L’Université de Lyon, en partenariat avec Lyon Capitale, a organisé sur ce thème une table ronde exceptionnelle avec le spécialiste de gestion de crise Patrick Lagadec et le climatologue Hervé Le Treut, jeudi 15 novembre. À voir en vidéo.
Le 29 août 2005, l’ouragan Katrina frappait la côte sud des États-Unis, ravageant tout sur son passage sur plus de 235.000 kilomètres carrés, l’équivalent de quasiment la moitié de la France. Bilan : 1.322 morts, l’inondation totale de La Nouvelle-Orléans (35e ville du pays) et des dégâts colossaux. Huit mois après le terrifiant tsunami qui frappa la Thaïlande, la plus grande puissance du monde mettait un genou à terre et devait avouer son impuissance devant la colère des éléments. L’amiral Thad Allen, commandant des garde-côtes américains, avait alors parlé d’“arme de destruction massive sans dimension criminelle”.
Ces “mégachocs” font l’objet, jeudi 15 novembre, d’une soirée exceptionnelle organisée par l’Université de Lyon, en partenariat avec Lyon Capitale. Deux invités de choix, assez rares dans les médias, viendront débattre sur la thématique “Changements de climat : changements de société ?” Patrick Lagadec, directeur de recherches à l’École polytechnique, est l’un des spécialistes mondiaux de la gestion de crise, et Hervé Le Treut, membre de l’Académie des sciences, l’un des plus éminents climatologues français.
Hors échelle
Il y a quelques semaines, le réassureur allemand Munich Re publiait une note sur les changements climatiques. L’Amérique du Nord est l’endroit de la planète le plus affecté par la recrudescence des catastrophes climatiques. Entre 1980 et 2011, celles-ci ont coûté la vie à près de 30.000 personnes et occasionné plus de 1.000 milliards de dollars de dégâts. Sur les trois dernières décennies, le nombre d’événements climatiques extrêmes a presque quintuplé sur le continent nord-américain, devançant l’Asie (multiplication par 4), l’Afrique (x2,5), l’Europe (x2) et l’Amérique du Sud (x1,5). Cyclones, tornades, inondations, sécheresse, incendies de forêt, tempêtes de neige, etc.
Ce que Patrick Lagadec définit comme “des univers dans lesquels l’imprévu devient la norme”. Le risque majeur des années 1970-2000 se déploie désormais dans des espaces inconnus. On passe de la grande échelle au hors-échelle. De la vitesse à l’instantanéité. Les effets d’une catastrophe sur une économie extrêmement financiarisée et basée sur des serveurs et des algorithmes toujours plus complexes peuvent prendre des proportions affolantes. En témoigne le “flash krach” de mai 2010 où Wall Street vit s’évaporer 700 milliards de dollars en 7 millisecondes. “Il faudra désormais quasiment opérer en temps négatif ”, prévient Patrick Lagadec.
Un climat algérois à Lyon ?
Malgré les incertitudes qui pèsent encore aujourd’hui sur les modélisations précises des climatologues, des directions fortes se dégagent des projections, qui vont globalement dans le même sens : réchauffement et assèchement. Il faut s’attendre à une hausse généralisée des températures, une baisse des précipitations estivales, une réduction du couvert neigeux, une augmentation du nombre de jours caniculaires et à des sécheresses plus fréquentes et plus intenses.
Lyon pourrait sans doute être sous les eaux, comme en février 1812 où une inondation catastrophique submergea une bonne partie du pays, de Genève jusqu’à Lyon, ou en 1856 quand les quartiers des Brotteaux et de la Guillotière, qui comptaient alors 40.000 habitants, furent engloutis, après que la digue de la Tête-d’Or céda à une puissante vague. Et si, en 2070, le climat de Lyon ressemblait à celui d’Alger ? L’hypothèse a été avancée.
Quels scénarios d’avenir sont aujourd’hui envisagés par les chercheurs ? Quelles évolutions techniques, sociales ou culturelles la situation exige-t-elle ? Comment lever les freins à l’engagement de changements et adapter nos sociétés à la nouvelle donne climatique ? C’est sur toutes ces questions, ces “enjeux du siècle” que Patrick Lagadec et Hervé Le Treut apporteront un éclairage inédit.