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Eveline Berruzeo : "Le complotisme, c’est ce qui reste à des personnes à  qui on dit : "ferme ta gueule !"”

Ne vous fiez pas à ce petit bout de femme. C’est un ouragan. Son débit de paroles est à l’image du nombre d’idées qu’elle a à la minute : exorbitant. "Citoyenne du quotidien", "idéaliste", Eveline Berruezo se veut la porte-parole de "ceux à qui on ne donne pas la parole". Elle est donc en colère. Contre les politiques, "éloignés de l’intérêt commun", contre les problèmes intestinaux de Drucker et Pivot, contre ceux qui essaient de nous enfermer dans des étiquettes, contre les médias "plaintifs et gueulards"... Difficile de la situer. Eveline Berruezo est complexe. "Je suis une comique née et j’ai souvent passé du temps à la porte parce que je faisais rire les autres." Rira bien qui rira le dernier. 

@Antoine Merlet Lyon Capitale : Êtes-vous une grande gueule ?
Eveline Berruezo : Le terme de grande gueule s’est vulgarisé depuis plusieurs années. Il correspond à l’évolution de la société où tout le monde l’ouvre : ceux qui l’ouvrent pour ne rien dire et celle et ceux qui l’ouvrent pour alimenter leur fonds de commerce. Moi, au quotidien, je suis plutôt du style cool, light, j’évite le conflit. Mais par rapport à des valeurs qui font mon ADN, je ne peux pas la fermer.
Quelles sont vos valeurs ?
J'ai grandi dans la violence de la fable Le Loup et l’Agneau de La Fontaine, "la loi du plus fort est toujours la meilleure". Comme je viens d’un milieu très pauvre, petite fille je n’ai jamais compris pourquoi les gens se levant tôt le matin pour aller travailler restaient pauvres le soir après une dure journée. Il y a des mots que je n’emploie plus. La justice, par exemple, n’existe plus pour moi.
Pour quelle raison ?
Je ne parle pas de l’appareil judiciaire, je parle de la justice. Quand j’entends des gens nous balancer "égalité, fraternité" à longueur de journée, moi je comprends "priorité aux privilégiés". Ces mêmes personnes qui sont sur des espaces médiatiques nous abreuvent de concepts qui sont des repères pour elles. Il faut arrêter de nous les balancer quand on ne les vit pas ! Pour moi, la représentation physique de la France est un long couloir avec des portes hermétiquement fermées que vous ne pouvez pas ouvrir. La France, c’est cette impasse.
Vous êtes Gilet jaune ?
Oui ! Fin 2018, je m’informais sur ce mouvement naissant. J’ai entendu des experts. Passée par socio et Sciences Po, j’ai quelques clés pour analyser et là je me suis énervée. Certains ont essayé de se faire un nom sur des revendications concrètes. Ils étaient en train de faire ce qu’on fait à longueur de temps dans ce pays : blabla blabla bla. Ç’a été une expérience inouïe : on avait des gens de tendances politiques différentes, d’âges différents. Mais je n’ai pas manifesté car les gaz lacrymo, les LBD 40 et les grenades d’encerclement, très peu pour moi.

"Je ne cherche pas à savoir qui me pique avec une seringue, mais ce qu’il y a dedans."


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