La Cour des comptes européenne a critiqué dans un rapport les retards et le coût de la ligne Lyon-Turin, cofinancée par l'Europe. Plus inquiétant, elle semble dubitative sur les projections de trafic et s'interroge sur le coût écologique global du projet.
Dans un rapport publié le 16 juin, la Cour des comptes européenne (CCE) a contrôlé la gestion, par la Commission, de huit mégaprojets transfrontaliers dans le domaine des transports, dont la ligne Lyon-Turin. Retards, coûts sous-évalués, impact écologique surestimé, la CCE tire un bilan négatif de certains mégaprojets. C’est notamment le cas pour la ligne que reliera Lyon à la capitale du piémont.
Lyon-Turin champion des retards et des surcoûts
Ainsi, la Cour pointe d'abord le retard (15 ans) pris par le projet. Il s'agit de l'infrastructure qui accuse le délai de mise en service le plus grand derrière le canal Seine-Nord Europe et ses 18 ans). Initialement, le début des travaux du Lyon-Tutin devait avoir lieu en 2008 pour une fin en 2015. Ceux-ci n'ont commencé finalement qu'en 2015 et ne se termineront pas avant 2030 avec un “risque moyen” que cette date soit même dépassée. Par ailleurs, du côté français un “risque élevé” existe, notamment du côté français, pour que l'infrastructure ne fonctionne pas à pleine capacité à cette date.
Des retards qui se conjuguent avec une explosion des coûts de construction. +85% entre les 5,2 milliards d’estimations initiales et les 9,6 milliards d’aujourd’hui. Là encore, le Lyon-Turin est le 2e mégaprojet où le surcoût est le plus fort derrière la liaison Seine-Escaut (+199%, 3,3 milliards).
Un projet pas si écolo ?
Plus inquiétant, la CCE doute de la pertinence des prévisions de trafic dans son rapport. 24 millions de tonnes de marchandise devraient être transportées en 2035 sur cet axe selon les analyses. “Soit huit fois le flux de trafic actuel”, note la Cour. Cette ligne absorberait ainsi une partie des 44 millions de tonnes échangés par la frontière chaque année. “Cependant, pour qu'un tel transfert se concrétise, certaines conditions devront être respectées, à savoir la résorption des goulets d'étranglement et la construction des liaisons manquantes au niveau du corridor, ainsi que l'amélioration des conditions de circulation multimodale afin d'assurer un trafic ferroviaire fluide et interopérable”, écrit la CCE.
D'après cette dernière, de manière générale, “les prévisions de trafic risquent d'être trop optimistes (…) étant donné le caractère très modeste du transfert modal en Europe ces 20 dernières années, il existe un risque élevé de surestimation des effets positifs de la multimodalité de bon nombre des infrastructures de transport phare.”
Sur le Lyon-Turin, la construction générerait 10 millions de tonnes d'émissions de CO2. Pour la Cour des comptes européenne, “les émissions de CO2 ne seraient compensées que 25 ans après l'entrée en service de l'infrastructure”, si la prévision de 24 millions de tonnes, jugée optimiste, avait finalement lieu. “Cette prédiction dépend en outre des volumes de trafic: s'ils n'atteignent que la moitié du niveau prévu, il faudra 50 ans à partir de l'entrée en service de l'infrastructure avant que le CO2 émis par sa construction soit compensé”, précise la CCE.
Plusieurs recommandations
Dans ce rapport, la cour, qui a analysé huit grands projets, a globalement pointé “des retards dans la construction et la mise en service” dans la presque totalité des cas. Elle a par ailleurs soulevé des cas “de mauvaise planification et de mise en oeuvre inefficiente” et critiqué la “supervision faible et distante de la Commission sur l'achèvement du réseau dans les délais prévus”. Plusieurs recommandations ont été formulées dont la production “d'une meilleure analyse avant de décider d'octroyer un cofinancement de l'UE à des mégaprojets” et “de renforcer les pratiques de gestion concernant le cofinancement de l'UE en faveur d'actions qui s'inscrivent dans des mégaprojets”.
Silence total du coté de la ministre D Borne , des verts sur un projet pharaonique, on note toujours aussi peu de trafic fluvial, sans doute à cause de l'abandon de Rhin-Rhône par l'écolo D Voynet (devenue depuis responsable de l'ARS à Mayotte !!). voie ferrée ou voie d'eau les transporteurs routiers qui ne paient pas le cout véritable de l'usage des routes n'utiliseront ces moyens que contraints et forcés . On nous rebat du réchauffement climatique mais force est de constater , une progression constante du trafic poids lourds sur autoroutes. Enfin 25 ans pour compenser en CO2 le projet, quelle joli résultat.