Mais pourquoi s'est-il lancé dans cette aventure assez folle de "déconstruction" apocalyptique de sa résidence des Monts d'or ? "Par vengeance" nous assurent plusieurs sources proches d'Ehrmann à l'époque. Lui-même aime d'ailleurs répéter : "J'ai complètement annihilé la valeur de ce bien. C'est ce que me reprochent les détracteurs de la Demeure". D'après plusieurs sources, cette "annihilation" aurait eu pour but de rendre sans valeur une hypothèque détenue par la Banque Rhône-Alpes sur une partie de la résidence. La Banque l'aurait obtenue en garantie d'un prêt accordé à Ehrmann pour faire des travaux d'extension du siège du Groupe Serveur à Saint-Romain-au-Mont d'Or. Un prêt qu'Ehrmann n'aurait pas remboursé. Dans le même temps, en 2000, Ehrmann a réalisé une très mauvaise opération en entrant, aux côtés de cette banque, dans le capital de la société Elia, une entreprise spécialisée dans la gestion informatique de la traçabilité qu'Ehrmann fera rebaptiser Tracing Serveur. Ehrmann aurait injecté beaucoup d'argent personnel dans l'affaire et en aurait aussi emprunté auprès de la Banque Rhône-Alpes, prêt qu'il avait prévu de rembourser avec ses actions. Sauf que l'effondrement du cours de Tracing Serveur le mettra dans l'impossibilité de rembourser. Ehrmann estime qu'il a été "escroqué" par la Banque Rhône-Alpes, qui se serait servi de lui pour renflouer une société lourdement endettée auprès d'elle. Il jure même qu'il a porté plainte pour escroquerie à l'épargne publique contre la Banque Rhône-Alpes et un autre intervenant de cette affaire, Paul Billon. Ce que le Procureur de la République dément. Pour retrouver l'argent, la Banque Rhône-Alpes a exigé le nantissement, une sorte de gage, sur des actions Artprice. Soit au cours de bourse actuel, 400 000 actions Artprice pour atteindre les 1,5 million d'euros.
Obligé de rembourser la Banque Rhône-Alpes, Thierry Ehrmann aurait-il voulu protéger son bien en "annihilant" sa valeur comme il le dit? Ehrmann le réfute en tout cas fermement. Pour nous en convaincre, il avance à nouveau un bien curieux argument : il écrit, dit et se persuade que l'aventure de la Demeure du Chaos a démarré en 1999, et donc avant l'affaire Tracing Serveur. Or tout prouve - à commencer par les articles de presse de l'époque - que ce projet artistique a bien démarré après, en 2004. En 2001, Le Monde dresse d'ailleurs un très long portrait du "provocateur du net" : "Les locaux de son siège social attestent de goûts éclectiques : ici une sculpture animalière en verre, là un tableau géant du peintre Yang Pei Ming. Mais l'essentiel de sa collection est constitué de photos...". Rien sur la Demeure du Chaos.
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