Festival international du film d'animation : une Lyonnaise en course

Et cette année, sur les cinq Français (seulement) qui concourrent, on compte une Lyonnaise, dont nous avions dressé le portrait dans le mensuel Lyon Capitale d'avril. Retour sur l'ouvrage délicat de Vergine Keaton, qu'on soutient avec détermination.

Obsédant, dense et étonnant. Le film d'animation de Vergine Keaton met en danger des cerfs, poursuivis par une meute de chiens, dans un décor rocheux peu amène et de forêt fragile qui s'écroule. Une scène de chasse soigneusement découpée, animée au poil près et réalisée à partir de plusieurs centaines de gravures du 19ème siècle. Ce 35 millimètres précieux aura nécessité un boulot de titan, qui a pris des jours, des nuits de détourage fin au scalpel numérique. Quand Vergin Keaton autrement appelée Violaine Tatéossian (notamment par ses parents), s'est penchée sur son film d'animation, elle ne savait pas si techniquement il serait réalisable. D'ailleurs, en réponse à sa demande de subvention, le très sérieux centre cinématographique national (CCN) a déclaré adhérer à l'aspect artistique du projet, mais l'a finalement invalidé parce qu'il l'a jugé, pour résumer, irréalisable d'un point de vue technique. La dessinatrice s'est toutefois lancée dedans, avec le soutien de la Région et de la maison de production 25 films, s'octroyant ainsi l'aide d'une animatrice russe pour les divers aspects techniques. Et quelques mois plus tard, Je criais pour la vie, ou contre elle, un court métrage de moins de dix minutes, est sélectionné à C'est trop court, festival à Nice, en avril, et, faisons rouler les tambours pour la miss Keaton, au Festival international du film d'animation d'Annecy, en juin prochain.

Le cri de la déconstruction

Une citation directe de la version d'Antigone écrite par Henry Bauchau donne son titre au film de Violaine. Dans ce récit philosophique du mythe, l'héroïne tragique fait un rêve dans lequel deux cerfs, correspondant en réalité à ses deux frères, se retournent contre la meute qui les poursuivait. "J'ai un goût fort pour l'histoire de l'art, j'aime l'idée de pouvoir m'inspirer d'œuvres fondatrices, de revenir sans arrêt dessus tout en se les appropriant", raconte Violaine. Le film se déploie sur une musique originale, progressive et saturée à mort, d'une autre talentueuse tête locale, Vale Poher. La collaboration a ainsi abouti à ce film épatant, dont il faut entendre la construction pour en mesurer, lors du visionnage, toute la force. Le paysage s'écroule, les animaux perdent leur robe, Violaine détruit consciencieusement tout ce qu'elle a monté, avec un enthousiasme sublimé par les motifs accélérés de Vale Poher. Il faut souhaiter que le petit bijou soit diffusé bientôt sur les écrans à Lyon, après une tournée dans les festivals, où il devrait détonner, comparé à ce qui se fait aujourd'hui dans le monde du film d'animation.

Bande annonce du film sur www.myspace.com/verginekeaton

Photo : Loll

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