Banalité évidente ? Lapalissade ? Les Français n’ont jamais été si nombreux à faire aussi peu confiance à leur système judiciaire. La justice est à la croisée de doléances de l’opinion publique et d’impératifs imposés par la loi.
C’est une idée très répandue dans l’opinion. Une petite musique qui ne cesse de grimper d’année en année. Le laxisme judiciaire, père de tous les maux ? Le procès est récurrent et l’accusation omniprésente, surtout au lendemain de drames. Fin septembre, le viol et le meurtre de Philippine, une jeune fille de 19 ans, a suscité “l’émotion de toute la nation”, selon les mots d’Emmanuel Macron. Si le président de la République s’est refusé à entrer dans la polémique entourant le suspect du meurtre, un Marocain en situation irrégulière déjà condamné pour viol et faisant l’objet d’une obligation de quitter le territoire, il a ajouté qu’“il (fallait) chaque jour mieux protéger les Français, le faire et moins dire”, une phrase en écho aux déclarations du Premier ministre Michel Barnier qui, lors de la passation de pouvoirs avec Gabriel Attal, avait promis “davantage agir que parler”.
8 Français sur 10 estiment que la justice est trop laxiste ou pas assez sévère
Duel à fleurets mouchetés
Invités simultanément au journal télévisé de TF1 et France 2, le 23 septembre dernier, les ministres de l’Intérieur et de la Justice, Bruno Retailleau (LR) et Didier Migaud (PS), offraient le spectacle de leurs premières frictions. “Il faut que nous, ministère de l’Intérieur, on fasse le job, mais il faut aussi que l’on revoie, très vraisemblablement, un certain nombre de cadres pour changer une politique pénale qui, je pense, depuis très, très longtemps, a laissé s’installer ce droit à l’inexécution des peines. Il faut qu’il y ait des peines prononcées, que les peines prononcées soient aussi des peines exécutées”, a expliqué le premier. Réponse du berger à la bergère : “Il a ses convictions, il est ministre de l’Intérieur. Moi, je suis ministre de la Justice. Je dois, moi aussi, montrer de l’autorité, de la fermeté, faire en sorte qu’il n’y ait pas d’impunité, mais tout en faisant en sorte, c’est le rôle du garde des Sceaux, que l’État de droit soit respecté, que les procédures aussi soient respectées.”
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