Farid Hamel, le bâtonnier de l'ordre des avocats de Lyon est l’invité de L’Autre Direct après le vote d’une motion du Barreau de Lyon le 28 février dernier contre le projet de Loi "Pour une immigration maîtrisée et un droit d’asile effectif ", porté par Gérard Collomb.
À Lyon Édouard Philippe et Gérard Collomb ont parlé "d'humanité et d’efficacité". Les deux sont conciliables selon vous ?
C'est un projet de loi qui tend à rendre expéditifs les recours. Les délais de recours ont été réduits de 30 à 15 jours ce qui est inaccessible pour les justiciables qui doivent constituer un dossier médical et juridique. Souvent, ils ont été victimes de violences : viol et torture. Il faut leur faire faire des examens médicaux par des spécialistes, mais les délais sont en général d'une quinzaine de jours. Il faut aussi faire traduire les documents par une personne assermentée. Tout cela prend énormément de temps. Il est donc matériellement impossible de le faire en quinze jours.
Durant cette visite à Lyon avant la présentation du projet de loi en Conseil des ministres le Premier ministre a posé la problématique qui anime le gouvernement : “Sommes-nous suffisamment sûrs de notre bon droit, c’est-à-dire sûrs de ce que notre droit est la juste traduction de nos valeurs, pour pouvoir reconduire sans faiblesse ? Sommes-nous aussi suffisamment sûrs de ce que nous sommes, de nos valeurs, de nos forces, pour pouvoir accueillir sans crainte ?” Aujourd'hui la France est-elle encore assez sûre de ses valeurs pour accueillir ces réfugiés ?
La France a toujours été un pays considéré comme la patrie des Droits de l'Homme. Mais aujourd'hui, on cherche à faire plaisir à l'opinion publique. Cela se traduit par des textes sans vraie justification. Sous prétexte de simplifier, ce texte élimine les recours alors qu'à peu près 30% des recours sont rejetés sans examen.
Dans votre motion, vous écrivez que ce projet de loi porte "une atteinte inacceptable à l’État de Droit et à la dignité humaine". Ce sont des mots très fort.
Aujourd'hui, une personne ayant été torturée ou violée durant son voyage pourrait être jugée en vidéoconférence dans un Algeco devant une caméra. L'interprète ne sera pas à ses côtés, mais à Pairs près d'un juge. Vous imaginez la difficulté pour dévoiler des choses aussi intimes face à une caméra c'est tout à fait inacceptable. Ces victimes ont un sentiment de culpabilité et elles ne peuvent pas expliquer des choses aussi intimes et violentes en cinq minutes.
Retrouvez l’intégralité de l’interview de Farid Hamel ci-dessous.