Interpol, l'institution policière internationale dont le siège se trouve à Lyon, souhaite étendre ses locaux. Un dossier qui crispe entre les différentes collectivités locales et l'État. Le préfet intervient.
Le préfet du Rhône Pascal Mailhos a annoncé au Progrès vendredi 5 novembre qu'il « va convier les trois collectivités (mairie de Lyon, Métropole et Région, ndlr) à une réunion dans les prochains jours » au sujet de l'extension du siège d'Interpol. Cette institution policière internationale possède son QG à Lyon depuis 1989 et souhaite l'étendre depuis 2015.
"Depuis 2019, l’État a informé le Conseil régional, la Métropole de Lyon et la Ville de Lyon, à plusieurs reprises, du projet de rénovation et d'extension du siège d'Interpol », affirment les services de la préfecture. Cette extension pourrait coûter jusqu'à 50 millions d'euros.
Cette intervention du préfet arrive peu après la visite de Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, au siège d'Interpol début octobre. Dans un courrier adressé aux collectivités début novembre, le ministre de l'Intérieur appelait le maire de Lyon, le président de la Métropole et le président de Région à s’engager formellement sur ce dossier.
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Gérald Darmanin annonce qu’Interpol va rester à Lyon
Entre réticences et exhortations
"Je suis garant des deniers publics de la ville. Avant de faire un quelconque investissement, il faut connaitre l’équation. Je rappelle qu’Interpol est une organisation internationale dans laquelle les États sont engagés. Il est évident que c’est à l’État français de faire le boulot”, pointait Grégory Doucet dans nos colonnes le 8 octobre 2021. Du côté de la Métropole de Lyon, son président Bruno Bernard ne s'est pas encore exprimé. La Région a, pour sa part, proposé de participer financièrement.
Les députés LREM du Rhône, en soutien au ministre de leur majorité, se sont aussi saisis du dossier. Dans un courrier à la presse du 6 novembre, ils appellent la mairie de Lyon et la Métropole "à adopter enfin une position constructive pour financer les travaux qui s’imposent." Ils soulignent qu'Interpol est une "tradition séculaire" de la ville de Lyon.
Un possible prochain directeur d'Interpol très controversé
Ahmed Nasser Al-Raisi, ancien inspecteur général du ministère de l’Intérieur des Émirats-Arabes-Unis, est candidat à la présidence d'Interpol. Mais il est aussi accusé d'actes des tortures et des plaintes ont été déposées contre lui. Pour Grégory Doucet "c'est le premier sujet à régler", concernant Interpol. "C’est une institution internationale qui parle de police donc de crimes dans laquelle il est question de nommer quelqu’un qui serait accusé de tortures, ça pose question. C’est la crédibilité de l’institution qui est en jeu”, explique-t-il.
Une situation également dénoncée par le député écologiste Hubert Julien-Laferrière. "Monsieur Darmanin et la France ne peuvent accepter que l’agence qui est chargée de poursuivre des criminels soit présidée par un homme soupçonné de crimes", interpellait-il le 8 octobre dernier. Pour lui, cette nomination "porte atteinte à la réputation d'une organisation internationale au rôle éminent". Le dossier Interpol n'a pas fini de faire parler.
C’est la crédibilité de l’institution qui est en jeu”, explique-t-il.
C’est aussi la crédibilité de Doucet qui est en jeu !