Mardi 7 décembre, la préfecture du Rhône a annoncé que la vente et la consommation de nourriture et boisson seront interdites sur tout le périmètre de la Fête des Lumières. Exit les stands de vente à emporter, alors que les restaurants étaient en plein préparatifs.
Quelques heures avant le service de midi, mardi 7 décembre, les restaurateurs et cafetiers de la Presqu'Île s'affairent. Installation des tables, service au client, et réception des livraisons de victuailles pour la Fête des Lumières. Même si certains sont pessimistes, la plupart espèrent le retour d'une grande fête, et de milliers de touristes, pour cette édition 2021. À J-1, tout est presque prêt.
En fin de journée, coup de massue. La préfecture interdit la vente à emporter de boissons et de nourriture sur un large périmètre, dans la Presqu'Île et autour de toutes les animations. Encore une fois, l'épidémie de covid-19, dont la croissance est exponentielle depuis 15 jours, vient entacher la fête.
Finie la vente à emporter
Plus tôt dans la matinée, une réunion s'est tenue entre la préfecture, la mairie de Lyon et les représentants du secteur. "On est mis au courant la veille pour le lendemain. C'est super décevant. La décision aurait pu être prise il y a une semaine, pour éviter aux restaurateurs de louer du matériel. Et quid des marchandises dans les frigos ?", souffle, amer, Geoffrey Clavel, président de la branche cafés/brasseries à l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH) du Rhône.
Dans son snack sur la place Bellecour, 600 kg de viande fraîche attendaient d'être cuisinés pour être dégustés par les passants venus admirer la "Vague", immense installation lumineuse au centre de la place. Il envisage de les fournir à une association d'aide alimentaire aux plus précaires, pour éviter qu'elle se perde. Et il va sûrement décommander la commande exceptionnelle passée à son boulanger.
"On va faire au mieux pour honorer la fête mais elle perd en convivialité, se désole le restaurateur. J'espère que tout le monde va jouer le jeu...". Dans un rire jaune, il évoque une "défaite des Lumières" et ne peut s'empêcher de s'interroger sur l'avenir des restaurants, après la fermeture des discothèques imposées par le gouvernement.
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Des préparatifs d'ampleur
Pour tous les restaurateurs dans le périmètre de la Fête des Lumières, se préparer à l'arrivée d'un million de possibles clients est un enjeu de taille. Ces quatre jours de festivités "représentent 30% du chiffre d'affaire du mois de décembre" des établissements, explique Geoffrey Clavel. La plupart commandent des quantités de nourritures et boissons beaucoup plus importantes qu'à l'ordinaire, et embauchent du personnel.
"On a acheté plus de bières, de viande, de frites. On va faire beaucoup plus de plats et de restauration sur place. On ne prendra pas de clients juste pour boire un verre", explique Kurbani Mutlu, de la Brasserie La Fontaine. Il a préféré ne pas embaucher de personnel supplémentaire. "On compte sur la Fête des Lumières parce qu'au mois de novembre on a pas beaucoup travaillé", explique-t-il. Son établissement et sa terrasses vides, à 11 heures, ne font que confirmer ses dires. Il est pourtant idéalement situé sur la place des Terreaux.
Plus loin, Julien*, le gérant d'un établissement de la place a presque doublé ses effectifs pour monter à 10 employés. "On a eu la chance de trouver du personnel. On a embauché quatre personnes en plus, dont un portier pour vérifier les pass sanitaires", explique-t-il. Et l'équipe n'est pas le seul élément qui a connu un remaniement. "On a réduit la carte. (...) Ce qui marche le mieux c'est le saucisson chaud et le vin chaud", détaille le gérant. Il espère accueillir un grand nombre de clients.
"On compte sur la Fête des Lumières parce qu'au mois de novembre on a pas beaucoup travaillé", explique Kurbani Mutlu, de la Brasserie La Fontaine sur la place des Terreaux. Les quatre jours représentaitent environ 30% du chiffre d'affaire des restaurateurs sur le mois de décembre les années précédentes selon l'UMIH du Rhône.
Chauvins (et stratèges), les restaurateurs ont choisi de miser sur les produits lyonnais. "On a fait une mini-carte et un menu spécial". Kévin Le Boulc'h attrape une carte derrière-lui. "En entrée on peut trouver un gâteau de foie de volaille ou une soupe à l'oignon...", énumère le directeur du Bistrot de Lyon, rue Mercière. Le restaurateur ne poursuit pas sa lecture, il veut garder la surprise. Pour contenter le maximum de clients, le restaurant ouvrira sur des horaires étendus, de 18h30 à 23h. Au grand regret de Kévin Le Boulc'h, le restaurant n'a pas réussi à embaucher pour ces quatre soirs.
À quelques mètres, le gérant de Léon, chaîne de restaurant autour des produits de la mer, nous accueille. Mardi 7 décembre au matin, il était encore optimiste. "Il y aura des stands à l'extérieur pour de la vente à emporter de fricadelles ou des frites", nous détaillait le gérant. Et il a embauché une dizaine de personnes pour l'occasion, sur tout le restaurant. Après les annonces de la préfecture, il devra se contenter du menu spécial, plat/dessert, avec des moules à la lyonnaise.
Covid-19, virus du pessimisme
Même avant l'interdiction de la vente à emporter, difficile pour les restaurateurs et cafetiers de se départir d'une lassitude qui pèse sur leurs épaules depuis près de deux ans. Très prudent, Jérôme Bianchi, de la brasserie des Célestins n'a pas voulu croire à un afflux de clients pour ces quatre jours de festivités. "On a divisé par deux nos commandes de produits par rapport à 2019. On faisait toujours un menu spécial, mais pas cette année", explique-t-il. La place des Célestins est pourtant prisée lors de la Fête des Lumières. Elle accueille souvent des animations. Cette année c'est un dôme lumineux en néon, composé de triangles, qui s'érige devant le théâtre.
"Je ne comprends pas pourquoi on fait la Fête des Lumières avec ce qui se passe, si c'est pour qu'on soit tous fermés après", ajoute-t-il, entre deux sets de couverts installés en vitesse. Julien*, gérant du bar-restaurant sur la place des Terreaux s'inquiète aussi. Il craint un pic de contaminations lors de la Fête des Lumières, qui pourraient aggraver la situation sanitaire. "Si jamais on ferme dans un mois, c'est injuste. (...) J'aurai préféré qu'on dise au revoir à ces grandes fêtes et qu'on continue de travailler", assène-t-il. Entre interdictions et inquiétude, la Fête des Lumières laisse un goût aigre-doux chez les restaurateurs lyonnais.
Ce soir au restaus avec foie gras et verre de vin !
Ce soir au restaurant avec foie gras et verre de vin !
Oh oui !!! un Loupiac ou un Sauternes !
Sinon, concertation qu'ils disent sans arrêt ces escrocs, non ?!
Prévenir la veille, où est la concertation et le dialogue ?
La reprise d'épidémie, on l'a vu venir depuis des lustres. Donc, aucunes excuses !!!