Terminée depuis le 19 octobre, l’enquête publique organisée dans le cadre de l’élaboration du Règlement local de publicité intercommunal (RLPi) s’est révélée très mouvementée. Les professionnels et les associations anti-pubs s’accusant tour à tour de fausser ce procédé démocratique, qui ne devrait avoir qu’un impact marginal sur le futur RLPi.
Lancée il y a près de cinq ans sous la précédente majorité à la tête de la métropole de Lyon, l’élaboration du règlement local de publicité intercommunal (RLPi) n’est pas un long fleuve tranquille. Le sujet a même tendance à déchaîner les passions des associations luttant pour la réduction de la publicité et des professionnels du secteur qui tentent d’en limiter l’impact sur leur profession, alors que la majorité écologiste a voulu aller plus loin en récupérant le dossier.
"Cyber-raid"
Depuis de nombreux mois, cette même majorité martèle que si le sujet fait beaucoup débat, il n’en reste pas moins que "80% des gens sont pour une réduction forte de la publicité". À côté "il y a une minorité de personnes qui défendent leurs intérêts particuliers. C’est normal, c’est la démocratie", commente Philippe Guelpa-Bonaro, le vice-président de la Métropole de Lyon chargé de porter le projet de RLPi jusqu’à son vote en mars 2023. Des affirmations à laquelle l’enquête publique lancée auprès des Grands Lyonnais début septembre et qui s'est terminée le 19 octobre devait apporter un éclairage.
"Avant le cyber-raid on était à 2/3 de remarque contre le RLP et 1/3 pour et après le raid on est passé à 80%", Julien Aguettant, co-fondateur du collectif pour la communication extérieure
Problème, si l’enquête publique a bien mobilisé pendant un mois, ce dont se réjouit l’élu de la Métropole, celle-ci a été plus que mouvementée. "Il y a eu un cyber-raid, des copier-coller d’une lettre des centaines de fois. Avant le cyber-raid on était à 2/3 de remarque contre le RLP et 1/3 pour et après le raid on est passé à 80%", déplore Julien Aguettant co-fondateur du collectif pour la communication extérieure. Du côté des associations qu’il pointe du doigt, on répond avoir agi en réponse à un procédé similaire mené par les professionnels.
"Ils ont choisi d’avoir une réponse massive en faisant appel aux employés des entreprises du secteur donc on a décidé de faire pareil. Il était important de rappeler que le rapport de force est chez nous et pas du côté de la pub", Anthony Geoffroy président de l'association anti-pub Plein La Vue
"On a adapté notre stratégie", reconnaît Anthony Geoffroy le président de l'association anti-pub Plein La Vue. "Ils ont choisi d’avoir une réponse massive en faisant appel aux employés des entreprises du secteur donc on a décidé de faire pareil. Il était important de rappeler que le rapport de force est chez nous et pas du côté de la pub", justifie-t-il. Toutefois, il assure que la lettre publiée dans de très nombreux messages sur l’enquête publique l’a été par de "vraies personnes qui partagent ses valeurs. Le problème des enquêtes publiques c’est que ce sont des outils qui demandent d’être initié pour comprendre le document présenté", explique Anthony Geoffroy, sous entendu la lettre était un moyen de vulgariser l’information de l’enquête pour le plus grand nombre.
Entre le 19/09 et le 6/10 les lobbies de l'affichage ont caviardé l'enquête publique relative au RLPi avec une centaine de messages types repris par des contributeurs de toutes la France
Cela n'a en rien choqué les pro lobbies comme @PhilippeCochet qui dénonce ajd'hui le procédé pic.twitter.com/tlHEFf20JD
— Collectif Plein la Vue (@Coll_Pleinlavue) October 17, 2022
"C’est le jeu de la démocratie"
Chacun se renvoie donc la balle dans cette affaire très politique, mais au fond est-ce que cela rend caduque cette enquête publique ? À en croire Philippe Guelpa-Bonaro "non", même si selon lui "les annonceurs et le monde économique se sont d’abord mobilisés et ont transmis un document PowerPoint avec des arguments, souvent faux, et des phrases à copier-coller dans la contribution. Ce à quoi le monde associatif a répondu". "C’est le jeu de la démocratie", commente l’élu écologiste, qui précise que les commissaires enquêteurs nommés par le tribunal administratif pour gérer l’enquête "savent très bien faire le tri entre les messages automatiques un peu plus sincères et spontanés des contributeurs". D’autant que même s’il s’avère qu’un message a été copié plusieurs fois dans l’enquête publique, il ne sera publié qu’une seule fois dans le rapport des commissaires, qui demanderont ensuite à la Métropole d’y apporter une réponse, avec une certaine pondération selon la teneur du problème soulevé.
Le poids très relatif de cette enquête publique
Ce fameux rapport est attendu d’ici la fin de l’année par Philippe Guelpa-Bonaro, qui insiste toutefois sur le fait que "les résultats de l’enquête publique ne peuvent pas modifier fortement l’équilibre économique du projet donc ce sera des modifications relativement marginales". De quoi irriter encore un peu plus Julien Aguettant. "Des Grands Lyonnais, des chefs d’entreprises, des personnes sensibles au sujet de l’économie se sont exprimés. S’ils ne tiennent pas compte des remarques, cela veut dire qu’ils se moquent du processus démocratique", peste le directeur du développement de l'entreprise LightAir qui juge le RLPi déséquilibré en l’état.
"À mon sens, le texte ne répond pas aux enjeux environnementaux et va casser l’équilibre économique du territoire en mettant des employés au chômage. On interdit à nos entreprises de fabriquer et aux entreprises de communiquer", Julien Aguettant, co-fondateur du collectif pour la communication extérieure
Si elle ne devait finalement avoir qu’un impact relatif, l’enquête publique aura au moins permis de confirmer une chose, c’est que l’encadrement de la publicité mobilise fortement dans la Métropole de Lyon. Pour Philippe Guelpa-Bonaro l'enseignement à tirer de cette affaire est peut-être là, "On est dans un pays où la démocratie a une telle tendance à s’effriter que là il y a des contributions, du dialogue, du débat et je trouve que c’est une très bonne nouvelle".
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je sais pas quel impact a la publicité sur les personnes mais franchement
on va pas acheter un produit si on en a pas besoin
on est adultes
donc ce debat me parit hors sol
C'est pour ça que dans le monde, 600 milliards de dollars sont dépensés chaque année dans la pub :
c'est parce que ça ne change pas les comportements des consommateurs, que ça n'a aucun impact !
😀
D'ailleurs, s'il n'existe pas 1 seule page de pub à la télé, sans une pub pour les voitures, ce n'est donc pas du tout pour nous bouffer le cerveau en nous imposant l'idée que "voiture = bonheur" (et par conséquent : "sans voiture = pas de bonheur")
😉
Il est temps de réduire la publicité qui nous incite à s'acheter n'importe quoi, tel une voiture thermique par exemple. Une voiture thermique c'est mauvais pour le climat, la qualité de l'air respiré, notre espérance de vie (48 000 morts prématurés en France chaque année), les déchets qui s'amoncellent, le budget des non acheteurs (hôpitaux, accidents, sédentarité, CPAM), le budget de l'automobiliste, la faune écrasée (bambi), etc. Tout ça, la publicité n'en parle évidemment pas.
Merci pour cette concertation pour encadrer un peu la publicité.
" Pour qui se prend t-il pour critiquer ainsi les Lyonnais ?"