Nom de code de l'opération : Phénix. Côté pile : plus de débouchés pour certaines filières. Côté face : l''entrée progressive de l'entreprise dans les facs fait craindre un recul du service public.
Le chômage ou la thèse non-payée. Voilà ce qui attend généralement les étudiants après leur Master 2 recherche en sciences humaines (bac + 5, ex-DEA). Avec l'opération Phénix, c'est un peu moins vrai. Lancée en avril 2007 dans quelques universités parisiennes, l'opération est déclinée à Lyon. Son principe est simple. Une dizaine de grandes entreprises (parmi lesquelles GDF, EDF, Cegid, BioMérieux, Alliade, Axa, Banque Populaire) vont s'engager fin octobre à embaucher des étudiants de Master 2 des universités Lyon 2 et Lyon 3. Issus de sociologie de lettres ou d'histoire de l'art, les jeunes diplômés devront tout de même passer un entretien d'embauche et suivre ensuite un contrat d'apprentissage. Au terme de la formation, c'est le sésame : un CDI ! Créée par le Ministère de l'enseignement supérieur, l'opération est mise en place par les universités et le Medef qui assure l'intermédiaire avec les grandes entreprises. L'intérêt pour les groupes est de recruter aux côtés d'ingénieurs ou de commerciaux, des candidats aux profils atypiques. "On manque souvent de recul dans les entreprises, explique Bertrand Millet, le président du Medef Rhône. A force d'être toujours baigné dans une même culture, on passe à côté d'opportunité de développement". En mal de débouchés, les facs lyonnaises ont sauté sur Phénix. Au maximum, elle ne concernera pour la première année que 70 étudiants sur environ 2000 inscrits à Lyon 2 et à Lyon 3. Certes il s'agit d'un lancement. Mais par la suite les embauches ne devraient pas atteindre des sommets, puisque, par définition, elles sont destinées à ne concerner qu'une petite partie du recrutement de grandes entreprises.
L'Unef crie au Loup
Sommairement informé, le syndicat étudiant Unef n'en tire pas moins à boulet rouge sur l'opération Phénix. Par la voix de sa secrétaire générale, Elsa Ferri-Bettini : "Les entreprises entrent dans l'université. Elles vont forcément cibler les formations les plus rentables, ce qui va créer des Master 2 à plusieurs vitesses. Si les entreprises se mettent à former les étudiants, c'est le service public de l'éducation qui est mis à mal". La vice-présidente de Lyon 2 en charge du dossier, Marie-Thérèse Maurer dément catégoriquement cette interprétation de l'opération : "Il ne s'agit pas de vendre son âme au privé mais d'offrir une réelle chance de trouver des débouchés". Avec Phénix, les entreprises ne sont donc pas impliquées dans la définition du contenu des cours. Dans l'avenir, certains le souhaitent : "Il faut multiplier les passerelles avec les universités, annonce le directeur des ressources humaines de Cegid, Pascal Guillemin. Pas seulement à travers des contrats de professionnalisation, on pourrait adapter les contenus des enseignements". Ça a le mérite d'être clair.
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