Selon une étude Eurostat réalisée en 2021, les jeunes Français quittent le foyer parental en moyenne à 23,6 ans. En effet, une fois son bac en poche, l’enfant ne va pas nécessairement prendre son envol. Un état de fait que les parents accueillent généralement avec joie, mais aussi appréhension. Quelles sont les clés d’une cohabitation réussie ? Comment trouver la bonne distance avec son adolescent étudiant ?
Choix d’une école, économies, habitudes de vie… Nombreuses sont les raisons pour qu’un enfant reste étudier à la maison. Et l’on peut s’en réjouir.
À cet âge, la maturité évolue beaucoup, et tous les enfants ne sont pas prêts à prendre leur indépendance. Rester chez ses parents permet de continuer de grandir tout en étant dans un environnement rassurant.
Par ailleurs, bon nombre d’étudiants ont des emplois du temps lourds avec une charge de travail personnelle importante. Continuer de profiter de la logistique familiale leur sera bien utile. “Il ne faut pas oublier que ces jeunes étudiants commencent une nouvelle vie, qui nécessite une grande faculté d’adaptation. Lorsque l’enfant est à la maison, on fait en sorte de lui garantir un environnement le moins anxiogène possible”, précise Karine Josse, psychologue pour enfants et adolescents à Lyon.
C’est aussi l’occasion de continuer de partager certains moments du quotidien en famille, même s’ils se font plus rares.
Responsabiliser son enfant
Concernant la répartition des tâches familiales, on s’adaptera au planning de son enfant et au type d’études qu’il entreprend pour jauger ce qu’on peut lui demander.
La psychologue explique : “Si on a un enfant en prépa ou en première année de médecine par exemple, on est aux petits soins et on ne le charge pas avec des demandes supplémentaires, du moment qu’il en fait un minimum. En revanche, si les études sont moins intenses et qu’il a un emploi du temps ordinaire, on l’incite à se prendre un peu plus en charge. Il peut très bien gérer son linge, préparer sa lunch box, cuisiner un repas familial par semaine… L’objectif, c’est de continuer de le responsabiliser afin de l’aider à devenir complètement autonome. Côté administratif et gestion de son budget, on peut l’aider au départ, ensuite on se contente de vérifier pour enfin le laisser gérer tout seul. Cependant, il faut faire preuve de souplesse. Si on commence à râler et se fâcher car les choses ne sont pas faites, la cohabitation va vite devenir invivable. Il faut parfois accepter d’en faire soi-même un peu plus et être patient : on est là pour le guider vers l’autonomie. On ne peut pas attendre qu’il gère tout, tout seul, d’un coup.”
Le parent doit se poser les bonnes questions. S’il se sent l’esclave de son enfant, c’est peut-être qu’il en a toujours trop fait à sa place, et qu’il ne l’a pas laissé s’autonomiser. À lui d’inverser la tendance.
“La cohabitation avec notre fils s’est mal passée pendant ses études. Déjà, au lycée, il ne faisait pas grand-chose à la maison, et j’avais pris l’habitude de tout faire à sa place. Quand il a intégré son école, c’était encore pire. Il grignotait beaucoup dans sa chambre, on retrouvait des canettes vides et des assiettes sales. S’il était seul à la maison, il ne préparait jamais à manger et commandait un repas tout prêt. Il laissait ses affaires traîner partout, ne participait à aucune tâche familiale… Pourtant, ses études ne lui demandaient pas un travail énorme, même si on sentait qu’il était stressé. Il ne supportait aucune remarque, arguant qu’il était grand, qu’on n’avait rien à lui dire et qu’il fallait qu’on le laisse gérer… Il y a eu beaucoup de conflits, on ne comprenait pas son attitude. Il a dû partir six mois étudier à l’étranger et appréhendait vraiment. Il n’a pas été très heureux là-bas et a demandé qu’on aille le voir plusieurs fois. À son retour, on lui a conseillé de consulter. Depuis, les choses s’améliorent doucement. De notre côté, on essaie de lâcher car on en a vraiment marre de se disputer avec lui. D’autant que c’est complètement contre-productif. On le laisse parfois affronter les conséquences de ses irresponsabilités – quand il n’y a pas de graves conséquences – et ça le met en mouvement.”
Être à l’écoute
Parfois, le jeune semble désinvestir ses études. Cependant, il ne faut pas s’alarmer au moindre signe de découragement.
Avant toute chose, il faut dialoguer avec lui pour essayer de comprendre ce qui lui arrive, il a peut-être besoin de lâcher un peu. S’il n’est pas complètement enthousiaste sur tous les cours, ne se sent pas toujours au niveau, s’il a du mal à se projeter, il faut l’écouter, le rassurer, lui conseiller d’être patient, de prendre du recul, et lui demander si on peut faire quelque chose pour l’aider.
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