Devant plus de 500 personnes mercredi soir, le candidat soutenu par le PS, Cédric Van Styvendael, s’est réjoui du rassemblement de la gauche à Villeurbanne lors d’un meeting où étaient notamment présents Emmanuelle Cosse et Ian Brossat. Un rassemblement qui ne comprend pourtant pas la force de gauche qui a plus le vent en poupe actuellement, les écologistes.
Il faut sauver le soldat Villeurbanne, terre socialiste depuis tant d’années. Le PS, en pleine déconfiture à l’échelle nationale depuis 2017, est en danger dans son fief villeurbannais. Le maire depuis 2001, Jean-Paul Bret, ne se représente pas. Il a adoubé Cédric Van Styvendael, l’ancien directeur de Villeurbanne Est Habitat, le bailleur social de la commune.
Van Styvendael tenait un grand meeting de campagne mercredi soir. Dans une salle comble au centre culturel de la vie associative. Devant plus de 500 personnes conquises. Avec un mot à la bouche "rassemblement". Le rassemblement d’une partie de la gauche. Le PS, le PC, Generations, Place Publique, le parti radical de gauche, les Insoumis Villeurbannais ont fait alliance pour "sauver" Villeurbanne.
"Villeurbanne, le meilleur de la gauche au pouvoir"
Et il y avait du beau monde, c’est vrai, au meeting de Van Styvendael. Bret, bien sûr, l’actuel maire, Pascale Crozon, l’ancienne députée PS de Villeurbanne (2007-2017), mais aussi Guillaume Balas, coordinateur national de Génération.s (le mouvement de Benoît Hamon), Ian Brossat, porte-parole du Parti Communiste, Emmanuelle Cosse , ancienne secrétaire nationale d’Europe Écologie les Verts, ancienne Ministre du logement et aussi Boris Vallaud, député PS des Landes, porte-parole du PS et compagnon de Najat Vallaud-Belkacem, l’ancienne ministre PS de l’Education Nationale, absente mercredi soir, que beaucoup imaginaient candidate à la mairie de Villeurbanne il y a encore quelques années…
"J’aime ce moment où la gauche lève le menton, lève le poing. Elle ne peut pas être du côté de la résignation. J’aime cette gauche. Ce n’est pas rien Villeurbanne. C’est depuis plus d’un siècle le meilleur de la gauche au pouvoir, a notamment lâché Boris Vallaud. C’est ici que s’est imaginé l’éducation populaire, la culture pour tous, que s’est créé la mixité dans l’habitat".
Macron et En Marche sévèrement tancés
Les différents intervenants n’ont pas eu de mots assez durs pour taper, évidemment, sur Emmanuel Macron, sur la réforme des retraites. Sur les socialistes "égarés" de la Métropole de Lyon, sous-entendu ceux qui ont rallié En Marche. Dans la salle du meeting, une caisse de solidarité pour les grévistes en grève contre la réforme des retraites est notamment installée.
"Je ne suis pas de ceux qui méprisent les idéaux, les militants, en revanche j’éprouve du mépris pour les girouettes. Et nous savons ici que le vent a tourné fort. Dans ce coin de France dont on dit qu’il a été le berceau du marchisme (d’En Marche), faites-en le cimetière", a lancé Vallaud.
L'ancienne majorité de Bret disloquée
Gérard Collomb, le maire de Lyon, candidat En Marche à la Métropole de Lyon, n’a pas non plus été épargné. Ni Prosper Kabalo, actuel 1er adjoint de Jean-Paul Bret, et candidat En Marche à Villeurbanne en 2020. La majorité de Bret s’est d’ailleurs disloquée pour cette échéance de 2020. Entre ceux qui restent sur la liste PS, ceux qui vont sur celle d’En Marche, et ceux qui arrêtent.
Le bilan de Jean-Paul Bret a d’ailleurs été unanimement salué. "Dans une agglomération où quelques socialistes, beaucoup parfois, ont tourné casaque, vous avez tenu bon, vous avez tenu le cap. Vous auriez pu repartir, tout le monde vous donnait gagnant mais vous avez fait le choix de rendre possible le renouvellement", a rendu hommage Van Styvendael. "Nous sommes tous en dette vis-à-vis de Jean-Paul Bret et de ce qu’il a fait", ajoute Vallaud.
Un "rassemblement" partiel, sans les écolos...
Les intervenants ont beaucoup "tapé" sur Macron et En Marche, répété des dizaines de fois le mot "rassemblement". Et pourtant, le " rassemblement" de la gauche, il n’est que partiel. Il ne comprend pas la force de gauche qui a le plus le vent en poupe actuellement, les écologistes. Béatrice Vessilier, la tête de liste EELV, a de très fortes ambitions dans une ville où elle est élue depuis 2008 aussi très implantée.
Alors Van Styvendael n’a pas épargné les écolos. Il s’en est pris notamment à Yannick Jadot, député européen EELV. Jadot a eu un discours de conquête début janvier en venant soutenir Vessilier à Villeurbanne. "Il faut prendre Villeurbanne, conquérir Villeurbanne. Il n'est plus question d'être les supplétifs et les partenaires sympas, qui nous battons au sein de majorités que nous ne dirigeons pas", avait-il lancé.
Les écologistes aussi taclés
"La conquête d’un trophée ? Ont-ils une revanche à prendre ? La maison brûle, et le plus urgent, le plus important, le plus nécessaire, ce serait de faire tomber les villes de gauche ?, lui a répondu Van Styvendael. Avis aux conquérants de tous bords, cette ville n’est pas à vendre, à prendre. Elle s’apprivoise, elle se mérite. L’écologie qui n’apporte pas de bénéfice concret pour tous, et notamment aux plus modestes, est une impasse. Qui porte plus de désordre que de justice".
Le PS en danger face aux écolos
"Ici, à Villeurbanne, l’hospitalité n’est pas un vain mot. Nous avons l’ambition à Villeurbanne de promouvoir un nouveau modèle de société, qui conjugue préservation de la planète, justice sociale et économie durable. C’est le sens de notre projet", a détaillé le candidat PS. "Cette élection engage plus que Villeurbanne, elle engage la reconquête. Il se joue à Villeurbanne, la France d’après", a ajouté Boris Vallaud.
Le PS a montré ses muscles, s’est réjoui à multiples reprises du "rassemblement" de la gauche. Un rassemblement partiel tant l’élection dans la 20e ville la plus peuplée de France, près de 150 000 habitants en 2017, pourrait ressembler au 1er tour à une primaire à gauche. Avec les écologistes. Et dans cette primaire, le PS est clairement en danger en 2020.
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