Déclarée Grande Cause Nationale pour l’année 2021-2022, la lecture est pourtant loin d’être l’activité favorite des adolescents. Pourquoi, à partir d’un certain âge, les jeunes s’éloignent-ils des livres ? Comment leur donner à nouveau l’envie de lire ? En quoi est-ce important ?
Que l’on se rassure : les jeunes lisent encore. En effet, selon une étude Ipsos publiée en mars 2022 par le Centre national du livre (1), ils sont 94 % en primaire à lire dans le cadre de leurs loisirs. Cette proportion descend à 82 % au collège – le décrochage s’effectuant aux alentours de douze ans notamment chez les garçons –, puis à 72 % au lycée. “Je constate effectivement un creux au collège, confirme Virginie Mège, ex-professeure de français et autrice de littérature jeunesse (2). Pourtant, certains élèves prennent d’assaut le CDI, notamment en sixième et cinquième. C’est un moyen d’avoir accès gratuitement à des livres et de pouvoir bénéficier d’un accompagnement qu’ils n’ont pas forcément à la maison. Le CDI constitue aussi un coin refuge permettant à certains élèves d’échapper à l’univers de la cour.” Les freins à la lecture Plus les enfants grandissent, plus la lecture en tant que loisir occupe la portion congrue de leur emploi du temps. En effet, si les collégiens consacrent en moyenne 3 heures 16 par semaine à cette activité, ils passent huit fois plus de temps sur leurs écrans, à savoir 3 heures 50 par jour… Et même pendant qu’ils lisent, bon nombre de jeunes continuent d’envoyer des messages, d’aller sur les réseaux sociaux, de regarder des vidéos, de jouer à des jeux vidéo voire de téléphoner ! “Il y a aussi le problème du regard de l’autre, souligne Virginie Mège. Au collège, ce n’est pas forcément bien vu de lire.” Ce que confirme Laurence, mère de Nina, 14 ans. “Ma fille a toujours été une grande lectrice. Depuis son arrivée en troisième, elle ne lit plus, ou alors sans en parler avec ses copines. Quand je lui ai demandé pourquoi, elle m’a répondu : ‘Au collège, ceux qui lisent, ce sont les paumés.’ Quand je l’ai questionnée sur ce que ça voulait dire, elle m’a expliqué sommairement : ‘Par exemple, ce sont ceux que tu vois seuls dans un coin de la cour en train de lire un livre ou qui lèvent tout le temps la main en classe…’” Par ailleurs, la pression scolaire et la littérature imposée en cours peuvent elles aussi engendrer une déperdition de la lecture chez les jeunes. “J’ai arrêté de lire pour mes loisirs en première, explique Mattéo, 19 ans. On avait une quantité importante de livres à lire pour le bac français, cela me prenait beaucoup de temps, et je préférais me détendre en jouant à des jeux vidéo en ligne avec mes copains ou en faisant du sport. La lecture me demandait trop de concentration, j’avais besoin d’une détente facile.”Il vous reste 68 % de l'article à lire.
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