Hier à Lyon le magazine Elle organisait un grand débat autour de la place de femme dans la société. L'idée était de faire parler les participantes, qu'elles évoquent leurs situations, leurs envies, leurs attentes. Récit d'une demie journée ... très instructive.
Travail, amour, corps et vie publique : c'est autour de ces quatre thèmes que quelques lectrices assidues du magazine Elle âgées de 20 à 70 ans ont débattu toute la matinée au palais du commerce de Lyon. Face à elles les journalistes de la rédaction du magazine Elle. Une des tables rondes portait sur "le corps" : vaste sujet qui jongle entre bien-être, esthétisme, contraception et image de soi. Dans un premier temps, le sujet n'a pas inspiré tout le monde. Pour détendre l'atmosphère, Isabelle Maury, rédactrice en chef du magazine a interrogé le public : "si vous étiez un animal, lequel choisiriez-vous et pourquoi ?". Les langues se sont déliées et parmi les réponses, les félins ont largement dominé pour la liberté qu'ils représentent.
Se reconnaître dans les magazines féminins
Très vite, les invitées ont ensuite abordé le problème des magazines féminins. Ça tombe bien ! Jeunisme, culte de la maîtrise du corps, dictature de la maigreur, les participantes n'ont pas donné leur langue au chat. Certaines, comme Véronique, ont affirmé haut et fort : "Moi, quand j'achète un magazine, je veux que ça me fasse rêver, je n'ai pas envie de voir des boudins en couverture". Une intervention qui a déclenché les hurlements des étudiantes, venues en majorité de Sciences Po Lyon. Dès lors, le débat s'est animé et le ping-pong verbal accéléré, obligeant parfois Isabelle Maury à intervenir : "pas tout le monde à la fois, s'il vous plaît !".
Fonder une famille : désir ou contrainte ?
Tantôt léger, tantôt grave, le débat s'est poursuivi sur d'autres sujets comme le travail, les contraintes de la femme en société : "avec l'allongement des études et l'insertion professionnelle, on est prête à faire des enfants plus tard. Mais au fil de l'âge, la fertilité baisse et on a beaucoup de mal à en avoir", a témoigné une participante. Beaucoup de femmes, trentenaires ou quadras ont évoqué le sentiment de se sentir "coincée" par le choix qu'elles devaient faire entre carrière et famille. En cause : les mentalités, le manque de places en crèche, l'absence du père à qui on ne donne pas assez de congés paternité. La situation a pourtant évoluée depuis 1970, mais pas assez au goût de certaines.
Mettre fin aux stéréotypes
Au bout de plus de trois heures, le débat s'est achevé hier matin. La rédactrice en chef du magazine a demandé alors au public d'imaginer le portrait de la femme idéale. Les étudiantes se sont insurgées contre cette volonté de recréer un modèle méticuleusement déconstruit durant la matinée : "il ressortait des choses intéressantes du débat, c'est dommage d'avoir conclu sur un portrait stéréotypé de la femme parfaite, alors que c'est cela même que l'on a dénoncé toute la matinée", déplore Marie, 21 ans. Françoise, la soixantaine, a "adoré ce débat intergénérationnel", tout comme Pauline, 21 ans. Pour une majorité, il a permis d'échanger entre des générations de femmes qui, malgré leurs différences, gardent la même aspiration à la liberté et au bonheur.