiment et de l’industrie ou des laborantins, peut-il susciter autant de rejet ? Comment ce masque, porté sans renâcler depuis longtemps par des millions d’habitants des mégapoles d’Asie, peut-il provoquer en Europe et en Amérique des scènes qui confinent à l’hystérie collective ? Dans les commerces, les transports, dans la rue et même dans les entreprises, aux invectives verbales devenues tristement banales et quotidiennes, s’est ajoutée la violence physique. Les faits divers de cet été ont cruellement révélé à quel point ce masque peut cristalliser les frustrations de notre société.
“Les règles communes du vivre-ensemble sont vécues comme une soumission insupportable”, constate le pédopsychiatre Maurice Berger dans ce numéro de Lyon Capitale à propos de “l’ensauvagement” de la société. Ce constat peut aussi s’appliquer à cette crise sanitaire qui voit une partie de nos citoyens vouloir régler des comptes avec nos gouvernants, ou alors nos policiers, nos patrons, nos enseignants, nos voisins… Rejeter ce masque est malheureusement devenu un acte de défiance vis-à-vis de tout ce qui est perçu comme une oppression.
Ce masque s’est transformé en instrument de mesure du seuil de tolérance de notre époque. Et on peut constater que le baromètre est au plus bas…
Refuser de le porter va bien plus loin que contester la gravité de cette crise sanitaire. Tout comme l’accepter ne fait pas forcément de nous des moutons avalant toutes crues les vérités officielles. Bon nombre de personnes qui doutent de la gravité de l’épidémie ou qui en relativisent les conséquences médicales acceptent de porter sans sourciller le masque en public. À raison. Par principe de précaution, vis-à-vis des plus fragiles ou tout simplement par civisme.
Nous traversons un moment crucial de notre histoire. Une séquence inédite dont on imaginait encore il y a quelques mois sortir plus fort, en tirant des leçons permettant de réinventer l’avenir. De ce monde d’après, il n’en sera probablement rien. Ce récit commun s’est lézardé au gré d’un confinement qui nous a fragilisés, moralement, socialement et économiquement.
Mais cette situation mérite mieux que d’être instrumentalisée par des soi-disant victimes à qui on impose un masque. Ceux qui dénoncent une dictature sanitaire, abandonnent l’idée que nous sommes capables de faire corps face à une menace extérieure. D’autres fléaux viendront : climatiques, démographiques, économiques. La liste est longue des restrictions - en ressources vitales notamment - qui se profilent dans les prochaines décennies. Et celles-ci nécessiteront une capacité de résilience bien plus forte que celle requise pour dépasser la gêne occasionnée par ce petit bout de tissu sur notre visage.
Au sommaire de ce numéro
Offert avec ce numéro, un supplément sur la nouvelle saison culturelle (52 pages)
Actualité
• L’essentiel de l’actualité
par Justin Boche
La grande gueule
• Anne Soupa, théologienne : “Célèbre-t-on l’Eucharistie parce qu’on a un pénis ou parce qu’on en a la vocation ?”
par Guillaume Lamy
Dossier Covid-19
• Économie : Le spectre d’une seconde vague plane sur la reprise
• Une rentrée sous haute surveillance
• Culture : une rentrée en ordre dispersée
par Paul Terra
Santé
• Covid-19, où en est l’essai Discovery ?
par Antoine Sillières
Urbanisme
• Superblocks, Lyon peut-il importer le modèle de Barcelone ?
par Guillaume Lamy
Politique
• Interview avec Bruno Bernard, président de la Métropole
par Paul Terra
Enquête
• Quartier Grôlée, l’étrange bazardage des Docks Lyonnais par la banque UBS
par Guillaume Lamy
Immobilier
• Un nouvel équilibre pour l’immobilier lyonnais
par Antoine Sillières
Sport
• Interview avec Vincent Ponsot, directeur général du football de l’OL
par Razik Brikh
Débats & Opinions
• Entretien avec Maurice Berger, pédopsychiatre : “La violence n’est pas due à la ghettoïsation, elle est liée à une histoire individuelle”
par Guillaume Lamy
CULTURE
Théâtre
• True Copy, un spectacle inimitable
• Peter Brook au TNP
par Caïn Marchenoir
Classique
• Ambronay sauve les meubles
par Guillaume Médioni
Danse
• Interview avec Julie Guibert, nouvelle directrice du ballet de l’Opéra de Lyon
par Aurélie Mathieu
Musique
• IAM, la voix du samouraï
par Kevin Muscat
Expos
• Sélection
par Aurélie Mathieu
Livres
• Sélection
par Kevin Muscat et Caïn Marchenoir
MAGAZINE
Éducation
• Mon enfant est stressé par les évaluations, comment l’aider ?
par Céline Rapinat
Gastronomie
• Bocuse d’Or, dans les coulisses de l’équipe de France
• Le restaurant du mois : Le Cercle Rouge
• Les grandes recettes lyonnaises : la cervelle de canut
par Guillaume Lamy
Consommation
• Shopping spécial VAE
par Florent Deligia
• Quoi de neuf ?
par Céline Rapinat
Juste une petite remarque lorsqu'il est écrit :
" Entretien avec Maurice Berger, pédopsychiatre : “La violence n’est pas due à la ghettoïsation, elle est liée à une histoire individuelle” "
Quel est le but de cette phrase ? est-elle sortie du contexte ? Un milieu violent est, pour ce spécialiste, un milieu qui n'influera pas sur la vie des individus et leurs valeurs dominantes ?
On sait depuis longtemps que tout être vivant s'adapte à son milieu pour survivre.
La ghettoïsation est un facteur très important de frustrations, et de la frustration nait, soit la créativité (si les moyens existent), soit la violence (si la verbalisation et la modification de la pression n'est pas possible pour les protagonistes).
Les gens ont peur, or d'après Goering la peur est le meilleur outil pour rendre un peuple esclave. Depuis le début de l'épidémie il n'y a plus de gilets jaunes sur les ronds points, et aussi depuis le début de l'épidémie le bénéfice (je dis bien le bénéfice pas le CA) d'Amazon est de 100 milliards de dollars ; ne vivons-nous pas dans un monde merveilleux ?
D'où l'intérêt d'apprendre la psychologie dans toutes les écoles pour maîtriser les mécaniques de la peur ainsi que des manipulations qui vont avec.
Reste qu'une menace reste une menace et qu'il faut savoir à la foi être vigilant, à la foi ne pas être en panique.
"nous sommes capables de faire corps face à une menace extérieure"
C'est exactement le langage des chefs militaires pour envoyer les soldats à la boucherie mais...pas eux.
Autre petite remarque, dans la liste des titres de ce numéro, sur l'article intitulé :
Urbanisme
• Superblocks, Lyon peut-il exporter le modèle de Barcelone ?
par Guillaume Lamy
Je crois que le mot juste serait IMPORTER, et non exporter.
On verra dans 2 semaines les conséquences d'obliger le masque. En fait on risque de voir un effet
hyper-contaminateur de cette mesure:
La manière de porter le masque est catastrophique, beaucoup de gens le tripote sans arrêt or la face externe du masque recueille et bloque dans un premier temps tous les virus, donc celui qui touche son masque dépose énormément de virus sur ses doigts et un jour ou l'autre il portera ses doigts contaminés sur ses yeux ou dans son nez!
De plus le maillage des masques non FFP2 (les FFP2 sont quasiment introuvable vue la très forte demande) est de 1 à 4 micron et le virus lui fait entre 0.06 à 0.14 micron de diamètre. Si dans un premier temps par la charge électrostatique des fibres du masque le virus est "attiré et collé" contre la fibre, très rapidement la vapeur de la respiration élimine cette charge électrostatique et le virus traverse le masque,( c'est comme si un enfant de 1 mètre pénétrait dans un trou de 10 mètres ) en réalité les masques chirurgicaux sont efficaces moins d'une heure. C'est pourquoi des masques plus sérieux ( certain FFP2) sont équipés d'une valve pour évacuer l'humidité et préserver l’efficacité de la filtration et augmenter la durée de protection.
Rajouter à cela l'autorisation des sportifs et cyclistes (à la demande des écolos débiles) de ne pas être obligés de porter le masque et donc par leur respiration forcée de projeter, s'ils sont malades, une quantité très importante de virus sur tous ceux qu'ils croisent on va droit vers une flambée de l'épidémie.
Je remarque que le mot "ensauvagement" apparaît dans cet article.... Il me déplait particulièrement étant donné qu il a été utilisé par notre ministre de l'intérieur mais c'est un mot qui est un classique du discours de l'extrême droite.... Ce mot ne sert pas à décrire une réalité mais à déshumaniser ces " sauvages",qu'il s s'agirait donc de traiter comme tels. Ce n'est pas nier la violence que de dire cela.
Je ne vois pas la pertinence de la comparaison avec l'Asie ou les soignants, les contextes sont différents. Aujourd'hui c'est potentiellement 10h par jour et ce pour une durée indéterminée que l'on doit porter le masque, et dans des situations où cela entrave les actes aussi bien de vie quotidienne que de travail. Se faire entendre, se sourire, manger dehors, marcher en respirant l'air frais... Du moment où vous quittez votre domicile, jusqu'au retour, si vous n'avez pas un bureau isolé. Je trouve au contraire que les gens font du mieux qu'ils peuvent dans ces conditions et que l'hystérie reste très minoritaire vu la pression mise alors que la situation est préoccupante mais non dramatique.
Vous pensez donc que porter le masque pendant potentiellement 10h par jour, c'est quelque chose qui "enlève" une part de votre vie ? Vu qu'avant beaucoup "faisaient la gueule" dans la rue, ça peut être un avantage de ne plus voir ça ! 😉