Josiane Humbert a avoué avoir donné la mort à sa mère, atteinte de sclérose en plaques, “afin d’abréger ses souffrances”. Mais de l’avis de tous, des infirmières comme des petits-enfants, la vieille femme n’avait jamais exprimé le souhait de mourir.
La cour d’assises du Rhône juge de mercredi 14 au vendredi 16 octobre, une femme de 52 ans, aux contours psychologiques complexes s’exprimant dans un huis clos familial étouffant. La mère de Josiane Humbert décède en mai 2005, mais l’affaire n’arrive sur le bureau du procureur de Villefranche-sur-Saône qu’un peu plus de six mois après.“Josiane Humbert a trop parlé, tout simplement”, explique un avocat. Celle-ci se confie en effet à des infirmières, déclarant avoir étouffé sa mère avec une couverture. “La maladie ne justifiait pas l’euthanasie. La décision a été prise de façon discrétionnaire, autoritaire. Comme tout ce que cette femme faisait dans cette famille”, explique Eric Braillon, avocat des filles de Josiane Humbert.
Maraboutage, adultère et manipulation
Les enfants du couple Humbert, justement, deux filles âgées d’une vingtaine d’années au moment des faits, se sont d’abord constituées parties civiles pendant l’instruction. Personne dans l’entourage de la famille ne semble croire à l’hypothèse de l’euthanasie. L’une des filles aurait déclaré, en apprenant le décès de sa grand-mère : “c’est pas possible, ma mère lui a donné un cachet”. Mais les deux jeunes femmes n’apparaîtront finalement pendant le procès qu’en tant que témoins.
“Il s’agit d’une mère manipulatrice dans ses rapports, les choses peuvent exploser d’ici l’audience”, estime toutefois leur avocat Eric Braillon. Pendant l’instruction, la prévenue est décrite “comme une mère stricte soucieuse de sa famille et qui s’était entièrement dévouée à ses parents”, s’installant près d’eux pour les soigner. Son portrait psychiatrique ajoute que Josiane est “une femme intéressée par l’argent, crédule, et sous l’influence d’un marabout”. Autre élément qui animera sans doute les débats lors de l’audience : elle aurait eu une aventure extra-conjugale avec l’ex-petit ami de l’une de ses filles.
La thèse de l’euthanasie : elle s’appelle Humbert
Josiane porte le même nom de famille que Marie Humbert, connue pour avoir porté le débat public sur l’euthanasie, après le décès “aidé” de son fils tétraplégique, sourd et muet. Josiane aurait demandé à une association soutenant le combat de Marie Humbert de témoigner en sa faveur. Usure psychique et morale, ou volonté de régenter la vie de famille au point de choisir le moment de la mort de sa mère, et d’entraîner son époux avec elle ? Les questions restent suspendues. “J’espère dans tous les cas que la sanction ne sera pas trop lourde, il y a une sorte de mythomanie chez cette femme”, déclare Eric Braillon. Josiane Humbert comparait libre, tout comme son époux, Guy Humbert, accusé de complicité d’assassinat pour avoir assisté à la scène.
Les commentaires sont fermés