Dominique Deniau observe les expérimentation de l’ONF au sein du Grand Parc Miribel Jonage @Martin Gaboriau

En Auvergne-Rhône-Alpes, l'ONF s'inquiète de la disparition d'essences d'arbres

En Auvergne-Rhône-Alpes, l’Office national des Forêts est pessimiste quant à l’évolution des forêts sous l'effet du réchauffement climatique. 

Ce mardi 21 mars marquait la journée internationale des forêts. Pour l'occasion, l’Office national des forêts (ONF) a proposé à l’échelle de la région Auvergne-Rhône-Alpes de venir à la rencontre des habitants pour favoriser une prise de conscience sur ces grands espaces verts. "Du point de vue du climat, 2050 me fait très peur, les forêts ne vont pas survivre", exprime tristement, Dominique Deniau, garde forestier au sein de l’ONF. 

En France, les forêts représentent 17 millions d’hectares sur l’ensemble du territoire, deux tiers d'entre elles sont privés et laissant un tiers au bien commun, sur lequel l’Office national des forêts intervient. "Nous sommes en charge seulement du public. Dans ce genre de situation, les forêts appartiennent aux communes ou aux villes", souligne le garde forestier. Lorsqu’un propriétaire public possède une forêt ou un parc, "il se voit dans une quasi-obligation de le soumettre à un régime forestier, pour gérer cette surface et généralement toutes se tournent vers l’ONF". 

"Des essences d’arbres sont mortes et vont bientôt disparaître dans les prochains mois"

Dominique Deniau, garde forestier au sein de l’ONF

Aucune forêt ni parc, n’appartient à l’Office national des forêts, gestionnaire public uniquement. Pour avoir un retour sur l’entretien des forêts, l’ONF prend "un pourcentage sur la vente de bois aux professionnels du métier". Au fil des années, l’État est de moins en moins généreux avec l’organisation et pour compenser l'ONF a fait "une augmentation de 40% de la production de bois". Malgré cette accélération de la production, l’ONF reste en déficit de 30 millions d'euros sur l’année 2022. 

Un garde forestier coupe pour faire du bois de chauffage @Martin Gaboriau

L'inquiétude face au réchauffement climatique

La vente de bois n’est pas le cœur de métier de l’ONF qui veille à la préservation de la biodiversité et la pérennité des forêts. Malheureusement depuis cinq ou six ans, le réchauffement climatique fait des dégâts. "Des essences d’arbres sont mortes et vont bientôt disparaître dans les prochains mois", constate le garde forestier. Comme Philippe Beraud-Sudreau, responsable de production de la Pépinière Rey, il doit lui aussi aller chercher des nouveaux arbres plus résistants. 

Soucieux de l’avenir de la planète, Dominique Déniau annonce que "Lyon dans 50 ans va devenir Montpellier en terme de chaleur". Dans cette vision à long terme, l’ONF plante "déjà dans les forêts des arbres méditerranéens". Par exemple, depuis 2018 "300 000 hectares dans l’Est de la France ont dépéri, les arbres meurent, sans avoir subi d’incendie", affirme l’amoureux de la nature. 

"La particularité de notre métier, c’est que l’on met des choses en places, qui ne seront jamais abouties de notre vivant"

Aujourd’hui, le garde forestier reconnaît un constat d’échec, "lorsque l’on plante c’est que l’on n’a pas réussi à régénérer naturellement la forêt". Pour ce faire, l’office expérimente et plante pour savoir comment évoluent les arbres, notamment au sein du grand parc Miribel Jonage à côté de Lyon. "Il faut essayer de planter les bonnes essences en fonction de l’évolution de notre monde". Maintenant il y a des forêts dits mosaïques avec plusieurs essais d’arbres, "il y a tellement de modifications à travers le temps qu’on essaye un maximum de choses". L’ONF se prépare à la sécheresse, mais aussi à l’arrivée de nouveaux insectes et des maladies, "il y a une maladie des USA qui vient d’arriver en Italie. Elle ravage les Noyers et ça nous fait peur". 

Grand Parc de Miribel Jonage @Martin Gaboriau

Plus d'administratif, moins de terrain

Dominique Déniau est un passionné et aime passer du temps au contact des arbres. Malheureusement, il y passe un peu moins de temps qu’il y a 20 ans. En 2002, l’ONF a été touché par une grosse réforme, entraînant une réorganisation. Dans les années 1990, plus de 15 000 personnes travaillaient pour l’office, aujourd’hui ils ne sont plus que 9 000. Cette réduction des effectifs a accentué une plus grosse autonomie dans le travail, mais une moins grosse aide du côté de l’administratif. "Je passe 70 % de mon temps derrière un ordinateur, plus personne ne gère le côté administratif, on passe moins de temps dans les forêts", soupire l'homme de 52 ans.

En observant autour de lui, il a toujours son regard d’enfant en observant les oiseaux dans le ciel ou a examiner l’évolution de ses jeunes arbres. "La particularité de notre métier, c’est que l’on met des choses en places, qui ne seront jamais abouties de notre vivant". Même s’il a peur des prochaines années pour le foret, il espère que d’autres personnes après lui viendront veiller sur "ses travaux pour la nature". 

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