Les enseignants du collège Théodore Monod à Bron étaient en grève mardi 5 mars 2024 (Photo fournie).

"Faire plus avec moins" : les enseignants vent debout contre la réforme du "choc des savoirs"

Cette semaine plusieurs collèges de la Métropole de Lyon ont été concernés par des mouvements de grèves. Les enseignants dénoncent la mise en place de la réforme du "choc des savoirs" et la suppression d'heures d'enseignements dès la rentrée prochaine.

"On nous demande de faire plus mais avec moins d'heures". Pour les enseignants du collège Théodore Monod de Bron, les réformes imposées à partir de la rentrée prochaine par le ministère de l'éducation nationale à travers son "choc des savoirs" ne passent pas. Cette semaine, une journée de grève a ainsi été organisée par les personnels du collège brondillant. Une journée qui a été très suivie avec plus de 98% de grévistes au sein de l'équipe enseignante.

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Les enseignants dénoncent notamment la Dotation Horaire Globale (DHG), feuille de route envoyée chaque année aux établissements, où est indiqué le nombre d'heures allouées par les directions académiques pour assurer les heures d'enseignement hebdomadaires. "A la rentrée 2024 on va perdre 33h d'enseignements" expliquent ainsi les enseignants du collège Théodore Monod de Bron. "Nous on va perdre 6h l'année prochaine alors que dans le  même temps on va devoir mettre en place les réformes incluses dans le choc des savoirs et notamment les groupes de niveaux en mathématiques et en français" témoigne Mathilde Régnier, professeur de français au collège Henri Barbusse à Vaulx-en-Velin, également en grève cette semaine.

Des groupes de niveaux "contre productif"

Car en plus d'être inquiets par cette baisse du DHG, qui concernerait la majeure partie des établissements Rep et Rep +, les enseignants avancent vers la rentrée 2024 avec beaucoup d'inconnus sur les nouveautés à mettre en place. "C'est vraiment la double peine pour nous" estime Hugo, professeur au collège de Bron. "On nous demande de renoncer à tout ce qui fonctionnait dans nos établissements pour notamment mettre en place des groupes de niveau qui n'ont jamais démontré leur utilité et qu'on juge même contre productif".

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Dès la rentrée 2024, l'ensemble des élèves de 6e et de 5e seront classés par niveaux en français et mathématiques, avant que cela ne soit généralisé à la 4e et la 3e l'année suivante. "C'est vraiment la fin du collège unique, on va mettre en place un collège à la carte où les élèves auront des étiquettes sur le front en fonction de leur niveau" dénonce Hugo.

Une question d'arbitrage entre établissement

Si le rectorat de Lyon se défend de préparer la rentrée 2024 "au préjudice des moyens attribués à l'éducation prioritaire", l'Académie explique que cette baisse de DHG dans certains établissements résulte simplement d'arbitrage. "Dans la mesure où l’on constate l’existence d’élèves en difficulté en français et en mathématiques dans tous les collèges en proportion variable, ce sont tous les établissements qui bénéficieront ainsi de moyens complémentaires, et pour certains de moyens nouveaux, afin de mieux prendre en charge les besoins pédagogiques des élèves" détaille le rectorat de Lyon.

"Le vrai problème c'est qu'ils ont voulu mettre en place cette réforme à moyen constant"

Mathilde Régnier, professeur au collège Henri Barbusse de Vaulx-en-Velin

Les heures autrefois allouées en priorité aux établissements d'éducation prioritaire seront désormais réparties sur l'ensemble des établissements scolaires, ce qui explique la diminution de la DHG dans certains collèges de la Métropole. "Le vrai problème c'est qu'ils ont voulu mettre en place cette réforme à moyen constant" déplore Mathilde Régnier. "C'est complètement fou car l'année prochaine on va se retrouver à devoir faire des choix" poursuit la professeure de français syndiqué à la CNT Education. "Déjà on aurait besoin de bien plus d'heures, alors voir qu'on nous en enlève, c'est difficile à encaisser".

Après ces mouvements de grèves qui ont touché sporadiquement les établissements scolaires ces derniers jours, les prochaines semaines pourraient accélérer encore le mouvement de contestation. "La semaine prochaine marquera, au niveau national, la fin des vacances scolaire" précise Hugo, professeur au collège Théodore Monod de Bron. "La colère est présente un peu partout et le mouvement pourrait prendre beaucoup plus d'ampleur" espère-t-il. "On va essayer dans les deux prochaines semaines de se coordonner avec les autres collèges Rep+ de la Métropole pour faire entendre notre voix" confie également Mathilde Régnier, professeur à Vaulx-en-Velin. A Bron, une autre journée de mobilisation est déjà prévue le jeudi 14 mars. Avant, peut-être, de voir ces grèves s'étendre à l'ensemble des établissements de la Métropole de Lyon.  

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