« Ceux du fleuve » sur la colline de Fourvière. (@Fête des lumières 2023)

En 2023, la Fête des Lumières sera-t-elle toujours aussi magique ? 

À mi-mandat, la patte de la majorité écologiste commence à se dessiner sur la Fête des lumières. Plus artistique, plus inclusif, plus ouvert sur la ville, sur le papier ce monstre sacré semble toutefois perdre un peu de son effet "Waouh", malgré quelques promesses encore magiques.

À leur arrivée aux commandes de la Ville de Lyon, les écologistes avaient promis de révolutionner la Fête des lumières qu’ils jugeaient pensée pour les touristes. La Presqu’île et le Vieux-Lyon, les grands marqueurs de ce monstre sacré du patrimoine lyonnais avaient finalement été conservés, avec un élargissement des festivités au parc Blandan, pour les enfants, et au parc de la Tête d’Or. Sans que, jusqu’ici, le côté esthétique du 8 décembre n’évolue vraiment. En attestent les cartons réalisés auprès des visiteurs par "Iris", le mapping spectaculaire projeté sur la cathédrale Saint-Jean en 2021, et "Le Grand Mix", le karaoké géant de la place des Terreaux qui avait donné vie aux tableaux du Musée des Beaux-Arts en 2022. 

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"Explorer des formes nouvelles"

Le virage pourrait toutefois être pris à l’occasion de cette édition 2023, où le côté grand public de la Fête des Lumières semble quelque peu s’effacer au profit d’une proposition plus technique et artistique, mais peut-être moins accessible. L’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) sur la place des Terreaux (Celluloid), le recours à une projection conceptuelle sur la cathédrale Saint-Jean (Kernel3), l’expérimentation d’un sérum bioluminescent sur des plantes au parc de la Tête d’Or (La Fontaine enchantée), ou encore l’ouverture à l’art en langue des signes du Video Visual Vernacular (V.V.V.) en sont quelques exemples. Intrigants pour certains, ces projets semblent parfois laisser de côté l’aspect simple et festif de la Fête des lumières.

"Effectivement on apporte une approche plus culturelle, on pose des questions, mais on a toujours la volonté d’avoir une approche très grand public"

Julien Pavillard, coordinateur général de la Fête des Lumières

Autrement dit, exit le côté parfois "Waouh" et "Disney", mais chaleureux et régressif, des années Colomb qui faisait monter des "ohh" de surprise du public. Charge aux artistes de nous donner tort du 7 au 9 décembre.

Interrogé à ce sujet, Julien Pavillard, le coordinateur général de la Fête des lumières, coupe sans détour à ces interrogations. "Je ne suis pas du tout d’accord. Effectivement on apporte une approche plus culturelle, on pose des questions, mais on a toujours la volonté d’avoir une approche très grand public", affirme-t-il sourire aux lèvres. Et Gregory Doucet, le maire de Lyon, d’insister en expliquant "ce qui nous importe dans cette Fête des lumières c’est que les oeuvres dans toute leur diversité puissent être pour tout le monde, y compris en allant explorer des formes nouvelles avec l’intelligence artificielle ou la découverte de la culture sourde".  

L'œuvre "Kernel" sur la cathédrale Saint-Jean. (@Fête des Lumières 2023)

Confiant sur l’accessibilité au grand public de cette édition, Julien Pavillard rappelle le succès du projet expérimental mené en 2022 par les créateurs des célèbres Annooki. "L’année dernière, on a traité le thème compliqué du deep fake sur la place des Terreaux, mais c’était très grand public. Il y avait un effet « Wahoo », les gens ont adoré être sur la place, danser, chanter, participer. Cette année c’est un peu le même principe. On a sur la place des Terreaux une oeuvre qui pose la question de l’intelligence artificielle et de ses effets, mais avec un travail fait par Bruno Ribeiro qui est très cinématographique et l’idée c’est d’avoir un effet « Wahoo ». Je vous assure que le projet va entraîner les gens vers l’émerveillement". Intitulé Celluloïd, celui-ci rendra hommage aux films des Frères Lumières en les réinterprétant grâce à une IA. 

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Sur le reste, les lieux emblématiques de la Fête des lumières seront encore placés au coeur des festivités, la place Bellecour y occupant une place centrale avec son offre de restauration faite de food trucks et son oeuvre a priori monumentale et très colorée "Evanescent". Toujours très prisée du public, à quelques encablures, l’illumination du bas de la colline de Fourvière a cette année été confiée à l’artiste Franck Dion.

Ces oeuvres que l'on espère magiques

Parmi les 32 oeuvres proposées cette année, grâce à un budget de près de 3 millions d’euros mobilisé par la Ville de Lyon et ses mécènes, certaines ont toutefois attisé notre curiosité.

  • "Row"
"Row"(@Fête des Lumières 2023)

À commencer par "Row", l’oeuvre du collectif Tundra qui prendra place dans la grande salle du Théâtre des Célestins, offrant à la Fête des Lumières sa première oeuvre diurne. Celle-ci devrait proposer une véritable illusion d’optique générée à l’aide d’écrans holographiques tournant à grande vitesse.

  • "Sign"
"Sign" (@Fête des Lumières 2023)

À deux pas de là, sur la place de la République, la promesse faite par les artistes Paul Vendel et Sandra de Wolf de créer un véritable brasier sur le bassin de la place de la République semble aussi très séduisante. Recouverts d'aluminium, de longs bambou éclairés en contre-plongée devraient figurer de grandes langues de feu.

  • "Re-dessine-moi des Lumières !"
"Re-dessine-moi des Lumières !"(@Fête des Lumières 2023)

Tout au nord de la Presqu’île, en remontant la Saône, rendez-vous ensuite sur le haut du quai Saint-Vincent, au pied de la Fresque des Lyonnais. 28 ans après sa création par CitéCréation et Gilbert Coudène, celle-ci va prendre vie grâce au travail de son créateur et d’Étienne Guiol. 

  • "Le Soleil de la Duchère"
"Le Soleil de la Duchère". (@Fête des Lumières 2023)

En périphérie de Lyon cette fois, du côté de La Duchère, où la Fête des lumières s’installe pour la première fois, les regards se tournent avec attention sur "Le Soleil de la Duchère". Très colorée, celle-ci tranche avec le reste des oeuvres, du fait même de son processus créatif. Réalisée par plus de 400 habitants, elle mettra tout simplement en lumières les personnes qui vivent à La Duchère. "Les gens viennent se filmer en mouvement et on crée leur double lumineux. Ils se filment sur quelques secondes, on leur restitue une planche contact et ils peuvent se redessiner. À l’issue des ateliers, une boucle vidéo sera projetée place Abbé-Pierre", détaille Marion Traversi, une chargée de projet de la Fête des lumières. Afin d’attirer les familles, les horaires de projections y seront même décalés.

  • "La Fontaine enchantée"
"La Fontaine enchantée" (@Fête des Lumières 2023)

S’il est un lieu où la magie et la féérie semblent encore opérer, c’est sans doute du côté du Parc de la Tête d’Or. En proposant un circuit de six oeuvres, celui-ci s’affirme comme un lieu désormais central de la Fête des lumières. Outre la surprise de voir au programme de cette édition une oeuvre signée du chanteur et comédien Philippe Katerine, on a surtout hâte de voir les effets du sérum de bioluminescence qui sera injecté dans des plantes. À la nuit tombée, c’est un véritable paysage d’Avatar qui devrait se dessiner dans et sur les bords de la fontaine de la Roseraie, où l’entreprise Aglaé va faire opérer sa magie. L’effet « Waouh » semble cette fois garanti.

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