Un débat sur le retour des nationalismes en Europe était organisé, ce mercredi, à l'université Lyon 3, par European Lab, dans le cadre du festival nuits sonores.
Les années 2010 ont vu la prolifération des partis nationalistes et eurosceptiques sur le Vieux-Continent. Un thème dont l'essayiste lyonnais Camille de Toledo et le journaliste Raphaël Glucksmann, ont eu l'occasion de discuter à l'occasion de la journée de l'Europe, ce mercredi 9 mai. Un débat European Lab était organisé dans les locaux de l'université Lyon 3, pour tenter d'éclairer ce mouvement de défiance envers l'Union européenne.
Née sur les décombres de la la Seconde Guerre mondiale, l'idée d'union entre les pays européen devait avant tout garantir la paix pour les décennies suivantes. Un traumatisme, et des racines, que la société actuelle aurait tendance à oublier d'après Camille Toledo : "la constitution mémorielle de l'Europe s'érode avec l'arrivée des générations du XXIe siècle", avance l'essayiste. Un terreau fertile pour les partis nationalistes.
Créer une histoire européenne commune
L'écrivain natif de Lyon souligne aussi la prédominance de l'histoire nationale sur l'histoire européenne. La mémoire collective d'un pays se base sur des mythes nationaux. "Les Français ont encore en mémoire le mythe Jeanne d'Arc, alors qu'ils ont tendance à oublier le traumatisme de la Seconde Guerre mondiale, à l'origine de la création de l'Europe", analyse Camille de Toledo. Ce phénomène altère la cohésion européenne au profit du nationalisme.
Avec 23 langues différentes parlées en Europe, les citoyens ont du mal à créer une communauté européenne. "Le lien social européen est presque impossible à cause des différences de langue", poursuit Camille de Toledo, qui milite pour la traduction des œuvres littéraires dans toutes les langues européennes, via la Société européenne des auteur, qu'il a co-fondé. "Il faut désormais que l'Europe se créée une histoire commune pour lutter contre les mythes nationalistes". Une histoire commune qui permettrait de trouver des racines au-delà des frontières nationales.
Le journaliste, Raphaël Gluksmann va plus loin. Il pense que l'Europe a aussi besoin d'institutions politiques plus présentes pour lutter contre le nationalisme : "Il faut penser au nom de l'Europe. Grâce à un lien politique puissant, il faut désormais créer une Europe transnationale et non internationale. Cela passe forcément par la création de réelles institutions politiques européennes".