Inféodés à la capitale de la gastronomie, les rats font des apparitions de plus en plus fréquentes dans les rues de Lyon (en images et vidéos).
Faut-il s’inquiéter de leur recrudescence ? Quels dangers nous font courir ces rongeurs anthropo-dépendants ? S’ils ne laissent personne indifférent, l’exécutif écologiste lyonnais semble tiraillé entre, d’un côté, l’enjeu de salubrité publique que représente la régulation des rats et, de l’autre, la défense de la condition animale. Les statistiques des rats à Lyon. @Lyon Capitale “Deux rats, là ! Vous les voyez ? Gros comme des petits chats.” Romain Lasseur, biologiste et patron d’Izipest, spécialiste de la lutte contre les nuisibles, s’adresse au petit groupe qui l’accompagne : des techniciens “3D” (pour dératisation, désinsectisation, désinfection) en entreprises, en collectivités et des gestionnaires urbains. La petite troupe est en formation pour “acquérir un niveau d’expertise et de spécialisation en biologie et diagnostic des rongeurs commensaux (rats bruns, rats noirs, souris)”. Les deux muridés qui font face à la dizaine d’hommes ne semblent pas vraiment effrayés par leur présence. Il faut dire que place de Milan (à la sortie droite de la gare de la Part-Dieu, côté centre commercial), c’est un peu Ratatouille en mode réalité augmentée. Romain Lasseur, qui arpente régulièrement la ville de long en large, est formel : “C’est l’une des plus fortes densités de rats en ville.” Il estime qu’il y en aurait “au moins deux cents” qui vivraient sur cette place d’à peine 2 000 m2.L’île aux rats
Chiffrer avec précision la présence de rats relève de la gageure. “Nous pouvons seulement établir des indices par le biais des signes de rongeurs et des appels de plaintes pour savoir si le nombre de rats, dans une ville, dans un quartier, un parc, un bâtiment est inexistant, faible, modéré ou sévère”, explique à Lyon Capitale Bobby Corrigan, célèbre rodentologue américain qui met son expertise au service des villes du monde entier en sa qualité de consultant indépendant. À Lyon, s’il s’est toujours murmuré qu’il fallait compter un rat par habitant, Romain Lasseur, lui, s’accorde à dire qu’il y aurait plutôt un million de rats, soit deux par habitant. Ce qui ferait de Lyon l’une des villes les plus infestées de France (avec un ratio supérieur à celui de Paris ou Marseille, coté entre 1,5 et 1,75 selon l’Académie nationale de médecine). Rat écrasé sur les berges du Rhône, à Lyon@Lyon Capitale Place de Milan, véritable “île aux rats”, s’entassent des demandeurs d’asile et des réfugiés dans des tentes de fortune (près de 85 selon les associations qui alertent la Métropole de Lyon pour qu’ils soient relogés). Si les rats y prolifèrent autant, de jour comme de nuit – hommage peu reluisant à la capitale italienne de la mode –, c’est bien en raison de l’abondante disponibilité alimentaire. “Les migrants ramènent de la nourriture qui jonche le sol ; quant aux poubelles, pleines à ‘rats’ bord (sic.), elles sont placées à côté de petits murets, les rats n’ont plus qu’à sauter dedans. En un mot : on leur facilite la tâche”, se désole Romain Lasseur qui pose en creux la question de l’aménagement urbain. La mairie et la Métropole écologistes de Lyon ont choisi, de concert, de ne plus déloger les sans-abri sans leur proposer une solution d’hébergement. Cette politique, en l’espèce, a ses limites : place de Milan, les migrants sont livrés à leur sort, abandonnés au milieu des rats. Ces derniers nichent sous les tentes, posées sur des palettes en bois, qui jouent le rôle d’isolant contre le froid. Il suffit d’aller sur place pour se rendre compte de l’ampleur du phénomène. En un quart d’heure, on en a croisé une bonne vingtaine. Les terre-pleins sont lardés de trous, autant d’entrées de terriers qui mènent à des galeries souterraines, et les petits buissons sont cafis de rats de toutes tailles. Certaines toiles de tentes sont même grignotées par les rongeurs. Un “insulaire”, originaire d’Afrique du Nord-Est, raconte que les rats rentrent dans sa tente et qu’il les sent même parfois passer sur sa tête.
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