Fenech crée une police anti-secte

Ce jeudi 26 novembre, 250 personnes environ se sont rassemblées à l'Hôtel de Ville de Lyon pour dresser un état des lieux des sectes en France. L'occasion de présenter la première police europénne spécialisée en la matière.

De multiples hauts fonctionnaires d'Etat étaient présents, comme la direction générale de la santé, Jacques Gérault, le préfet du Rhône ou Georges Fenech, l'ancien député du Rhône qui avait instruit le procès de la Scientologie à Lyon, président de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). L'un des temps forts du colloque a été l'intervention du commandant Bernard Malfay, de l'Office central de répression des violences aux personnes, qui a publiquement officialisé la création de la CAIMADES, la Cellule d'assistance et d'intervention en matière de dérives sectaires. Il s'agit d'un petit groupe de six fonctionnaires (police et gendarmerie) qui a vocation à "porter assistance à tous les services de police et de gendarmerie qui seraient confrontés à des dossiers de dérives sectaires". "Traiter un vol, un braquage, voire un viol, c'est facile, ajoute le commandant Malfay. Traiter de l'emprise mentale s'avère un peu plus compliqué". La CAIMADES dispose donc de"canevas d'audition", sorte de guidelines qui permettent aux fonctionnaires d'auditionner les personnes sur leur passé, de façon à aider les experts psychiatres à déterminer s'il y a eu ou non une emprise mentale, une allégeance à un gourou, une altération de la liberté de choix, etc, autrement dit des critères qui permettent de spécifier l'infraction d'emprise mentale. A titrede formation spéciale, le groupe en question fait notamment appel au Professeur Parquet, médecin psychiatre à l'Université de Lille II.

Collomb va rencorcer le Conseil lyonnais pour le respect des Droits

Plus tôt ans la journée, Gérard Collomb, le maire de la ville de Lyon, a exprimé sa fierté d'accueillir ce colloque qui, selon ses propos, à la mission de tous "nous interroger sur les valeurs de tolérance, de respect des individus, de liberté de conscience et de laïcité, qui sont les fondements de notre démocratie". Il a salué le Lyonnais Georges Fenech et son engagement dans la lutte contre les dérives sectaires. Au niveau des responsabilité des pouvoirs publics, il a convenu qu'il fallait reconsidérer désormais "plusieurs centaines d'organismes, de toute taille, de toutes formes juridiques, intervenant dans les domaines de la santé, la prise en charge des enfants et des personnes âgés, etc." Il a finalement annoncé que l'une des première décision qui prendra suite au colloque sera la suivante : "Comme Maire de Lyon, je vais donner une nouvelle vitalité au Conseil Lyonnais pour le Respect des Droits. Cette commission extra-municipale joue un rôle essentielle de coordination des associations de défense des Droits de l'Homme".

Jean-Marie Bockel : les dérives sectaires sont des "virus mutants"

En fin de journée, Jean-Marie Bockel, secrétaire d’Etat à la Justice, a clôturé ce colloque sur les dérives sectaires qu’il a - c’est très d’actualité - comparé à des «virus mutants » qui diffusent « sous des formes souvent insidieuses le poison de la manipulation des conduites humaines et des esprits, attentatoires à la dignité des personnes et aux libertés fondamentales ». Jean-Marie Bockel a souligné la « mobilisation de chaque instant » du gouvernement sur un phénomène en « perpétuelle mutation, générateur de nouveaux risques liés à l’utilisation notamment de l’internet », phénomène analysée comme « une pathologie de la croyance sur fond d’individualisation et de dérégulation de la croyance ». Le secrétaire d’Etat à la Justice a appelé de ses vœux un « renforcement de la coopération judiciaire européenne », les grandes organisations à caractère sectaire ne connaissant pas de frontières.

Coopération judiciaire européenne

Jean-Marie Bockel a fait quatre propositions essentielles allant dans ce sens : la création d’un « espace juridique européen visant les activités illégales des organisations à caractère sectaire » l’élaboration d’un « code européen de règles déontologiques », la création d’un « observatoire européen sur les dérives sectaires » et l’institution d’un « organe permanent d’harmonisation des jurisprudences des Etats membres ». Le secrétaire d’Etat à la Justice s’est également adressé à l’Unadfi et au CCMM, les deux principales associations d’assistance aux victimes, leur promettant de « faire un effort » pour l’allocation de nouvelles subventions.

Consulter notre dossier sur les sectes à Lyon

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