Top départ pour la Fête des Lumières ce mercredi soir à partir de 19 heures à Lyon. Parmi la trentaine de spectacles proposés du 8 au 11 décembre, le tableau "Visions" sera projeté le long de la Saône, sur un immeuble d'habitation quai Romain Rolland. Reportage.
Depuis quelques jours, Lyon Capitale vous fait vivre les coulisses de la Fête des Lumières, au Parc de la Tête d'Or et Place Bellecour. C'est au tour du spectacle Visions, situé au niveau des quais de Saône, d'être mis en lumière.
À partir de 19 heures ce mercredi soir, les étroites rues illuminés de la Presqu'île lyonnaise risquent d'être noires de monde. Pour prendre un peu de hauteur sur ces illuminations, il faudra vous rendre à Fourvière. Pour prendre un peu de recul et avoir une plus ample "Vision(s)", il faudra se rendre côté Saône, sur le quai Romain Rolland. Un tableau fixe lumineux, projeté depuis le quai Saint-Antoine, qui reprendra tous les grands symboles de la colline de Fourvière, réalisés avec une technique de création bien particulière, à base de vitraux grisaillés.
Des premiers spectateurs curieux
Imaginé par deux artistes, le spectacle Visions est unique à Lyon dans sa conception. "Un travail méticuleux surtout effectué en amont" explique Benjamin Nesme, concepteur lumière et vidéo au sein de la société lyonnaise Luminariste, qui a réalisé le projet. Le processus de création démarre à l'été 2021, après avoir remporté l'appel à projet lancé par la Ville de Lyon en mars. "Dans le cahier des charges de la municipalité, nous avions cette contrainte d'une image fixe. Avec la crise sanitaire, l'objectif était de ne pas entasser les gens devant une boucle de projection qui durerait 5, 6 ou 7 minutes" détaille Benjamin.
"Avec la crise sanitaire, l'objectif était de ne pas entasser les gens devant une boucle de projection qui durerait 5, 6 ou 7 minutes",
Benjamin Nesme, qui a imaginé le projet Visions.
L'idée de Benjamin Nesme et son collègue Marc Sicard, à la conception graphique, est alors lumineuse : reprendre les symboles des édifices emblématiques de la colline de Fourvière et les intégrer sur un vitrail grisaillé fixe, projeté sur la façade de l'immeuble quai Romain Rolland.
"Les rues sont pratiquement vides, et on profite des illuminations comme si ça avait déjà démarré",
un Suisse qui passe devant les illuminations par hasard
Un concept plus ou moins compris par les premiers lyonnais, passant par hasard devant les dernières répétitions de la projection lundi 6 décembre. "Il faut s'y prendre à plusieurs fois pour comprendre. Mais effectivement, on arrive à deviner les quelques symboles qui représentent notre colline", observe un passant. Plus loin, devant le palais de Justice, un couple suisse admet "être très heureux de s'être baladé par hasard" ce soir-là. "Les rues sont pratiquement vides et on profite des illuminations comme si ça avait déjà démarré" jubilent-ils. Cependant, l'un d'eux assure qu'ils seront "tout de même dans les rues mercredi pour profiter des spectacles".
©Luminariste - Liste des symboles de la colline de Fourvière, repris dans la fresque proposée quai Romain Rolland, du 8 au 11 décembre
Le processus de création
La démarche créative de Luminariste est simple : prendre un virage contraire aux évolutions technologiques. Les dessins seront alors projetés depuis les machines PIJI, "datant des années 80, et dont l'objectif est de les réutiliser à des fins éco-responsables" confie Benjamin. Les pellicules des quatre PIJI sont alors remplacées par ces vitraux en verre, dans lesquels les figures sont peintes à la main par la société Vitrail Saint-Georges. Elles sont situées quai Saint-Antoine, à plus de 180 mètres du bâtiment qui fait office d'écran.
Les figures isolées sont ensuite assemblées dans un seul et même tableau pour constituer la fresque à l'échelle du bâtiment. Chaque trait de crayon est alors traduit en tracés de lumière exposés sur le tableau monumental. "Les jeux de textures, d'épaisseurs, de couleurs se définissent ensuite", assure Benjamin Nesme, qui a déjà de plus de 40 spectacles lumineux à son actif.
"Nous on part d'un travail analogique, puis on le numérise, puis il redevient analogique avec ces vitraux",
Benjamin Nesme, à l'origine du spectacle Visions.
La technicité mis en oeuvre dans la fresque a également requis "un repérage optique effectué fin septembre sur le bâtiment". Concrètement, "les équipes sont venues avec le matériel de projection et ont calculé les angles et mesures de la fresque", commente Benjamin. Ensuite, le dessin a été découpé sur un logiciel de conception assisté par ordinateur. L'idée est de "tenir compte de l’implantation des projecteurs et d'anticiper les effets d’anamorphoses et d’inversions du sens de l’image".
Ensuite, il suffit de laisser la magie des effets de lumières. Une fois les dessins reproduits sur les vitraux grisaillés de 15 centimètres par 15 centimètres, la projection à l'échelle x100 est impressionnante : 4 vitraux de 15 centimètres intelligemment disposés sur quatre machines PIJI - ancêtre du vidéo projecteur - envoie la fameuse "fresque lumineuse fantasmagorique" sur l'immeuble d'habitation haut de 20 mètres. Et toute l'originalité du projet réside dans ce processus de création, loin des vidéos-projecteurs dont le vidéo-mapping est numérisé. "Nous on part d'un travail analogique, puis on le numérise, puis il redevient analogique avec ces vitraux", déclare Benjamin. "Le vitrail vit seulement grâce à la lumière, et c'est pour cela que l'on utilise cette technique" analyse le technicien.
Un bâtiment bien entouré
Projeté depuis l'autre bord de Saône, quai Saint-Antoine, la lumière viendra s'écraser sur le bâtiment d'habitation, près de 190 mètres plus loin, situé entre le Palais des 24 Colonnes, et la Cathédrale Saint-Jean. "On a fait passer une petite notice dans l'immeuble qui explique que ce serait mieux si les pièces avec des fenêtres donnant sur la Saône étaient éteintes les soirs du 8 au 11 décembre. On verra si c'est respecté, mais de toute façon, ça n'est pas plus gênant que cela" sourit Benjamin Nesme, en prenant des exemples d'appartements allumés.
"Nous avons travaillé avec la Région, les projecteurs [de Fourvière, ndlr], qui éclairent Lyon depuis quelques jours seront immobiles tous les soirs, pendant la Fêtes des Lumières",
Benjamin Nesme, concepteur lumière chez Luminariste
À droite de la fresque, le Palais de Justice sera également partiellement éclairé. "L'idée pour les 24 Colonnes, comme pour la cathédrale, c'est de mettre en valeur notre travail. Il n'y aura pas de projection mais seulement quelques projecteurs bien placés qui ne placeront pas notre fresque lumineuse dans un noir total autour" détaille Benjamin. Quant à Fourvière, "nous avons travaillé avec la Région, les projecteurs qui éclairent Lyon depuis quelques jours, seront immobiles tous les soirs, pendant la Fêtes des Lumières" pour ne pas perturber l'oeil du spectateur.
Apprécier les détails, ou prendre du recul
La fresque au style symboliste peut alors paraître très chargée au premier coup d'oeil. "Alors que je travaille depuis des mois sur le projet, il m'arrive encore de voir ici ou là des détails de la fresque nouveaux. C'est aussi ce qui fait sa force" se réjouit Benjamin. Les spectateurs qui s'approcheront de la fresque pourront admirer chaque détail de ce style fantasmagorique, tandis que les plus éloignés pourront remarquer, dans son ensemble, les symboles cachés - ou non - des édifices de la colline. Ouvrez grand les yeux et partez en voyage dans les collines de Fourvière avec le spectacle Visions, du 8 au 11 décembre sur les quais de Saône à Lyon.
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