L’écart entre l’offre et la demande se creuse un peu plus au niveau des colocations lyonnaises. Pour une chambre à Lyon, huit aspirants “colocs” se bousculent à la porte, selon une étude du site Appartager.com. Un mode de vie pourtant de plus en plus nécessaire au portefeuille des étudiants.
S’il s’agit d’un droit fondamental de la Déclaration des droits de l’homme depuis 1948, l’accès au logement – à un prix raisonnable – est difficile, en particulier pour les jeunes. Sur les 140 000 étudiants lyonnais, nombreux sont ceux qui se laissent tenter par le partage d’un appartement en colocation. Mais, alors que la demande explose, l’offre ne suit pas. En mars dernier, le site Appartager.com soulignait déjà le décalage entre une demande forte de la part des jeunes en général – étudiants en particulier – et l’offre d’appartements à louer en colocation. Pour une chambre disponible à Lyon, six personnes étaient susceptibles de postuler. Pour le deuxième semestre 2016, l’étude d’Appartager.com, en partenariat avec le site Seloger, confirme que la tendance s’accélère : ce sont désormais en moyenne huit personnes qui sont intéressées pour une chambre disponible en colocation à Lyon.
Une question de génération… et de budget
La colocation touche en priorité la jeunesse, souvent considérée comme adepte de ce mode de vie. Mais, si partager un toit avec des proches ou choisir de vivre avec de nouvelles rencontres est d’un esprit particulièrement sympathique et ouvert, l’obligation de le faire pour des raisons budgétaires l’est un peu moins.
À Lyon, le loyer moyen d’une colocation est de 444 euros par mois. En comparaison, une étude de l’Unef sur le coût de la rentrée estime que le loyer mensuel moyen d’un étudiant à Lyon est passé de 500 euros en 2015 à 508 euros cette année. Une augmentation susceptible de faire changer d’avis les plus réticents au partage d’un appartement. En effet, entre un logement étudiant et une colocation, les 64 euros d’écart de loyer peuvent peser lourd dans la balance, en particulier en considérant que le logement représente 55 % du budget d’un étudiant. Selon une étude menée par Ouigo et le site Appartager, 72 % des étudiants disent d’ailleurs avoir opté pour la colocation pour des raisons économiques.
Au moins 8 000 logements supplémentaires par an seraient nécessaires à Lyon
Dans les prochaines années, les étudiants seront de plus en plus nombreux à s’installer à Lyon. Selon l’adjoint au maire chargé du logement, Michel Le Faou, les estimations pour le plan local d’urbanisme et de l’habitat avancent le chiffre de 10 000 étudiants supplémentaires d’ici dix ans. Si le développement d’une offre de logement en leur direction est mis en œuvre par la ville via le Crous – avec un plan de 4 000 logements sociaux étudiants d’ici à la fin du mandat –, la colocation en tant que telle ne fait pas l'objet de politique particulière : “Les collectivités ne peuvent pas non plus répondre à l’entièreté de la demande étudiante, donc des solutions via la colocation peuvent être intéressantes à leur destination”, estime Michel Le Faou.
L’adjoint au maire précise qu’une politique en matière de logement ne doit pas être axée uniquement sur tel ou tel type de public : “Il faut que l’on reste sur une dynamique de l’ordre de 8 000 à 9 000 logements par an pour pouvoir tenir les objectifs qui nous sont fixés par la croissance démographique. Ces logements ne visent pas un public particulier et concernent aussi bien les étudiants et jeunes actifs que les personnes âgées.”
Des loyers plus chers et des colocataires plus jeunes
Les loyers en colocation, bien plus intéressants pour les budgets les plus modestes, ne sont cependant pas préservés des augmentations générales. Le loyer moyen d’une chambre en colocation à Lyon est ainsi passé de 416 à 444 euros en un an. C’est également le laps de temps qu’il a fallu pour que la proportion de 18-20 ans en colocation bondisse de 36 %. Cette année, 61 % des personnes vivant en colocation en France seront étudiantes.
Sans surprise, Paris est la ville la plus chère de France, avec un loyer moyen de 577 euros en colocation. Mais Lyon n’est pas en reste, à la 4e place des villes les plus chères en colocation, derrière Aix-en-Provence (463 euros) et Nice (538 euros).