Place des Terreaux, Cathédrale Saint-Jean, Bellecour… si la Fête des Lumières transforme les lieux emblématiques de Lyon, elle met également en valeur des lieux plus discrets.
Il y a quelques semaines nous dévoilions le programme de la Fête des Lumières 2019 qui aura lieu du 5 au 8 décembre (voir notre article). Chaque année, cette fête est l’occasion pour les artistes de faire connaitre leur art à travers des œuvres uniques.
Si certains lieux sont emblématiques comme Terreaux ou Bellecour, d’autres savent également tirer leur épingle du jeu, à l’image des Musées Gadagne qui accueillent une œuvre pour la 4e année consécutive. Des artistes ont cherché à créer du liant entre les œuvres, incitant à ouvrir grand les yeux, même en dehors du traditionnel parcours. Au détour d’une rue, sur une petite place, le visiteur découvre une facette plus intimiste de la Fête des Lumières.
Yann Cucherat, adjoint au Maire délégué au sport et grands évènements, la Fête des Lumière, c'est aussi une programmation particulière avec "des artistes aux profils très différents", qui aborderont des sujets d’actualité comme le rapport de l’homme au monde. Ainsi, cette édition sera placée sous le signe de l’émergence : celle des nouvelles technologies, mais aussi celle de jeunes artistes.
"Héros et Vilains" et "Lumière consciente" : la Colline des Expés laisse la parole aux étudiants
Le quartier de l’Antiquaille accueille ainsi "La colline des Expés", rassemblant les travaux du "Workshop Mapping" et des Grands Ateliers, soit autant d'expériences de jeunes créateurs, comme une porte d'entrée dans la cour des grands.
Emilie Leprêtre est l’une des étudiantes sélectionnées, parmi 10 autres. Tout juste diplômée en Motion Design, elle souhaitait faire partie du projet de la Fête des Lumières pour "faire la transition entre sa vie étudiante et sa nouvelle vie professionnelle".
Son œuvre s’affichera sur la façade du Collège Jean Moulin : une chambre d’enfant, où ce dernier explore un univers dans les tons bleus à l’aide de sa lampe torche. Les ombres d’objets insignifiants du quotidien deviennent des images cauchemardesques : les oiseaux d’un mobile deviennent menaçants, une tour de construction s’effondre libérant un dragon et des fleurs se transforment en plantes carnivores. Durant 1 minute 30, son œuvre questionne la frontière entre le bien et le mal : qui est vraiment le méchant ? Les ombres ou la peur ?
Dans le Jardin André Malraux et sur l’esplanade Saint-Pothin se trouveront les créations d’étudiants d’une soixantaine d’établissements français et européens, spécialisés en art, design et architecture.
Parmi eux, Sofia Hidouche et Tulay Keskin, étudiantes à l’École d’Architecture de Lyon. En collaboration avec les Grands Ateliers, elles ont réalisé "Lumière consciente". Touchées par ceux qui traversent la Méditerranée au péril de leur vie et sensibles au "chez soi", Tulay étant fille d’immigrés, elles ont choisi de rendre hommage aux migrants. Des gilets de sauvetage flottent dans un arbre, chaque gilet étant illuminé de l’intérieur (montrant qu’il y a une vie dans chacun d’entre eux), mais aussi de l’extérieur, illustrant le regard que porte le monde sur ces naufragés.
"Nocturne" : Une balade en forêt dans la cour des Musées Gadagne
Sur les façades de la cour des Musées Gadagne apparaissent les silhouettes mouvantes de cerfs, chouettes et renards, semblant surgir d’une forêt. Julia Dantonnet, diplômée en 2001 de l’école Nationale Supérieure d’Art de Nancy et en 2006 de l’École Nationale Supérieure de Création industrielle de Paris est l’auteur de "Nocturne" (image d'illustration de cet article) : des silhouettes de bois visibles du public forment 7 carrousels, diffusant en continu la déambulation d’animaux de la forêt. Les silhouettes ont été produites à partir de planches de dessins de 2m50 de long, enroulées en cylindre. Une création sonore de Shantidas Riedacker accompagne l’installation. Pour Julia Dantonnet, c’est une "expérimentation sur l’univers de l’ombre qui permet de composer un paysage avec beaucoup d’illusions et de poésie" sur la biodiversité à préserver, expliquant "quand on éteint la lumière, tout disparaît".
"Trapped" : les dangers de l’intelligence artificielle, Place Gabriel Rambaud
Mettant en exergue le rapport de l’homme à la machine, "Trapped" est l’œuvre de Mirage Festival en collaboration avec Encor Studio, collectif venu de Suisse. Place Gabriel Rambaud, un robot industriel, est confiné dans un espace clos : sous un dôme transparent envahi de brume, un bras robotisé est animé comme un animal dans une cage. La machine suivra les ordres des artistes dans les coulisses, qui la feront fonctionner à partir d’action préenregistrées. Mais elle répondra également aux stimulus du public et pourra effectuer des actions sous les ordres de ce dernier.
D’autres œuvres vaudront également le détour : "Tower" de Nicolas Paolozzi sur Bellecour, Carnot et Pradel, "Can you see the light" de Kamel Yahimi Place Saint-Nizier, les "Rêveries lumineuses" mettant à l’honneur le génie créatif de Léonard De Vinci, les "Fabuloscopes" pour les amateurs de contes dans le Palais de Bondy, ou encore "Flower Power" au Temple du Change.