A l'occasion du forum européen sur les enjeux politiques et culturels, Edwy Plenel était présent à Lyon, pour présenter la conférence d'ouverture de l'European Lab. Au programme : démocratie, valeurs, mobilisation, politique et actualité.
Il a tenu son auditoire pendant une heure, quasiment sans notes. Edwy Plenel, grande figure du journalisme d'investigation, a ouvert mercredi le cycle de conférences de l'European Lab, pour un forum intitulé "La valeur de la démocratie." Cette "valeur qui n'a pas de prix" a-t-il précisé.
Manque de mobilisation citoyenne
L'hémicycle est presque plein, devant l'homme qui ôte sa robe de journaliste pour parler en tant que citoyen engagé. Selon Edwy Plenel, la vraie problématique actuelle est le manque de mobilisation des citoyens. Face à la montée du "racisme, de la xénophobie, de la barbarie, la vraie question est notre silence." Il en est de même pour la loi sur le renseignement. "Les classes dirigeantes diabolisent le numérique" car elles ont "peur de ce qu'il permet." "Sans faire le bilan des lois anti-terroristes précédentes, on s'appuie sur des crimes et un fiasco sécuritaire pour faire voter cette loi [...] Le terrorisme est le cheval de Troie d'un espionnage généralisé." D'après le journaliste, cette loi "sécuritaire", dont les décrets seront classés secret-défense, glisse "sur une pente anti-démocratique". Et le plus inquiétant est le manque de réponse citoyenne face à ces mesures.
Réveiller les consciences
Il cite Alexandre de Tocqueville, Pierre Mendès France, avant d'affirmer qu'en France, "la démocratie est de faible valeur. Une démocratie vivante est celle qui a le soucis de ses minorités, car ce sont toujours celles-ci qui bousculent les majorités." Edwy Plenel, en contestant l'idée du présidentialisme et du pouvoir attribué à une personne et son parti, a l'intention de réveiller les consciences : "les citoyens doivent prendre leur place." D'après le créateur de Mediapart, nous avons rendez-vous avec nos créations, la modernité et l'innovation. "Nous vivons des temps de transitions et de doutes, mais qui sont aussi des temps d'innovation et d'audace." Le conférencier, fidèle à ses valeurs, conclut en citant Jaurès, et nous donne l'espoir d'écrire une Histoire "qui ne dépend que de nous."