Le programme de la Fête des Lumières - 8 décembre édition 2019 a été dévoilé. Riche, prometteur et particulièrement varié, sur le papier, il a tout pour plaire, tout comme le retour des artistes du Groupe F qui avaient marqué les esprits en 2005 avec leurs flammes aux Terreaux.
Cette Fête des Lumières 2019 du 5 au 8 décembre aura une saveur particulière à plus d'un égard. Il s'agit de la dernière avant les nouvelles élections municipales et métropolitaines, souvent synonyme d'artillerie lourde pour marquer un peu plus les esprits.
C'est surtout la dernière de Jean-François Zurawik, coordinateur général de la Fête des Lumieres qui partira à la retraite après cette édition. En une quinzaine d'années, il est parvenu à faire passer l'événement dans une autre dimension, nourrissant une relation quasi symbiotique avec le maire Gérard Collomb. Si les arbitrages ont parfois été musclés entre les deux, chaque fête a été marquée par l'influence de l'un comme de l'autre, à quelques exceptions près.
La dernière décennie n'aura pas toujours été la plus flamboyante, en grande partie à cause de l'actualité. En 2015, la fête est annulée à cause des attentats du 13 novembre. Les éditions suivantes sont cantonnées à la Presqu'île à l'intérieur d'un périmètre de sécurité. Gérard Collomb devient ministre de l'Intérieur en mai 2017, il le restera jusqu'en octobre 2018, les fêtes sont alors plus intimistes, à la limite de la déclinaison de la biennale d'art contemporain, un risque que Collomb voulait toujours éviter.
Le voilà de retour, entre temps, il a fait monter Yann Cucherat, adjoint aux grands événements qui réussit à s'imposer progressivement. De ce cocktail émerge aujourd'hui l'édition 2019. Sur le papier, le programme avec 65 créations dans 35 lieux a tout pour être l'une des meilleures de la décennie, voire une nouvelle référence.
Fête des Lumières 2019 - Parc de la Tête d'or - Regarde par Groupe F
Les Lyonnais qui ont eu l'honneur de découvrir leur spectacle en 2005 sur la place des Terreaux ont parfois tendance à dire qu'il s'agit de leur meilleur souvenir de la Fête des Lumières. Il y a 14 ans, Groupe F livrait une oeuvre majeure à base de pyrotechnie, tellement saisissante que les spectateurs préféraient rester aux Terreaux plutôt que de quitter la place (ce qui entraîna quelques petits problèmes d’embouteillages). Groupe F est de retour à Lyon, cette fois-ci au Parc de la Tête d'or avec l'oeuvre Regarde, une boucle contemplative de 20 minutes, basée sur le feu, l'air et l'eau. Le parc servira d'écrin à un spectacle vivant où les flammes jaillissent du sol et dansent avec la nature, un nouveau cycle de la vie pour nous inciter à nous recentrer sur le monde qui nous entoure et moins sur nos smartphones. L'oeuvre est très prometteuse et pour Groupe F, "si les gens viennent jusqu'au Parc de la Tête d'or, il faut que cela en vaille la peine". Sur le papier, on aime déjà.
Fête des Lumières - Place Bellecour - Prairie éphémère par Porté par le vent et Tilt
Pas de projection gigantesque place Bellecour, ni d'utilisation de la grande roue comme support. Prairie éphémère est une balade dans une nature en lévitation, sous des herbes géantes de quatre mètres, tandis que des poissons volants flotteront à quarante mètres au-dessus des visiteurs. Une respiration et une ode au calme qui devraient être bienvenues.
Terreaux avait été la grande absente de 2018 à cause des travaux, confirmant les craintes : sans cette place, la fête n'a pas la même saveur. Pour marquer le retour de Terreaux avec honneurs, la ville fait appel au talent des Allumeurs d'images dont les œuvres sont toujours des réussites. Une toute petite histoire de lumière sera une projection colossale pour rendre hommage à tous ces hommes et femmes qui font rêver chaque année les visiteurs de la Fête des Lumières. Un petit grain de sable va tenter de gripper la machine, mais la magie prendra le dessus.
Fête des Lumières 2019 - Cathédrale Saint-Jean - Genesis par Théoriz
C'est souvent à Saint-Jean que l'on sait si la Fête des Lumières va marquer les mémoires ou non. Théoriz a la lourde tâche de sublimer le monument sans tomber dans les habituels clichés des "bâtisseurs de cathédrale". Genesis n'est pas une ode à Phil Collins, mais un formidable voyage dans le temps, de la création des étoiles à nos jours.
Sur l'un des "écrans" les plus grands du monde, composés de la Cathédrale Saint-Jean, les berges de Saône, le palais de Justice et la Basilique de Fourvière, Cozten va déployer des géants cueilleurs de nuages. L'oeuvre souhaite faire réfléchir sur la question de l'eau, avec une fable environnementale.
D'autres géants seront présents sur les rives de Saône. Pont Bonaparte, les Colosses de Vincent Loubert sont une allégorie d'une nature qui reprend ses droits où seuls des êtres extraordinaires peuvent encore soutenir un pont menacé par la montée des eaux.
En haut des quais, les marionnettes de la parade Dundu animeront un cortège musical et lumineux, au rythme des percussions.
On tient peut-être l'un des favoris du public en 2019 avec Une rivière de lumières, mais tout le monde n'aura pas le droit d'assister à ce moment unique. Le 8 décembre, à 19 heures, 20 000 petits bateaux lumineux, chargés des messages des Lyonnais, descendront la Saône entre les passerelles Saint-Vincent et Saint-Georges. Entièrement recyclables, ils seront ensuite tous récupérés. La magie a cependant une condition pour opérer : il faudra que la Saône ne soit pas en crue et que les conditions météorologiques soient bonnes.
Sur la façade de la gare Saint-Paul Daydreams de Flshka design proposera une illumination avec un nouveau dispositif qui permettra de dégager la vue. Cette "tour" reste encore secrète, mais la ville promet des surprises avec cette oeuvre sur notre rapport à la technologie.
Place des Célestins accueille Lightning cloud par la direction de l'éclairage urbain de la ville de Lyon, un nuage de lumière avec des "particules de lumière en suspension". Très prometteur sur le papier, on a hâte de voir le résultat qui pourrait être magnifique. Attention à ne pas décevoir.
Place Sathonay, les recherches les plus fréquentes sur Google vont se transformer en signaux sonores et lumineux avec The Great indecision council. Une oeuvre sur "Les incohérences entre ce qu'on peut dire et les recherches que l'ont fait dans l'intimité de nos smartphones".
Dans la cour de l'Hôtel de Ville : Théâtr'eaux s'inspire de la cité d'Ys, une Atlantide bretonne qui aurait été submergée par les eaux. A cette occasion, la façade de l'Opéra dans l'axe de la cour participera à la fête.
Dans le Grand Hôtel Dieu, on pourrait croire à des sabres lasers tout droit sortis de Star Wars. Coda va mélanger de la brume artificielle et des barres de lumière actionnées par des bras mécaniques.
Comme toujours, la place des Jacobins sera au rendez-vous. Wasserleuchten de Ralf Lottig va mêler plusieurs technologies : lasers, brume (et oui, là aussi), vent, pluie, pour une oeuvre sous le signe de l'eau.
Place Antonin Poncet, l'oeuvre prévue aux Terreaux en 2018, sera enfin montrée. Pavillon est un filet de lumière. Là encore un moment contemplatif sous lequel pourront passer les visiteurs.
Faites vos jeux, place du Griffon, une oeuvre sur l'appât du gain et l'absence de règle.
L'artiste Émilien Guesnard est un éclairagiste de concert qui s'occupe d'une salle lyonnaise. Avec Order200 il part à la conquête d'une nouvelle scène urbaine dans la cour des moirages. Un tableau annoncé comme hypnotisant est composé de croisement de lignes de point lumineux qui se reflètent dans la brume (la grande star cette année !).
Microcosmos, rue Carnot, une oeuvre sur l'infiniment petit où l'immensité des étoiles se retrouve dans les détails des cellules du corps humain.