Faut-il avoir peur à Miribel-jonage ?

Lyon compte alors sur son flanc nord-est une concentration de 50 000 personnes - soit l'équivalent de la population de Vénissieux. S'agrège autour du lac de Miribel une faune bigarrée : familles nombreuses, homos, communauté asiatique, jeunes de cité, naturistes et même des classes huppées, identifiées par leurs belles voitures abandonnées sur les parkings. Malgré ces différences, un esprit de tolérance règne, aidé par la sectorisation des lieux : à chaque tribu son sanctuaire. Quelques incidents se produisent cependant chaque été.

Noyades : attention aux repas
Aucun courant fort ne sévit dans le lac. Le principal danger est sur la plage : les repas trop copieux, la consommation d'alcool ou de drogues et une exposition prolongée au soleil sont la source de malaises. Un jeune Vénissian de 20 ans s'est effondré le 22 juin dernier alors que la hauteur de l'eau n'excédait pas 1,5 mètre. Il est décédé quelques heures après son arrivée à l'hôpital. "Il était loin des zones surveillées où nous mettons du temps à arriver. Nous sortons de l'eau chaque année une trentaine de personnes : 90 % d'entre elles survivent", raconte Xavier Ranchon, coordinateur nautique.

Dans l'eau, pas de danger
Miribel subit actuellement une importante prolifération d'algues. Une esthétique pas très engageante pour les nageurs. Pourtant cette présence ne signe pas une mauvaise qualité d'eau. Bien au contraire : les plage des eaux bleues et de l'espace multisport ont été distinguées comme " d'excellente qualité " en 2007 par la Direction régionale des affaires sanitaires et sociales. " C'est ici qu'est captée l'eau potable de l'agglomération : elle est suivie avec beaucoup d'attention ", souligne le directeur général du parc, Didier Martinet. Quant à la faune aquatique, elle est des plus paisibles. Même les silures, gros poissons chats mesurant plusieurs mètres, sont inoffensifs si on ne recherche pas trop leur contact.

Parkings déserts, voitures pleines
" Pour ouvrir un véhicule, moins de trente secondes suffisent ", énonce le commandant de brigade de la gendarmerie de Miribel, Jean-Luc Doby. Les milieux d'après-midi sont les moments idoines : tous les visiteurs sont au bord de l'eau et les parkings, pleins de voitures, sont déserts. Aussi Miribel est-il un espace de jeux reconnu pour de petits recels. Moyen privilégié : tordre le montant des glaces latérales. " Il ne faut rien laisser à portée de vue, même pas une pièce de deux euros ", conseille Jean-Luc Doby.

Coup de sang après pique-nique
Attention aux coups de Calgon prandiaux. " Tout peut être motif à colère : un chien qui aboie, un ballon qui passe trop près... c'est le problème de la promiscuité mal vécue ", raconte le commandant de brigade. Ainsi un policier en repos a été agressé en avril 2006 après avoir reproché à la famille voisine son bruit intempestif. Marri de la remarque, c'est le fils aîné qui a frappé en premier. Et le restant de la famille est venu lui prêter main forte. Roué de coups, le policier est ensuite traîné à l'intérieur du lac où ses agresseurs lui maintiennent la tête sous l'eau. C'est son épouse qui le sauve de la noyade en faisant diversion. La victime subira deux opérations et un arrêt de travail de sept mois.

Des exhibitionnistes vus et des voyeurs exhibitionnistes
Loin des affluences, des naturistes se rassemblent dans la discrétion, au niveau de la Mama. En dehors, se montrer dans son plus simple appareil est assimilé à un délit.
" Nous avons placé l'an dernier des gens en garde à vue ", énonce fièrement le commandant de brigade. Les prétendus délinquants en tenue d'Adam sont pourtant avant tout victimes de voyeurs. Pis : des exhibitionnistes vicieux sévissent régulièrement à l'orée de bosquets. C'est ainsi qu'un vieux monsieur a été appréhendé plusieurs fois l'an dernier alors qu'il se masturbait devant des passants.

Faune nocturne menacée
A la tombée du jour, Miribel perd ses familles. Apparaissent alors des messieurs en quête de plaisirs qui se dirigent vers la partie boisée après la Mama. Même s'ils sont souvent discrets, les gendarmes ont procédé à quelques interpellations. Pourtant, là encore, les prétendus délinquants sont aussi victimes : l'an dernier, un jeune homme a été agressé par quatre individus. Plus grave : un homme a été tué, le 31 août 1997. L'œuvre d'un tandem formé par Bertrand, homo honteux, et Fabienne, dépressive chronique, prostituée par intermittence. C'est cette dernière qui prend l'envie de tuer Omar, rencontré sur les quais du Rhône et amené à Miribel. Et c'est encore elle qui lui assène des coups d'opinel, aidée par son complice. L'affaire piétine avant que Fabienne, prise de remords, ne finisse par avouer son œuvre macabre à la police.

"Le nombre de délits reste faible"
Ce sont ces affaires médiatisées qui ont forgé la piètre réputation de Miribel. " Mais compte tenu de la densité de population, le nombre de délits reste faible ", nuance Jean-Luc Doby. L'an dernier, alors que quatre millions de visiteurs ont été reçus, seuls 42 faits ont été signalés à la police qui surveille la moitié du parc. Avant-goût de vacances, Miribel attire des esprits avides de plaisirs et de paix. La principale menace qui pèse sur les visiteurs de Miribel est... de ne pas y accéder. Les dimanches d'affluence, un bouchon de plusieurs kilomètres se forme à la sortie de l'autoroute. Aussi certains passent-ils leur après-midi dans la moiteur de leur auto.

Ugo Del Sarto

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