Le sénateur écologiste du Rhône, Thomas Dossus, a fait une visite surprise à la maison d'arrêt de Villefranche-sur-Saône lundi 18 juillet pour y vérifier les conditions d'incarcération des détenus en plein épisode de canicule. Nous avons pu l'accompagner pendant quatre heures à l'intérieur de la prison.
L'intérieur de la maison d'arrêt de Villefranche-sur-Saône, comme la plupart des prisons françaises, est le contre-exemple de tout ce qui est fait actuellement pour limiter les îlots de chaleur en ville. Les espaces extérieurs, là où les détenus font leur promenade quotidienne, sont des cours goudronnées ceintes de murs en béton. Un espace qui se transforme presque littéralement en four en pleine vague de canicule sur Lyon. Aucun végétal n'y est planté pour apporter un peu de fraîcheur. La seule ombre est celle du préau en béton.
À l'intérieur, les infrastructures ne sont pas non plus pensées pour amortir la chaleur. Les cellules ne comportent pas de volets ou de rideaux et ne sont pas équipées de climatisation. Ces aménagements pourraient sembler complètement anachroniques dans des bâtiments classiques, mais les normes de sécurité anti-évasion empêchent, en partie, la direction de l'établissement de changer certaines choses.
Il est ainsi impossible de planter un arbre au milieu de l'espace de promenade, car certains espaces seraient invisibles pour les caméras de vidéosurveillance et les détenus pourraient se servir de branches comme d'un outil pour tenter une évasion. Pour les fenêtres des cellules, les gardiens doivent pouvoir vérifier les barreaux des fenêtres d'un coup d’œil. Pas question d'y mettre des rideaux donc, mais pour ne pas rôtir les détenus ont actuellement le droit d'apposer une serviette humide sur leur fenêtre.
Une visite surprise du sénateur écologiste du Rhône
Ce décor intérieur de la prison de Villefranche, nous l'avons découvert en compagnie du sénateur écologiste du Rhône, Thomas Dossus, qui a effectué une visite surprise au centre pénitentiaire lundi 18 juillet aux heures les plus chaudes de l'après-midi. Avec lui, nous avons pu constater que la vague de chaleur est dure à supporter pour les détenus, même si la direction applique le plan canicule.
Sur les 722 détenus qui pointaient dans la maison d'arrêt lundi, environ 10% ont été signalés comme des personnes vulnérables par grosse chaleur. "On a un plan canicule avec une liste des détenus vulnérables qui font l'objet d'une distribution d'eau à volonté. On distribue aussi de la crème solaire et des bobs", confie David Schots, le directeur de la maison d'arrêt de Villefranche.
"On a un plan canicule avec une liste des détenus vulnérables qui font l'objet d'une distribution d'eau à volonté"
David Schots, directeur du centre pénitentiaire de Villefranche
Dans la prison, tous les prisonniers ne sont pas logés à la même enseigne. Dans l'un des bâtiments, un étage a été aménagé depuis 2020 en "module respect". Les détenus, qui ont été sélectionnés grâce à leur bonne conduite, peuvent entrer et sortir de leur cellule pour se balader à leur convenance dans le périmètre. Ils se regroupent à plusieurs dans des cellules relativement "spacieuses" pour partager les repas, ou rejoignent un espace commun pour jouer à la console de jeux ou aux échecs.
Surtout, ils peuvent aussi y prendre des douches à volonté, plus qu'un luxe alors que le thermomètre s'affole. "En période de canicule, ça change tout. Aux autres étages, c'est beaucoup plus dur pour les détenus. Ils ne peuvent prendre que trois douches par semaine. Nous, on a aussi plus de place dans nos cellules", raconte Yassir, condamné à une peine de prison. À côté de lui, Gino, un autre détenu, prépare le repas du soir : de la viande kebab avec des légumes et du riz. "La chaleur stagne dans la cellule, mais comme on a un ventilo c'est largement supportable", dit ce dernier.
Dans toute la prison, les détenus ont le droit aux ventilateurs. Mais, ils doivent les acheter avec leur propre argent. Dehors, dans l'une des cours de promenade, des hommes -il n'y a pas de quartier féminin dans cette maison d'arrêt-, tournent en rond en bande. Ils sont pour la plupart torse-nu, une casquette vissée sur le crâne. "Ils préfèrent avoir chaud dehors que dans leur cellule. On ne fait pas la chasse aux détenus torse-nu. Normalement, ils devraient toujours avoir leur tenue de détenu, mais en période de canicule on laisse filer", souligne le directeur David Schots, qui avait été accusé d'avoir frappé un détenu en 2017. Une plainte a finalement été classée sans suite.
En poursuivant notre visite, nous entrons dans les ateliers du centre pénitentiaire. Des détenus volontaires travaillent dans un grand hangar pour différentes entreprises partenaires de l'établissement. Un jeune homme, au look soigné, nettoie des pièces automobiles. Il vérifie la qualité de pièces de refroidissement. Un ventilateur tourne à plein régime dans sa direction. "Dans les cellules, on a du mal à respirer. Là, je fais un travail physique donc j'ai mis le ventilateur. Il fait très chaud". Autour de lui, certains détenus semblent moins gênés par la chaleur. Ils n'ont pas allumé les ventilateurs mis à leur disposition.
La médecin généraliste Anais Roumieu veille toute l'année sur les détenus. Elle redouble de vigilance en période de canicule. "On tient une liste des détenus vulnérables et on peut leur donner des bombes d'eau en cas de forte chaleur. Aujourd'hui, on a un patient asthmatique qui est venu. On lui a donné des sprays pour l'aider à mieux respirer. Au service médical, on a un bon lien avec les détenus. Ils nous écoutent souvent".
Avec la chaleur, les surveillants pénitentiaires font face à davantage d'actes de rébellion. Dans un couloir, de l'eau coule à flots sur le sol. Un prisonnier a provoqué volontairement une inondation en ouvrant le robinet de sa cellule. Il voulait obliger les surveillants à le sortir de sa cellule.
À force de grimper des volées de marches et de parcourir des espaces extérieurs en surchauffe, le sénateur écologiste Thomas Dossus sort de sa visite surprise en sueur. Quel bilan fait-il de son inspection des lieux ? "C'est un établissement qui est moins vétuste que ce que l'on pourrait penser, mais on voit que la chaleur y dégrade les conditions de détention. C'est un bâtiment très bétonné. Le personnel fait tout son possible pour améliorer la situation pendant la vague de chaleur. Je pense que pendant ces canicules, il faudrait vider en partie les prisons, comme ce qui avait été fait pendant le Covid", juge le parlementaire.
Lors du premier confinement au printemps 2020, plus de 200 détenus du centre pénitentiaire de Villefranche avaient été libérés grâce à des aménagements de peine. Mais, depuis la fin des restrictions sanitaires, la prison affiche à nouveau un taux d'occupation supérieur à 100% avec 722 détenus pour 599 places.
« Je pense que pendant ces canicules, il faudrait vider en partie les prisons, comme ce qui avait été fait pendant le Covid »
Mort de rire, sacré sénateur! On ne peut pas etre plus déconnecté du quotidien des français que ça.
Au passage il devrait commencer par mieux s’alimenter, ca aide aussi pendant la canicule d’etre svelte 🙂
Et puis avec la monnaie, vous pourrez trouver des gens qui iront se prendre des coups à votre place pour surveiller les prisonniers qui logiquement pètent les plombs dans une chaleur ignoble... 🙂
Le bracelet électronique ça doit être fait que pour les anciens amis de Sarkozy et pour Sarkozy lui-même ? 😉
La fonction de la prison est la punition, on n'y entre pas encore moins aujourd'hui par erreur. Quant au sénateur il devrait commencer ses visites par hôpitaux, EHPAD, proposer une loi facturant le cout de la détention telle que dans l'Europe du Nord alignée sur le forfait hospitalier. Accordons nos aides aux victimes durcissons les conditions de détentions.
Ils se regroupent à plusieurs dans des cellules relativement "spacieuses" pour partager les repas, ou rejoignent un espace commun pour jouer à la console de jeux ou aux échecs!! des victimes de la pénitentiaire en somme.