En 2001 et en 2014, François-Noël Buffet avait vu la présidence de la métropole se refuser à lui, trahi par une partie des siens. François-Noël Buffet tente de conjurer le mauvais sort qui le lie à la présidence de la métropole.
En 2001 et en 2014, ses candidatures s’étaient soldées par de cuisants échecs. Lors des troisièmes tours, il était censé être majoritaire en voix, mais Gérard Collomb avait su retourner les maires de centre droit et certains LR. Son parti lui a redonné une chance et l’a investi. Les Républicains misent sur son profil plus rassembleur et rond que celui plus hâbleur d’Alexandre Vincendet qui postulait. C’est aussi le pari d’une campagne qui se jouera dans la discussion plus que dans des actions coup-de-poing. “François-Noël Buffet, c’est la force tranquille. Ce n’est pas toujours celui qui fait le plus de bruit qui se fait le mieux entendre”, veut croire Gilles Gascon, maire LR de Saint-Priest et tête de liste sur la circonscription porte des Alpes. Le choix du sénateur est finalement celui d’une élection qui se jouera sur trois tours.
Mais ce postulat a enfanté des doutes sur le premier étage de la fusée Buffet. Certains de ses colistiers s’exaspèrent ainsi depuis des mois de le voir mener une campagne de sénateur souterraine quand ils pensent qu’un surplus de visibilité ne leur ferait pas de mal. “Ce scrutin est une première. Je pense que lui n’avait pas compris qu’il devrait nous cornaquer. De notre côté, nous n’avions pas intégré que nous ne serions pas totalement maîtres de notre campagne comme aux municipales”, juge à la Salomon une tête de liste LR. François-Noël Buffet, malgré des critiques nourries, n’a pas varié. “C’est quelqu’un de constant dans ses idées avec des principes et une vision. Dans les péripéties de ces dernières années au sein de LR, il a su garder le cap. Il est le bon candidat parce qu’il nous faut quelqu’un de solide sur ses convictions, mais aussi capable d’ouverture”, salue Pierre Bérat, qui mène la liste sur la circonscription Lyon Est.
C’est aussi et surtout son sérieux qui est mis en avant. “Techniquement, il est bon. Quand il prend un dossier, il le gère bien. Au Sénat, que ce soit des élus de droite ou de gauche, tous s’accordent à dire que c’est un gros bosseur”, rapporte Stéphane Guilland. À la haute assemblée où il est élu depuis 2004, il s’est spécialisé sur les questions d’immigration. Localement, il mène campagne sur sa vision de la métropole de demain. Elle serait moins centrée sur Lyon et placée dans une vision plus large qui englobe l’aire urbaine de Lyon. “Il a compris que cette collectivité n’était pas une entité unique. Il sait que les besoins ne sont pas les mêmes d’un territoire à l’autre. Il a une vraie vision d’aménagement du territoire sur l’équilibre entre l’est et l’ouest. Gérard Collomb ne voit que Lyon et il a siphonné les finances au profit de la ville centre. Avec François-Noël Buffet, les communes n’auront plus à venir quémander des investissements auprès d’un Gérard Collomb qui achète des voix”, assène Christophe Quiniou, maire de Meyzieu.
“La confraternité, c’est la haine vigilante”
Ce choix du municipalisme s’est retrouvé dans ses investitures, 13 hommes et une seule femme pour faire la part belle aux maires, ce qui lui a aussi valu un procès en misogynie. David Kimelfeld l’a ainsi affublé du surnom de “major d’hommes”. Mais, stratégiquement, le pari pourrait être gagnant. Le candidat LR à la présidence de la métropole théorise que le scrutin se décidera encore à partir de l’échelon municipal et que les électeurs feront des choix conformes. Son salut passera donc par l’addition des quatorze intérêts particuliers de ses colistiers. Mais de ses échecs passés, il a gardé cette maxime : “La confraternité, c’est la haine vigilante.” Cet état d’esprit a accompagné sa campagne et celle de ses candidats. François-Noël Buffet redoute par exemple une alliance Collomb-Blanc qui se ferait sur son dos. Il a dénoncé publiquement les manœuvres de son alter ego. Alors que le jeu de chaises musicales approche, François-Noël Buffet ne veut pas rester debout. Une situation qui lui a été trop familière par le passé.
• François-Noël Buffet, 56 ans
• Né à Lyon
• Avocat
• Élu conseiller municipal d'Oullins en 1990.
• Maire de la commune de 1997 à 2017
• Sénateur du Rhône depuis 2004.
• Candidat face à Gérard Collomb en 2014 pour la présidence du Grand Lyon.
• Soutient François Fillon à la présidentielle de 2017.