A Lyon, les Verts refusent d'accepter l'argent d'"Erika et de la Françafrique".
Le 7 décembre, la ville de Chaponost signe un partenariat avec la société Total pour la restauration du joyau de la commune : l'aqueduc romain du Gier. "C'est une aubaine pour nous !" se réjouit la responsable du patrimoine de Chaponost. La commune qui peine à débloquer 30 000 euros chaque année pour éviter les dégradations du monument bi-millénaire, bénéficie d'un seul coup d'une manne de 300 000 euros apportés, via la Fondation du patrimoine, par la société Total. "On gagne dix ans ! Et on peut enfin engager la restauration des 35 arches les plus spectaculaires de l'aqueduc" poursuit-elle. A l'unanimité, les élus ont accepté cette aide et se sont bien gardé de tout jugement sur Total. Ce ne fut pas le cas à Lyon, où le 19 novembre dernier, une action de mécénat de Total a suscité une intervention corsée des Verts en Conseil municipal. Soupçonnant Total de "faire du mécénat culturel pour se racheter une conscience à peu de frais", Pascale Bonniel-Chalier a rappelé "les responsabilités indirectes de Total dans la catastrophe de l'Erika" ou "la Françafrique", "les agissements de la société Total en Birmanie" ou encore "les soupçons d'esclavagisme qui pèsent sur elle". Invoquant un devoir de "solidarité internationale" l'élue Verte et son groupe se donc abstenus de voter l'aide de Total de 270 000 euros pour l'éclairage intérieur de la Chapelle de la Trinité.
Cette intervention n'a guère étonné le directeur des relations extérieures et du mécénat du groupe Total : "C'est assez récurrent ! Bien des gens ne voient dans le mécénat que des achats d'indulgence et du rachat de bonne conscience." explique Yves Le Goff, qui défend au contraire un mécénat "philanthropique" qui vise à "participer à la vie de la cité". Dans cet esprit, Total cible les régions où elle a des implantations industrielles (le Rhône abrite une raffinerie et un centre de recherche Total), et du patrimoine à vocation industriel ou économique. Mais le responsable du mécénat reconnaît que ses dépenses sont aussi motivées par une question d'image : "pour faire connaître l'entreprise sous un autre jour que l'imaginaire collectif qui colle aux compagnies pétrolières". Furieux de l'intervention de ses collègues Verts, l'adjoint à la culture et au patrimoine Patrice Béghain estime que "personne n'a le monopole de la vertu ; si on s'érige en tribunal des entreprises mécènes, c'est infini ! Et ce n'est pas notre rôle" poursuit l'adjoint qui juge cette opération de mécénat très "bénéfique" pour Lyon - et pour Total.
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