A l'occasion de la Journée mondiale de l'avocat en danger, mercredi 24 janvier, le barreau de Lyon se mobilise pour ses confrères iraniens.
Tous les ans, depuis 15 ans, la journée du 24 janvier est dédiée aux avocats menacés, arrêtés, emprisonnés, poursuivis ou encore tués pour avoir exercé légitimement leur profession, partout à travers le monde.
Organisée par l'Observatoire international des avocats, cette journée internationale a pour vocation d’attirer l’attention de la société civile et des pouvoirs publics sur la situation des avocats dans un pays particulier, afin de faire connaitre les menaces auxquelles ils sont confrontés dans l’exercice de leur profession. Cette année, ce sont les avocats iraniens qui sont sous le feu des projecteurs.
Une fois n'est pas coutume, le barreau de Lyon se mobilise en organisant un rassemblement en robe à midi devant la Maison des avocats (176, rue de Créqui, Lyon 3e). Des échanges se poursuivront à 12h30, ouverts à tous, avec une table ronde sur la situation des avocats en Iran.
"En 2023, en Iran, à peu près cinq avocats décédés, une dizaine a subi des tentatives d'assassinat et 70 ont été arrêtés"
"A la suite du décès brutal de Mahsa Amini (jeune étudiante iranienne-kurde morte en prison alors qu'elle était en garde à vue pour avoir mal porté le coile, NdlR), des manifestations d'ampleur dans le pays. On comptabilise malheureusement plus de 500 morts à l'occasion de ces manifestations. Et, dans ce contexte là assez tragique, les avocats sont en première ligne."
S'il n’existe pas aujourd’hui de véritable chiffre officiel du nombre d’avocats gravement en danger dans le monde. Pourtant, chaque jour ou presque, des avocats sont assassinés, menacés, arrêtés, torturés, poursuivis – ou disparaissent tout simplement – pour le simple fait d’accomplir leur travail. "Il faut savoir qu'il y a eu à peu près cinq avocats décédés en 2023, une dizaine qui a subi des tentatives d'assassinat et 70 qui ont été arrêtés et actuellement en détention."
Lire la retranscription intégrale de l'entretien avec Franck Heurtrey
Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 minutes chrono. Nous recevons aujourd'hui Franck Heurtrey.
Bonjour.
Franck Heurtrey, vous êtes avocat au barreau de Lyon, président de la commission des droits de l'homme de l'ordre. Si on vous invite aujourd'hui, c'est pour parler de la journée mondiale de l'avocat en danger qui se tiendra mercredi 24 janvier. À cette occasion, le barreau de Lyon organise un rassemblement devant la Maison des Avocats et une table ronde. Cette année vous avez choisi l'Iran. Alors, juste un petit mot, c'est qu'effectivement, on en parlait un peu en avant de cette émission, c'est qu'on parle souvent des journalistes en danger. Effectivement, la liberté de la presse, c'est quand même un des piliers de notre démocratie. On parle très peu des avocats en danger. Alors, en France, il n'y a effectivement pas d'avocats en danger j'imagine. Par contre, l'Iran la thématique que vous avez choisi il y en a beaucoup.
Oui, tout à fait. Cette journée est une journée très importante pour le barreau, pour les avocats. C'est la quatorzième ou quinzième édition de la Journée internationale des Avocats en danger. Et chaque année, on choisit un pays où les avocats ne peuvent pas exercer librement leur profession, où ces avocats sont menacés, sont harcelés, parfois même en danger physiquement. L'année dernière, c'était une année qui a été dédiée aux avocats en Afghanistan. On a également travaillé précédemment pour des avocats en Turquie, un sujet qui est trèsimportant pour le barreau de Lyon où on est très actif. On a eu également les avocats chinois. Et, en effet cette année, c'est l'Iran. Alors, ce n'est pas le barreau de Lyon qui a choisi l'Iran. C'est une coalition mondiale. Le barreau de Lyon fait partie de l'Observatoire international des avocats en danger qui regroupe plusieurs barreaux, des barreaux italiens, des barreaux espagnols, allemands. Etce 24 janvier là, c'est véritablement une mobilisation internationale de tous les avocats, puisqu'il y aura également des manifestations à Londres et à New York.
Donc j'imagine que c'est à la fois pour sensibiliser le grand public, parce que effectivement les avocats en danger on en parle très peu. Et puis j'imagine pour alerter aussi les pouvoirs publics.
Oui, tout à fait. On sensibilise la société civile. On interpelle également les pouvoirs publics. Ce sont effectivement les objectifs de cette campagne. Cette année, on a choisi l'Iran. Alors l'Iran, on connaît tous malheureusement le contexte actuel de ce pays. Il y a eu à la suite du décès brutal de Mahsa Amini, des manifestations d'ampleur dans le pays. On comptabilise malheureusement plus de 500 morts à l'occasion de ces manifestations. Et, dans ce contexte là assez tragique, les avocats sont en première ligne.
Quelle catégorie d'avocats est la plus menacée en Iran ?
Alors, en Iran, c'est effectivement un système particulier parce que vous avez trois catégories d'avocats. Vous avez des avocats qui sont directement nommés par le pouvoir public. Vous avez une deuxième catégorie d'avocats qui figure sur une liste dite d' "avocats de confiance". Et vous avez, enfin, une troisième catégorie d'avocats qui cherchent à lutter pour leur indépendance et qui cherchent à combattre pour les libertés individuelles et qui, eu, font l'objet de représailles. Il faut savoir qu'il y a eu à peu près cinq avocats décédés en 2023, une dizaine qui a subi des tentatives d'assassinat et 70 qui ont été arrêtés et actuellement en détention. Le quotidien des avocats là bas est assez terrible en Iran. Ils sont menacés, ils sont soumis à des pressions et ils font effectivement l'objet d'arrestations arbitraires pour la seule raison d'avoir exercé leur profession.
Il y a des menaces de suspension de leur métier, d'arrestations arbitraires. Il peut y avoir des menaces physiques aussi ?
Tout à fait. Véritablement, on cherche à entraver le travail de l'avocat au quotidien. Par exemple, l'avocat qui peut encore un peu exercer, on lui communique le dossier à la dernière minute. Pour certains, on leur interdit même l'accès aux salles d'audience. Bref, on fait tout ce qu'il est possible de faire pour les empêcher de travailler de manière efficace. Je voudrais citer l'exemple de notre confrère Saleh Nikbakht qui est l'avocat de la famille de Mahsa Amini, qui a reçu, à titre posthume, le prix Sakharov du Parlement européen. Bien évidemment, la famille a souhaité se rendre à Strasbourg. Elle n'a pas pu. Elle a été empêchée par les autorités de Téhéran. Et c'est donc l'avocat de la famille de Saleh Nikbakht, qui est un avocat très réputé, qui a 70 ans, très connu là bas, qui a fait le déplacement à Strasbourg pour recevoir le prix Sakharov. À son retour, il a été arrêté à l'aéroport de Téhéran et il est sous le coup d'une peine de prison d'un an prononcée par le tribunal révolutionnaire pour propagande contre le régime. Donc voilà comment on traite les avocats en Iran.
Et vous l'aviez dit, finalement, le combat que mènent les avocats est un peu similaire au combat que mènent les journalistes. Et je voudrais, bien évidemment, avoir une pensée pour Narges Mohammadi, journaliste défenseur des droits de l'homme et qui a reçu le prix Nobel de la paix en 2023, et qui avait ces mots dans une lettre qu'elle a adressée à l'étranger qui avait ces mots très percutants : "Soyez notre voix. Dites au monde que nous ne sommes pas en prison pour rien". Je crois que c'est notre travail, ici, de rendre écho à ces mots là.
Iran, Afghanistan..etc les duettistes du Fascistan !
Hamas, Israël, que des gouvernements d'extrême droite.
On peut en rajouter nombre d'autres !
L'iran-45-ans après la révolution-islamique, les iraniens perdent foi en la religion. Quel pa
L'Iran, 45 ans après la révolution islamique, les iraniens perdent foi en la religion. Quel pays a naïvement hébergé leur futur tortionnaire ?